Révélation du Ps : Sudatel est sur la liste noire des Américains
lundi 24 septembre 2007
Ce qu’on pourra désormais appeler « la guerre des licences », ouverte entre le pouvoir et les socialistes a atteint son paroxysme. Après la sortie musclée du gouvernement par l’entremise de son porte-parole Bacar Dia, contre le parti socialiste, relative à l’adjudication de la deuxième licence de téléphonie mobile, c’est au tour des socialistes d’apporter la réplique. Ousmane Tanor Dieng et ses camarades de disqualifier la Sudatel pour, disent-ils, avoir été soupçonnée d’activisme au Darfour.
Sudatel, l’opérateur adjudicataire de la troisième licence de téléphonie est, depuis Mai 2007, inscrite sur une liste noire du gouvernement américain avec trente autres sociétés soudanaises et trois hautes personnalités pour avoir « mené, soutenu ou financé » des activités criminelles au Darfour. La révélation a été faite, Samedi, par Me Aïssata Tall Sall au cours d’un point presse, à la maison du Parti socialiste. Et d’après la socialiste, le gouvernement américain a décidé « de clouer au pilori ces trois personnalités soudanaises et de geler les avoirs de toutes ces sociétés dont Sudatel, sur le territoire américain’ » Pour preuve, l’avocate brandit un communiqué traduit de l’anglais au français, signé par le département américain du trésor et sur lequel on peut lire : « Le département américain du trésor a procédé, ce jour, (29 mai 2007) au gel des avoirs de trois ressortissants soudanais, notamment deux hauts fonctionnaires et un chef rebelle, pour avoir joué un rôle dans la violence et la violation des droits humains au Darfour. Le trésor américain a également réagi ce jour, en sanctionnant trente (30) sociétés soudanaises appartenant ou contrôlées par le gouvernement soudanais ainsi qu’une autre société qui a violé l’embargo sur les armes au Darfour... Ces sociétés ont fourni de l’argent liquide au régime de Bashir, lui permettant ainsi d’acheter des armes et d’attiser les combats au Darfour...Parmi les sociétés ciblées dans le cadre des actions menées à ce jour figurent ...la Sudatel (société nationale des télécommunications... ».
Les socialistes interpellent ainsi le gouvernement et le chef de l’Etat en particulier pour, disent-ils ‘que la lumière soit faite dans cette affaire’. Selon Aïssata Tall Sall, cette affaire Sudatel mérite bien des explications de la part des autorités. « Ils doivent nous dire comment le Sénégal a pu contracter avec une société aussi mal référenciée sur le plan international ? » insiste l’avocate. Revenant sur la procédure d’attribution de la troisième licence à Sudatel, la socialiste estime qu’elle a été entourée de « nébuleuse ». Parce que explique- t-elle « le gouvernement a, dans un premier temps, voulu faire croire que cette licence ne concernait que la téléphonie mobile alors qu’elle englobait également la téléphonie fixe et internet ». Le conseil des ministres du 13 Septembre dernier a, pour sa part, révélé à l’opinion qu’il n’y a pas eu d’appel d’offre dans cette affaire. Qu’il s’est agi plutôt d’un « marchandage direct » entre le président de la République, ses conseillers et les opérateurs. L’agence de régulations des télécommunications et des postes, le ministre chargé des télécommunications ont été « ravalés au simple rang de faire valoir des conseillers du président de la République », pense Aïssata Tall Sall. Il s’y ajoute, poursuit-elle, le profil de Sudatel qui est passé sous silence par le gouvernement. Sous ce rapport, les camarades d’Ousmane Tanor Dieng renseignent, chiffres à l’appui, que les références techniques de cet opérateur sont en deçà de celles de Sentel et Sonatel. Pour une population estimée à plus de 38 millions d’habitants, Sudatel peine à obtenir 2 millions d’abonnés au Soudan. Et Sonatel et Sentel totalisent 3,6 millions d’abonnés sur 11 millions d’habitants au Sénégal. Mieux ajoute Sérigne Mbaye Thiam, « Sudatel présente de faibles capacités financières » avec, en 2006, un chiffre d’affaire ne dépassant pas 26O millions de dollars américain ou, 130 milliards de francs Cfa, l’équivalant du prix payé pour acquérir la licence de téléphonie globale. « Sudatel est-elle à mesure de décaisser le prix proposé ? », s’interrogent les socialistes.
Yakhya Massaly
(Source : Wal Fadjri, 24 septembre 2007)