SONATEL, pour l’application de la retraite à 60 ans : L’Intersyndicale brandit un préavis de grève
mercredi 29 décembre 2004
Les travailleurs de la Sonatel nés en 1949 ont été surpris de voir que l’heure de la retraite avait sonné pour eux. Sur décision du directeur général. Du coup, les résultats obtenus lors des négociations tripartites entre gouvernement, patronat et syndicat n’ont eu aucun effet. Outrés, les travailleurs menacent d’aller en grève.
L’Intersyndicale des travailleurs de la Sonatel menace d’aller en grève, si leur directeur général Cheikh Tidiane Mbaye ne revient pas sur sa décision de faire partir en retraite les natifs de 1949 et 1950. Et sur cinquante agents qui devaient aller à la retraite au 31 décembre prochain, trente-cinq ont été déjà « libérés » à la date de leurs anniversaires. Alors l’Intersyndicale annonce un préavis de grève, à déposer à l’issu de l’élaboration de leur deuxième plan d’action pour la satisfaction de leurs revendications.
Il s’agit pour les syndicalistes d’obtenir la prolongation d’activités pour les natifs de 1949 et de 1950 jusqu’à la date de signature de l’accord national, à défaut d’une application des accords internes et de branches sur la retraite progressive. Mais aussi, la reprise des négociations sans délai sur les questions en suspens telles que le recrutement des intérimaires, la négociation des accords collectifs de groupe. En effet, explique Madou Kane de l’Intersyndicale de la Sonatel qui tenait hier un point de presse, sur convocation de la direction du Travail et de la Sécurité sociale, les réunions de conciliation portant sur la retraite à 60 ans ont abouti sur un compromis. « Nous avons obtenu un gel des départs pour les travailleurs nés après le 13 octobre 1949 par une prolongation d’activités jusqu’au 31 décembre 2004, en attendant la conclusion des travaux de la commission nationale à laquelle le ministre Yéro Dé avait fixé la date du 30 novembre 2004. » S’y ajoute « le départ effectif des travailleurs nés avant le 13 octobre 1949 avec une solution d’indemnisation fixée à trente-quatre actions soit huit cents millions de francs Cfa », insiste M. Kane.
Ainsi, comme il l’indique, avant la signature du procès-verbal de conciliation dans le bureau du directeur des ressources humaines, les parties se sont engagées à se rencontrer pour examiner à nouveau le renouvellement de la prolongation d’activités pour les natifs d’octobre 1949 et les natifs de 1950, au cas où l’accord national ne serait pas signé avant le 31 décembre 2004. « Ce qui n’est pas hélas le cas présentement à moins de trois jours de la fin de l’année », se désole M. Kane.
Selon lui, cet obstacle résulte de « l’inefficacité des centrales syndicales et du ministère de la Fonction publique, du Travail, de l’Emploi et des Organisations professionnelles ». A son avis les responsables syndicaux, ont « une lourde responsabilité devant les travailleurs du secteur privé en levant le mot d’ordre de grève décidé par le Front unitaire des centrales syndicales au mois de janvier » puisqu’ils ont encouragé « le dilatoire patronal et ont sacrifié les natifs de 1949 ». Par ailleurs, il indique que le ministère, à trois reprises (juin, août et avant le 15 décembre 2004) a pris des engagements de finalisation de l’accord non encore respecté jusqu’à ce jour. Mais pour les syndicalistes, l’attitude « irresponsable » de la direction générale, à travers « les déclarations du directeur général de la Sonatel et les hésitations de son directeur des ressources humaines, qui cherche à remettre en cause le compromis interne matérialisé par le procès-verbal de conciliation », n’est pas sans rendre les choses plus difficiles. Seulement pour l’Intersyndicale, M. Mbaye ne peut pas « continuer à se rebeller contre la volonté du président de la République et celle exprimée dans les accords de la Sonatel et de la branche professionnelle des télécommunications et des Tic, en se réfugiant derrière des arguments fallacieux tels que la solidarité patronale avec le Cnes ou le Cnp, l’incompatibilité de la mesure d’allongement de l’âge de la retraite avec le secteur des Tic et les télécoms ». Sur les onze points qui fi-gurent sur la plate-forme revendicative de l’Intersyndicale de la Sonatel, les négociations avec la direction générale n’ont abouti que sur trois points d’accord. Il s’agit entre autres d’une augmentation de 10 % du salaire de base catégoriel et une revalorisation de certaines primes à compter du 1er janvier 2005 pour l’ensemble du personnel du groupe Sonatel. Mais aussi une augmentation du prêt de véhicule des cadres et des chefs de service. A noter aussi l’application des accords collectifs de Sonatel S.a du 14 octobre 1990 à Sonatel Multimédia et la revue à la baisse du management fee de France Telecom suite à « notre mobilisation et la fermeté des administrateurs de l’Etat au Conseil d’administration de la Sonatel ».
Fatou FAYE
(Source : Le Quotidien, 29 décembre 2004)