Sénégal : Qui sera le 3e opérateur : MTN, Celtel, Maroc Telecom, Moov, Binladen Group, China Mobile ? L’ARTP vient de lancer le processus d’attribution
lundi 20 août 2007
Depuis le temps que l’on en parlait ... Certains avaient fini par désespérer ou ne plus y croire ! Ou bien est ce que celà va aboutir à quelque chose... Ce coup ci certains affirment que ce sera le bon. En effet, depuis le Sommet mondial sur la Société de l’information qui s’est tenu à Tunis en novembre 2005, les autorités sénégalaises avaient renouvelé leur volonté d’attribuer une nouvelle licence globale de télécommunications portant à 3 le nombre de compétiteurs au Sénégal.
Cette annonce avait subitement débusqué l’ensemble des opérateurs prêts à bondir sur le marché Sénégalais. Bien que redouté du fait de la présence de SONATEL mais aussi du dynamisme retrouvé d’un opérateur low cost tel que Sentel, le marché sénégalais ne représente pas moins d’une aubaine pour beaucoup d’opérateurs qui, ne rêvant pas d’être leader se positionneraient bien en 2ième ou en 3ième position sur ce marché.
Quelle logique pour l’Etat ? Purement budgétivore, affairiste, claniste ou bien partisane consistant à vouloir affaiblir la situation des opérateurs déjà présents sur ce marché au profit d’un groupe déjà retenu. Ou est ce réellement une volonté de faire baisser les prix et d’améliorer la qualité de service qui selon beaucoup laisse encore à désirer. La manière de cette introduction reste encore cavaleresque de la part de l’autorité qui n’a pas besoin de sanctionner le jour et de lancer dans la nuit une attribution dans la foulée, d’un opérateur miracle capable de régler les problèmes du marché des télécoms au Sénégal comme si problème il y avait réellement à ce niveau. reste à espérer que les sanctions vont inspirer les autres régulateurs pour les autres marchés notamment l’électricité...
S’il y a bien un marché performant au Sénégal c’est bien celui des télécommunications. S’il y a bien un opérateur économique performant c’est bien la Sonatel. Pour preuve, elle est depuis l’ouverture de la BRVM la société la plus performante ... Comment lire le signal qui est donné en faisant suivre la récente sanction prononcée contre Sonatel de la publication de la décision relative à l’attribution de la 3ième licence. Il n’y a guère de place au doute pour ne pas penser qu’il s’agit là, d’une sanction supplémentaire accompagnée d’un message disant : vous avez failli on cherche quelqu’un d’autre !
Mais c’est aussi à double tranchant comme me le faisait remarquer un passager du même bus ce matin. A tel signal risque de dissuader les potentiels opérateurs qui du coup seraient sous le coup de sanctions à base de milliards. Qui a faim à ce point pour prononcer des montants aussi disproportionnés ! Vous saviez qu’ailleurs on ne prononce pas de sanctions car on estime que l’opérateur perd à chaque seconde, chaque minutes ou chaque heure que son réseau est en panne !
Quelle logique dans cet attitude à vouloir sanctionner le leader des télécommunications en Afrique de l’ouest ? Ce qui est dangereux avec ces messages actuellement véhiculés en terme de recherche d’un autre opérateur et de sanction contre SONATEL : c’est de dire aux Etats où SONATEL / Orange voudrait venir en tant qu’opérateur international, attention, cet opérateur est incapable d’assurer une bonne qualité de service chez lui alors est ce que vous allez lui faire confiance ? Est ce réellement ce que l’on veut ? On ne saurait mieux s’y prendre si telle était la volonté primaire en tout cas !
Est ce que l’on a compris au Sénégal le sens du mot : globalisation ou mondialisation. La décision prise à la légère par ici à des répercussions insoupçonnées pour tous ceux qui compromettent ainsi les chances d’un opérateur de classe mondiale sur le plan africain. Imaginez un instant les américains sanctionnant une entreprise considérée comme « ambassadeur » tellement elle a des points de présence à l’extérieur. Coca cola sanctionnée et mise hors consommation sur ses terres que feront les autres alors...
Mais attention, SONATEL est loin d’avoir failli ! Cette boite est une championne pour le Sénégal qui gagne ! Elle est la seule actuellement qui représente ce slogan si cher aux yeux du Président de la République. Mais Mr le Président où êtes vous ? Pourquoi laisser cogner sur la SONATEL ? On ne doit pas en faire les ICS, la SENELEC, la LONASE ou je ne sais quel autre noms sur la longue liste d’entreprise fantômes du Sénégal ! Est ce le début de la fin ? Non mais il faut tirer les sonnettes d’alarmes.
Il suffit d’interroger objectivement n’importe quel sénégalais pour lui demander citer moi 2 entreprise les plus performantes au Sénégal vous verrez il n’en citera qu’un : SONATEL ! A la place de satisfécits ou d’encouragements voici le message que l’on envoie à des employés exemplaires, à des managers hors pairs, à l’entreprise la plus engagée, la plus vertueuse du Sénégal !
Voilà ce que l’on entend aujourd’hui : SONATEL est sanctionnée car personne n’est content de ses bénéfices délirants, de sa qualité de réseau, on les sanctionne car certains veulent affirmer leur autorité (ce qui serait un complexe d’autorité de leur part alors ) ou bien on les sanctionne pour se prémunir des enquêtes en cours ou pour garder une place de place en ces temps de changements de DG ... mais est ce une garantie suffisante !
Pas un seul ndéysane depuis ces histoires ! C’est à croire finalement que tout le monde se dit c’est bien fait ! Mais dans ce cas qu’est ce que l’on veut réellement ? Etre émergent, se développer ou trainer des canards boiteux où chaque année on injecte des milliards pour les voir acheter des 4x4 aux cadres et distribuer des berlines et des marchés aux copains, question de choix ...
A la date d’aujourd’hui en dehors des chinois de China Telecom qui avaient renoncés à l’achat jugé trop onéreux de Millicom/Sentel, plusieurs investisseurs potentiels ont déjà manifesté leur souhait de devenir cet opérateur tant attendu voire considéré comme un messie pouvant résoudre les problèmes de tarifs et de qualité de service. Alors qui pourra dire de suite si c’est Maroc Telecom, longtemps donné comme favori, et qui reste toujours dans le trio de tête ou Celtel qui à l’époque bataillait ferme avec Sentel pour être le second opérateur, ou encore BinLaden Group, le dernier à annoncer ses intentions, qui sera l’heureux élu ? Un heureux qui sera vite confronté à un combat titanesque face à des compétiteurs nourris au biberon de la concurrence depuis des années déjà ! Qui pour faire du fixe ? qui pour relever le défi du Service Universel, non ! Il ne s’agit pas de venir écrémer le haut du marché et s’installer dans la capitale non ! Ce n’est pas celà opérer...
Qui pour booster le marché des télécommunications en pariant sur l’innovation technologique, des contenus nouveaux, des tarifs préférentiels et le punch nécessaire pour essayer de récupérer des clients Orange ou Tigo ? Ce qui est sûr c’est que MTN n’a pas dit son dernier mot de même que des outsiders tels que Moov, Global Com présent au Nigéria et qui vient juste d’acquérir une licence au Bénin.
Ce qui est sûr c’est que la compétition vient de s’ouvrir réellement ! Qui que cela puisse être, il aura en face de lui un opérateur affuté et longtemps préparé à cette échéance. Voilà des combats qui promettent en terme propositions, de maintien des clients devenus exigeants et souhaitant dépenser le moins possible.
Qui osera défier SONATEL sur ses terres ?
Voici la véritable question à poser ? Qui sera assez fou pour investir dans un pays où le marché est déjà écrémé ? Qui se mettra en entre le marteau et l’enclume pour espérer recueillir quelques clients laissés en rade par deux opérateurs qui bataillent déjà ferme. Ceux qui croient venir en espérant que le problème de la qualité de service va perdurer se tromperont amèrement d’ici quelques mois tout au plus ? Qu’en sera t-il si d’ici quelques semaine ou d’ici la fin de l’année avant même le déploiement de ce futur opérateur, si Sonatel règle ses problème de QoS et quid si Sonatel s’aligne sur le plan tarifaire de ce futur concurrent ou que Tigo lui mène la vie dure pour le low price et la plèbe ?
D’aucuns diraient qu’il y a de meilleurs marchés avec moins de pressions financières car l’Etat espère réaliser un gros coup, et le marché trop est déjà restreint avec un des meilleurs taux de pénétration de la téléphonie en Afrique.
Toujours est t’-il qu’une ère nouvelle s’ouvre sur le marché des télécommunications au Sénégal à la suite de la libéralisation. La compétition sur tous les segments, une compétition de tous les jours, une compétition dans le service à rendre aux clients, une compétition nécessitant une nouvelle approche client apparait. Cette compétition demandera une entreprise hautement compétitive, sachant être just in time dans offres et ultra réactive pour répliquer les offres win back ou les offres prédatrices de ses concurrents. A moins qu’il n’y ait rapidement un mariage à 3 comme ce fut el cas en France avec le Yalta des télécommunications ! Mis à part ce scénario observé dans quelques pays africains sur le plan concurrentiel, nul doute que ce sera pour le bénéfice du client sénégalais s’il n’y a pas erreur de casting !
Pour le moment l’artp (le régulateur) annonce qu’il procèdera soit à une adjudication de la licence à l’opérateur ayant déposé la meilleure proposition (qu’est ce que celà veut dire en clair ? dans quelles conditions ? avec quelles garanties de transparence, à quel prix ? avec quel cahier des charges ? et avec quels obligations... autant de questions à poser mais des réponses surtout à apporter car cet opérateur sera présent pour des décennies au Sénégal, il en va de l’intérêt de tous les sénégalais que ce choix ne soit pas fait à la légère ou de manière à compromettre ce pourquoi on est en droit d’attendre légitiment l’arrivée d’un 3ième opérateur global opérant sur le fixe et le mobile) soit un autre tour...
Une chose est sûre : il va y avoir du sport chez les opérateurs sénégalais ! Wait and see...
Mariane Tall
mariametall@hotmail.fr
(Source : http://regulation-afrique.blogspot.com/, 20 août 2007)