OSIRIS

Observatoire sur les systèmes d’information, les réseaux et les inforoutes au Sénégal

Show navigation Hide navigation
  • OSIRIS
    • Objectifs
    • Partenaires
  • Ressources
    • Société de l’Information
    • Politique nationale
    • Législation et réglementation
    • Etudes et recherches
    • Points de vue
  • Articles de presse
  • Chiffres clés
    • Le Sénégal numérique
    • Principaux tarifs
    • Principaux indicateurs
  • Opportunités
    • Projets

Accueil > Articles de presse > Archives 1999-2024 > Année 2006 > Janvier > Rose Dieng, un cerveau sans frontières

Rose Dieng, un cerveau sans frontières

jeudi 12 janvier 2006

Distinction/Nomination

Elle porte un bien joli prénom, Rose Dieng. De ceux qui éclairent une vie, la font s’épanouir. La vie, c’est vrai, a souri à la gamine de Dakar, première Africaine reçue à l’X, chef de projet à l’Institut national de recherche en informatique et en automatique (Inria), lauréate 2005 du prix Irène Joliot-Curie décerné par le ministère de la recherche et la Fondation EADS à « la scientifique de l’année ».

Parcours

– 1956 Naissance à Dakar (Sénégal).
– 1976 Reçue à l’Ecole polytechnique.
– 1992 Responsable du projet d’intelligence artificielle Acacia à l’Inria de Sophia-Antipolis (Alpes-Maritimes).
– 2005 Prix Irène Joliot-Curie de la scientifique de l’année.

Des épreuves, elle en a sans doute connu. Des blessures, que l’on devine à un regard parfois rêveur, une question éludée. Elle qui a grandi au Sénégal au milieu de sept frères et soeurs n’a pas d’enfants à qui communiquer son optimisme. De ce qui fait que la vie n’est pas toujours rose, elle préfère ne pas parler. Pudeur, ou coquetterie, comme son hésitation à avouer ses 49 ans, dissimulés derrière un rire et un froncement de nez de petite fille sous une savante coiffure de tresses cuivrées et de mèches permanentées. Elle veut voir, Rose, le bon côté des choses.

« Je crois, dit-elle d’une voix douce, à la force des symboles. » Si elle raconte son histoire, c’est pour « témoigner qu’une femme noire peut s’épanouir dans la recherche scientifique, dans une France terre d’accueil, y assurer des responsabilités et transmettre sa passion à des jeunes, en particulier à des jeunes filles ».

Son parcours, elle le sait, n’est pas commun. Peu d’Africains s’y reconnaîtront. Beaucoup d’immigrés le trouveront décalé. Rose n’a pas la prétention d’être un exemple. Elle pense, simplement, que son itinéraire est porteur de « valeurs qui dépassent la couleur de la peau, la religion ou l’origine sociale », comme « le partage des connaissances, le goût de la découverte, l’ouverture à d’autres cultures, la tolérance ».

Ces valeurs, ce sont celles que lui a inculquées son père, auquel elle dédie le prix Irène Joliot-Curie. « Il venait d’une famille très pauvre, explique-t-elle. Sa mère, analphabète, élevait seule ses deux enfants. L’école était la seule façon de s’en sortir. Il n’a jamais oublié cette leçon. » Il lui enseigne, comme à chacun de ses frères et soeurs, « le sens du travail et de l’effort, l’honnêteté, la loyauté ». Une éducation « sévère » dont elle lui sait gré. Elle se souvient, aussi, de cette pique d’une institutrice à l’école primaire : « Vous, les Africains, êtes moins intelligents que les Blancs. Vous feriez mieux d’écouter ! » Et de sa réaction : « Avec tous mes camarades sénégalais, nous avons travaillé encore plus dur. »

Au lycée Van-Vollenhoven, l’un des plus cotés de Dakar, elle collectionne les prix d’excellence, rafle le 1er prix au concours général en mathématiques, français et latin et le 2e prix en grec, décroche la mention très bien avec félicitations du jury au baccalauréat. Dans un pays dont le président, Léopold Sédar Senghor, fait de la lutte contre l’analphabétisme la clé du développement, elle devient une star.

Lettres, sciences ? Elle n’a que l’embarras du choix. Elle rêve d’être écrivain, mais « un professeur de physique extraordinaire » et une bourse de coopération décident de son orientation. Ce sera maths sup et maths spé au lycée Fénelon de Paris. Puis, à 20 ans, Polytechnique, où elle est la première représentante du continent africain. Suit une thèse en informatique sur « la spécification du parallélisme ». Sa voie est trouvée : la recherche, à l’Inria de Sophia-Antipolis, pôle technologique de la région niçoise. Elle y est la première femme à monter et à piloter un programme, Acacia, exotique acronyme pour « acquisition des connaissances pour l’assistance à la conception par interaction entre agents ». L’objectif est de mettre au point des méthodes et des outils logiciels permettant à une communauté, entreprise ou institution, de « capitaliser et partager des savoirs » fondateurs d’une « mémoire » collective.

Savoir, mémoire, partage... Les vertus cardinales pour cette idéaliste, qui imagine « un Web de connaissances reliant individus, organisations, pays et continents ». A la fin de ses études, confesse-t-elle, s’est posé « un dilemme difficile » : retourner en Afrique où la recherche en informatique était inexistante, ou rester en France pour mener une carrière scientifique au meilleur niveau. Elle a choisi la France et conservé la nationalité sénégalaise, comme « une attache symbolique très forte ».

« Femme, noire, spécialiste d’intelligence artificielle : je me suis retrouvée au carrefour de beaucoup de minorités. On m’a traitée de masochiste, sourit-elle. Mais je n’en ai pas souffert dans mon travail. » Même si elle s’est « très vite aperçue que, pour les responsabilités confiées aux hommes et aux femmes, la France n’est pas encore la patrie de l’égalité ».

Privilégiée - elle le reconnaît volontiers -, elle a échappé aux discriminations sociales, raciales, économiques, qui sont à ses yeux au coeur de la récente flambée des banlieues. « Je n’ai pas vécu en cité. Et j’ai eu la chance d’avoir un père qui incarnait pour moi un modèle. Mais je comprends le désespoir de ces jeunes qui ne se voient aucun avenir », reconnaît-elle.

Elle déplore pourtant « le basculement dans la violence » à laquelle, admiratrice depuis son plus jeune âge de Gandhi et de Martin Luther King, elle est « viscéralement opposée ». Son combat à elle, son « message », comme elle préfère le nommer, c’est « celui de l’éducation, des études, de la science ».

Face à la polémique sur le passé colonial de la France, elle adopte la même posture. « C’est une histoire faite de beaucoup de souffrances, pense-t-elle. Ma génération, qui n’a pas connu la colonisation, doit en garder la mémoire. C’est quelque chose d’essentiel, dans la vie d’une nation et dans la vie d’un homme. Ce qui blesse, ce qui détruit, c’est l’absence de mémoire. Je le sais aussi pour travailler sur la mémoire des entreprises. » Rose Dieng, qui n’a pas oublié ses rêves d’écriture, caresse aujourd’hui le projet de rédiger ses propres Mémoires. Un roman autobiographique. Ce serait celui d’une petite Sénégalaise au nom de fleur, éprise de l’« humanisme » et de la « civilisation de l’universel » chantés, avec la « négritude », par Senghor, et devenue, grâce à la science, « citoyenne du monde ».

Pierre Le Hir

(Source : Le Monde, 12 janvier 2006))

Fil d'actu

  • TIC ET AGRICULTURE AU BURKINA FASO Étude sur les pratiques et les usages Burkina NTIC (9 avril 2025)
  • Sortie de promotion DPP 2025 en Afrique de l’Ouest Burkina NTIC (12 mars 2025)
  • Nos étudiant-es DPP cuvée 2024 tous-tes diplomés-es de la Graduate Intitute de Genève Burkina NTIC (12 mars 2025)
  • Retour sur images Yam Pukri en 2023 Burkina NTIC (7 mai 2024)
  • Quelles différences entre un don et un cadeau ? Burkina NTIC (22 avril 2024)

Liens intéressants

  • NIC Sénégal
  • ISOC Sénégal
  • Autorité de régulation des télécommunications et des postes (ARTP)
  • Fonds de Développement du Service Universel des Télécommunications (FDSUT)
  • Commission de protection des données personnelles (CDP)
  • Conseil national de régulation de l’audiovisuel (CNRA)
  • Sénégal numérique (SENUM SA)

Navigation par mots clés

  • 4191/4484 Régulation des télécoms
  • 347/4484 Télécentres/Cybercentres
  • 3111/4484 Economie numérique
  • 1601/4484 Politique nationale
  • 4484/4484 Fintech
  • 507/4484 Noms de domaine
  • 1653/4484 Produits et services
  • 1407/4484 Faits divers/Contentieux
  • 726/4484 Nouveau site web
  • 4360/4484 Infrastructures
  • 1606/4484 TIC pour l’éducation
  • 182/4484 Recherche
  • 242/4484 Projet
  • 2842/4484 Cybersécurité/Cybercriminalité
  • 1734/4484 Sonatel/Orange
  • 1568/4484 Licences de télécommunications
  • 264/4484 Sudatel/Expresso
  • 933/4484 Régulation des médias
  • 1223/4484 Applications
  • 1014/4484 Mouvements sociaux
  • 1532/4484 Données personnelles
  • 123/4484 Big Data/Données ouvertes
  • 592/4484 Mouvement consumériste
  • 358/4484 Médias
  • 643/4484 Appels internationaux entrants
  • 1445/4484 Formation
  • 93/4484 Logiciel libre
  • 1719/4484 Politiques africaines
  • 953/4484 Fiscalité
  • 166/4484 Art et culture
  • 571/4484 Genre
  • 1487/4484 Point de vue
  • 972/4484 Commerce électronique
  • 1415/4484 Manifestation
  • 312/4484 Presse en ligne
  • 124/4484 Piratage
  • 205/4484 Téléservices
  • 881/4484 Biométrie/Identité numérique
  • 302/4484 Environnement/Santé
  • 320/4484 Législation/Réglementation
  • 334/4484 Gouvernance
  • 1706/4484 Portrait/Entretien
  • 144/4484 Radio
  • 686/4484 TIC pour la santé
  • 267/4484 Propriété intellectuelle
  • 58/4484 Langues/Localisation
  • 1011/4484 Médias/Réseaux sociaux
  • 1858/4484 Téléphonie
  • 190/4484 Désengagement de l’Etat
  • 981/4484 Internet
  • 114/4484 Collectivités locales
  • 380/4484 Dédouanement électronique
  • 1016/4484 Usages et comportements
  • 1028/4484 Télévision/Radio numérique terrestre
  • 551/4484 Audiovisuel
  • 2802/4484 Transformation digitale
  • 382/4484 Affaire Global Voice
  • 153/4484 Géomatique/Géolocalisation
  • 300/4484 Service universel
  • 660/4484 Sentel/Tigo
  • 174/4484 Vie politique
  • 1488/4484 Distinction/Nomination
  • 34/4484 Handicapés
  • 678/4484 Enseignement à distance
  • 646/4484 Contenus numériques
  • 584/4484 Gestion de l’ARTP
  • 179/4484 Radios communautaires
  • 1662/4484 Qualité de service
  • 426/4484 Privatisation/Libéralisation
  • 132/4484 SMSI
  • 448/4484 Fracture numérique/Solidarité numérique
  • 2576/4484 Innovation/Entreprenariat
  • 1310/4484 Liberté d’expression/Censure de l’Internet
  • 47/4484 Internet des objets
  • 170/4484 Free Sénégal
  • 368/4484 Intelligence artificielle
  • 200/4484 Editorial
  • 22/4484 Yas

2025 OSIRIS
Plan du site - Archives (Batik)

Suivez-vous