Spécialisé dans les logiciels informatiques, le groupe sénégalais a su diversifier ses activités et s’imposer auprès des entreprises de la sous-région.
Créé en 1994 par Meissa Déguéné Ngom, Chaka est l’un des fleurons sénégalais des nouvelles technologies. Outre Chaka Computer, son activité historique spécialisée dans les logiciels de services vocaux et de gestion, il a su, au fil des ans, se lancer de nouveaux défis. Relevés haut la main ? : les centres d’appels Call Me sont implantés dans sept pays d’Afrique de l’Ouest (Côte d’Ivoire, Guinée, Mali, Cameroun, Mauritanie, Bénin et Sénégal), tandis que le système de transfert d’argent Money Express en touche une quarantaine à travers le monde.
Aujourd’hui, avec 600 employés dont une trentaine d’ingénieurs, Chaka est donc une entreprise qui compte. Ses logiciels équipent la plupart des grandes sociétés de la sous-région ? : Sonatel, SGBS, Asecna, Senelec ou encore Caisse d’Épargne en Côte d’Ivoire. Si Vocalia, le service de consultation de compte par téléphone développé pour la banque SGBS au début de l’aventure, a assis la réputation de Chaka, son gros coup reste cependant Sonatel ? : en 1996, il se paie le luxe de remporter un appel d’offres de la firme de télécoms face aux géants mondiaux Alcatel-Lucent et Siemens.
Un échec et des succès
Malgré les apparences, les entreprises du groupe n’ont pas toujours été couronnées de succès. En 2002, la filiale Chaka Systems, destinée à fournir, outre des logiciels, du matériel informatique, boit la tasse et ferme. « Je ne suis pas un bon commerçant », s’expliquera Meissa Ngom. Heureusement, la même année, Call Me et Money Express redressent la barre.
Le centre d’appels a été lancé à Dakar pour répondre aux besoins du deuxième opérateur téléphonique sénégalais, Tigo. Il possède maintenant 800 positions potentielles. Money Express est également une réussite ? : en 2010, soit huit ans après sa création, 1,6 million de transactions ont été effectuées, pour un volume de 315 millions d’euros (+ 31 % par rapport à 2009).
« Nous proposons de transférer de l’argent liquide sur des comptes en banque, ce qui n’était pas possible avec Western Union ou MoneyGram », explique le PDG. Pas de boutiques donc, mais des opérations effectuées par le réseau bancaire existant ou internet, et facturées de 4 % à 5 % pour 100 euros (contre 15 % chez Western Union). L’idée a rapidement séduit les banques locales - qui y voient un moyen d’attirer de nouveaux clients - et répond à la volonté de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) de lutter contre le transfert informel. Prochain défi ?? Le mobile banking qui doit, selon Meissa Ngom, « être simple d’utilisation et adapté aux réalités sénégalaises ».
Avec une croissance annuelle de 20 %, le groupe Chaka a de beaux jours devant lui. Un groupe qui n’en est d’ailleurs pas vraiment un, chaque société étant indépendante. Ce choix, stratégique au départ « pour ne pas impacter l’ensemble des entités en cas d’échec de l’une d’elles », a trouvé ses limites. Le patron envisagerait ainsi la constitution d’un holding, afin de consolider ses résultats.
Michael Pauron
(Source : Jeune Afrique, 14 juin 2011)