Sonatel - Vente d’actions : L’Etat encaisse 200 milliards, France Télécom aux commandes
jeudi 9 avril 2009
L’Etat du Sénégal et France Telecom ont signé, avant-hier mardi, un protocole d’accord qui cède 9,87% des actions détenues par l’Etat à la Société nationale des télécommunications (Sonatel). France Telecom passera ainsi de 42,3% à 52,2% du capital de la Sonatel, alors que l’Etat du Sénégal sera le deuxième actionnaire de la Sonatel avec 17,28% du capital. Mais, l’Intersyndicale de la Sonatel ne compte pas rester les bras croisés face à ce qu’elle assimile à de la « forfaiture ».
France Télécom a annoncé la prise de contrôle de l’opérateur sénégalais Sonatel pour 209 millions d’euros dans le cadre de sa stratégie de développement sur les marchés émergents à forte croissance. L’opérateur français de préciser, qu’il portera sa participation dans Sonatel de 42,3% à 52,2%, à la faveur d’un désengagement partiel de l’Etat sénégalais qui restera le deuxième actionnaire de l’opérateur avec 17,28% du capital. Si les « actions flottantes » constituent entre 25 et 26% du capital, le personnel a, lui, droit à près de 5%. France Télécom rachète ainsi 987.000 actions de l’Etat sénégalais à 156.273 francs Cfa (238 euros), avant distribution de dividendes et distribution exceptionnelle de 76 millions d’euros, soit une prime de 32% comparé au cours de clôture de mardi. Au total donc, l’Etat du Sénégal va pouvoir mettre dans ses caisses 200 milliards de francs Cfa. « Pour France Télécom, l’acquisition représenterait une sortie de cash de 209 millions d’euros (130 milliards Fcfa environ), sur la base d’un prix par action après distribution de dividendes et distribution exceptionnelle », ajoute le groupe. Le titre Sonatel a clôturé en baisse de 2,54% à 114.995 francs Cfa hier. Cette transaction, qui devrait être effective d’ici la fin du premier semestre, intervient quelques jours après la décision d’une cour d’arbitrage internationale devant permettre à France Télécom de prendre le contrôle total de la holding égyptienne Mobinil, maison-mère de l’opérateur mobile Ecms.
Papa Souleymane Kandji
(Source : L’Observateur, 9 avril 2009)
L’Intersyndicale sur le pied de guerre
Dans le contexte présent marqué par des difficultés financières tous azimuts auxquelles fait face le gouvernement, il s’agit sans doute d’une bonne bouffée d’oxygène. Mais l’on interroge beaucoup dans les milieux financiers sur l’intérêt de l’opération. L’action, affirme-t-on, aurait facilement pu être cédée, à 200 mille francs Cfa, surtout que c’est France Télécom qui a intérêt à acheter pour conforter sa position de leader au sein de la Sonatel. Face à ce qu’elle appelle une « énième forfaiture », l’Intersyndicale des travailleurs de la Sonatel, qui s’est réunie hier, compte faire barrage à ce qu’elle assimile à une « entreprise de bradage » de l’entreprise. Un plan de lutte a déjà été esquissé. Et il est prévu le dépôt d’un préavis de grève, des journées « Sonatel morte » pour paralyser la société, des briefings de chefs religieux, de leaders politiques et de membres de la société civile, ainsi que la saisine des institutions comme l’Assemblée nationale et la Médiature.