Quand la radiotélévision sénégalaise devient une agence de vulgarisation pour un président, pour un parti politique, s’informer n’est plus la réduction progressive de l’ignorance. Le comportement des araignées de la Rts vous en dira plus. Pourquoi “araignée” ? Parce qu’elle symbolise le piège, l’enfermement, la phobie, la fragilité, les apparences trompeuses, l’ambition démesurée, l’introversion et le narcissisme.
Araignée parce que la Rts, comme dans Harry Potter et dans la psychanalyse, symbolise la maternité dévorante, la mère castratrice ou cannibale et enfin le mythe du vampire qui n’a foi en rien. Je comprends maintenant pourquoi on ne veut pas donner à n’importe qui cet outil qui est ce rectangle magique qui nous tient compagnie pour nous instruire et nous détruire. Le petit écran devait être une alternative au service du développement et de la démocratie et telle était la décision prise par les ministres de l’Oua et réitérée quelque part en Afrique australe au pays du roi swazi, King Mswati.
Comme le Sénégal est un pays qui ratifie toutes les conventions, notre ministre de la Communication, je ne suis pas sûr (je fais comme les journalistes de mon pays, on ne vérifie pas l’information) a apposé sa signature. L’application de cette convention est loin de la réalité de nos jours.
L’article 10 de la Constitution de l’an 2000 stipule que “chacun a le droit d’exprimer et de diffuser librement ses opinions, par la parole, la plume, l’image, la marche pacifique, pourvu que l’exercice de ces droits ne porte atteinte ni à l’honneur et à la considération d’autrui, ni à l’ordre public”.
Après relecture de cet article, on a envie de traîner la Rts devant la justice. Ah la justice ! Quand les révélations contenues dans le rapport publié par Afrobarometre concluent que les Sénégalais sont convaincus que députés et magistrats sont corrompus, c’est vrai qu’on ne sait plus à quel saint se vouer.
Quand de jeunes journalistes ministrables avec la complicité de leurs chefs sautillent comme des puces pour faire guewêlu dioudu, doungourouisme, suboro comme dirait Kocc Barma ou “you scratch my back and I will scratch yours”, comme dirait Shakespeare, l’image de leur métier, de la démocratie et de la justice en reste on ne peut plus ternie par la cupidité et la soif de pouvoir. Donner la parole aux uns et laisser les autres, c’est faire du nafekh et la Bible et le Coran sont intransigeants là-dessus. Et surtout n’oublier pas qu’on va tous finir à daroul haq.
Ibrahima BOB
bobibrahim@yahoo.com
(Source : Le Quotidien 30 mars 2004)