Rencontre avec... - Mme Coura Fall, informaticienne : « Les médiats doivent ouvrir le débat sur les TICS »
mercredi 31 mai 2006
Nous avons rencontré Mme Coura Fall sous sa casquette de coordinatrice au Sénégal du programme Catia , ONG qui vise à dynamiser l’accès aux Technologies de l’Information et de la Communication en Afrique. Son organisme vient d’organiser en collaboration avec l’Institut Panos Afrique de l’Ouest ,un atelier sur les médiats et les nouvelles technologies de l’information et de la Communication . Informaticienne de formation, membre fondatrice de l’Association sénégalaise des sociétés de l’industrie de l’information, elle a participé au lancement de plusieurs entreprises ou société dans les télécommunications et l’informatique au Sénégal, en Côte d’Ivoire , au Togo.
Un atelier de plus terminé, celui-ci co organisé avec l’Institut Panos Afrique de l’Ouest quelles conclusions en tirez vous ?
Je suis coordonnatrice au Sénégal du programme de plaidoyer sur les politiques TIC(composante 1c) pour dynamiser l’ accès aux TICS en Afrique. L’atelier qui vient de se dérouler fait partie de notre plan d’action pour le Sénégal, il consiste à renforcer les capacités des médiats dans leur compréhension des enjeux TIC et surtout leur permettre un usage plus efficace des TICS dans leur vie de tous les jours.
On a initié en décembre 2005 un premier atelier plus globalisant, intégrant d’autres acteurs des TICS. Notre objectif pour l’atelier qui vient de se dérouler avec une vingtaine de journalistes est de susciter la création d’un réseau de journalistes spécialisés dans les TICS. L’intérêt d’une spécialisation est d’être en mesure d’ouvrir un débat et de faire comprendre les enjeux à la population d’une part et d’autre part influencer les changements dans la mise en place et l’élaboration des politiques TIC . Aujourd’hui le gouvernement est chargé de mettre en place une politique TIC avec les différents acteurs , mais derrière la société civile, les populations entre autres, devrait comprendre les enjeux qui les engagent dans cette politique et surtout avoir leur mot à dire. En tant que citoyenne je pense que l’usage des TICS est incontournable dans la société contemporaine, que l’on parle au téléphone, que l’on écrive, que l’on communique , si l’on regarde la télévision. Il faut que le citoyen à Matam puisse utiliser un ordinateur pour discuter avec son parent émigré en Europe, que les Sénégalais puissent avoir une pièce d’état civil en entrant dans le site gouvernemental .
Nous avons un environnement apparemment favorable au développement des TICS ; on vient d’inaugurer par exemple le site gouvernemental dont vous parliez ?
Effectivement, par ailleurs nous avons invité l’Agence de l’Informatique de l’Etat (ADIE) à présenter cet outil aux journalistes. Ce site est une grande innovation pour le Sénégal, très peu de pays africains ont installé un tel site. Il faut tenir compte du fait que nous sommes un pays de tradition orale. Je pense que l’ADIE a également songé à mettre en place un service par téléphone, afin que les gens puissent avoir les infos sur les démarches administratives . Aujourd’hui le Sénégal est lancé dans une dynamique et nous ferons tout pour l’accompagner .
Après trois ans d’activités le programme CATIA tire à sa fin, êtes-vous satisfaites du parcours, estimez vous avoir été entendu par les autorités dans vos préoccupations ?
Ce que je peux dire est que je reste sur ma faim d’autant plus que le programme est de trois ans , il est financé entre autres par l’USAID et le CRDI et il prend fin en juin 2006. Nous avons engagé en décembre 2004 une première rencontre puis en janvier 2005, mais objectivement nous avons démarré en novembre 2005 ce qui fait que nous sommes aujourd’hui à quelque sept mois d’activités réelles. Nous avons initié une dynamique auprès des médiats et nous avons pensé qu’ils sont un bon relais pour toucher le plus de personnes possibles et entretenir un débat .
Pour le programme CATIA la préoccupation qui nous anime est d’apporter les TICS à un coût abordable à toute la population. C’est un travail de longue haleine et de tous les jours . Les jours à venir nous allons initier un débat télévisé et toutes ces activités suivent le fil conducteur d’une activité qui peut durer encre plus d’une année. Dans les mois à venir nous allons essayer de convaincre les bailleurs de fonds afin que l’on poursuivre le programme sur un ou deux ans de plus pour terminer ce qui a été entrepris.
Il faut donc envisager la poursuite de ce programme ?
Je pense en effet bien qu’il est prématuré de stopper ce programme. Mon objectif dés à présent est de trouver d’autres sources de financement en m’appuyant sur la dynamique qui a été enclenchée.
Propos recueillis par Jean PIRES
(Source : Le Soleil, 31 mai 2006)