Starlink en Somalie : les ambitions d’un accès généralisé à Internet
mercredi 6 août 2025
La société a obtenu l’autorisation d’opérer en Somalie en avril 2025. Elle arrive sur un marché dominé par des opérateurs comme Hormuud Telecom, dans un pays où seulement 27,6 % de la population utilise Internet, selon l’UIT.
Le fournisseur américain de services Internet par satellite Starlink a annoncé le mardi 5 août que ses services sont désormais disponibles en Somalie. Le gouvernement somalien voit dans cette technologie une opportunité d’élargir l’accès à Internet sur l’ensemble du territoire, en complément des opérateurs déjà présents sur le marché.
« Nous nous félicitons de l’arrivée de Starlink dans notre pays. Cette étape s’aligne sur la vision à long terme du gouvernement, qui est de fournir à tous les Somaliens, où qu’ils se trouvent, un service Internet accessible et abordable », déclarait Mohamed Adan Maalim, ministre des Communications et de la Technologie, en avril dernier lors de l’attribution de la licence à l’entreprise d’Elon Musk.
Starlink fournit ses services via une constellation d’un peu plus de 8000 satellites en orbite basse (LEO). Cette technologie satellitaire est reconnue pour sa capacité à connecter des zones reculées, difficiles d’accès ou jugées peu rentables pour les réseaux terrestres des opérateurs traditionnels.
En Somalie, où l’infrastructure télécoms reste inégalement répartie, cette solution suscite de grands espoirs. En 2023, les réseaux haut débit 4G et 5G couvraient respectivement 50 % et 10 % de la population, selon les données de l’Union internationale des télécommunications (UIT). Les technologies 2G et 3G atteignaient 90 % et 80 %. Pourtant, 72,4 % des Somaliens n’utilisaient toujours pas Internet.
Au-delà de la couverture réseau
Il convient toutefois de rappeler que l’avènement de Starlink en Somalie ne règle que le problème de la couverture réseau. L’adoption généralisée de l’Internet visée par le gouvernement dépendra de plusieurs autres facteurs, dont le coût du service.
Pour y accéder, les usagers doivent s’acquitter d’un abonnement mensuel de 70 dollars, soit l’offre résidentielle la plus élevée en Afrique, où les tarifs varient en moyenne entre 30 et 50 dollars. Ce montant représente environ 53 % du revenu national brut mensuel par habitant, estimé à 132,5 dollars en 2024 selon la Banque mondiale. Un niveau bien au-dessus du seuil d’abordabilité recommandé par l’UIT qui préconise que les services Internet ne dépassent pas 2 % du revenu mensuel. À cela s’ajoute le coût du matériel, qui oscille entre 200 et 390 dollars selon le modèle choisi.
Par ailleurs, l’adoption et l’utilisation d’Internet dépendent aussi de la possession d’appareils compatibles (smartphones, ordinateurs), de la maîtrise des compétences numériques de base, de la sensibilisation à l’utilité d’Internet, ainsi que de la disponibilité de contenus pertinents en langues locales, entre autres.
Isaac K. Kassouwi
(Source : Agence Ecofin, 6 août 2025)