Sommet de l’information : Avec l’absence annoncée des Usa, du Canada et du Japon
mardi 18 novembre 2003
Quelque 56 chefs d’Etat ou de Gouvernement ont annoncé leur participation à la première phase du Sommet mondial sur la Société de l’information (Smsi) qui va se dérouler à Genève du 10 au 12 décembre 2003 et auquel se rendront également plus de 6 000 délégués représentant des gouvernements, des organisations intergouvernementales, la société civile, le secteur privé et les médias. Le Sommet, dont la deuxième phase est prévue à Tunis en 2005, devrait déboucher sur une Déclaration de principes pour la société de l’information et un Plan d’action visant à mettre les technologies de l’information et de la communication au service du développement social et économique des populations de toutes les parties du monde avec le principe de la ’’solidarité numérique’’ émise par le chef de l’Etat Sénégalais, Me Abdoulaye Wade et défendu depuis par la quasi-totalité des participants.
"L’engagement d’un si grand nombre de chefs d’Etat est extrêmement important car le Smsi sera la toute première occasion de se connecter, dans un forum mondial et au niveau politique le plus élevé, aux problèmes que va poser la société de l’information’’, a indiqué le secrétaire général de l’Union International des Télécommunications (Uit), Yoshio Utsumi.
Malgré l’essor exponentiel des Technologies de l’Information et de la Communication (Tic) qui sont porteuses de multiples bienfaits, notamment sur le plan de la création d’emplois et de la création de richesses, M. Utsumi a soulevé les ’’inquiétudes légitimes’’ relatives à l’accès démocratique de ces nouveaux supports mais aussi à la préservation des libertés fondamentales et du respect des Droits de l’homme, de la sécurité et de la confidentialité des informations.
Le Sommet mondial devrait ainsi traiter de certaines de ces préoccupations, et les parties prenantes définiront ensemble une vision commune des moyens de tirer partie des possibilités tout en traitant les problèmes de la société de l’information. « Alors que les technologies de l’information et de la communication revêtent une importance croissante dans tous les aspects de notre vie, il est tout aussi important de faire en sorte que personne ne soit oublié », a ajouté le responsable de l’Uit. Le projet de Plan d’action du Sommet propose un engagement de connecter tous les villages du monde et de les doter de moyens TIC d’ici 2015, et de connecter au moins la moitié des habitants de la planète à cet horizon.
En effet, le gap numérique entre pays développés et pays pauvres se traduit par l’inégalité des données publiées par les organisations internationales relevant que 20 % de la population mondiale accaparent 93 % d’accès à l’Internet et que 20 % des plus pauvres qui se recrutent essentiellement en Afrique subsaharienne ne détiennent à peine que 0,2 % d’accès à l’Internet n’invite guère à l’optimisme et à l’érection d’une véritable société de l’information. Le tableau offert par les pays d’Afrique subsaharienne qui comptent moins de lignes téléphoniques que la seule ville de Tokyo au Japon est peu reluisant pour le Sud car ne disposant que de 0,2 pour cent d’accès à l’Internet. Ceci au moment où certains objectifs du plan d’action de ce sommet prévoient de raccorder tous les villages du monde et de permettre à 90 pour cent de la population mondiale d’accéder au réseau hertzien.
Seront également soulevés d’autres points encore très sensibles qui n’avaient pas encore trouvé une issue consensuelle lors des différentes réunions préparatoires comme la mise sur pied d’un Fonds de solidarité numérique ou encore les préoccupations de la société civile invitant les gouvernements à inclure certaines priorités comme le développement et la justice pour les pays du sud, les droits de l’homme, l’éducation, le secteur public et une Gouvernance démocratique et transparente de l’internet dans la Déclaration de principes. Le prochain sommet risque cependant de souffrir de l’absence des principaux dirigeants des Etats-Unis, du Canada, du Japon qui n’ont pas encore manifesté le besoin de participation à cette première mondiale.
(Source : Wal Fadjri 18 novembre 2003)