Les Etats-Unis ne semblent toujours pas prêts à lâcher prise sur la question de la régulation d’Internet que les pays du Sud souhaitent, eux, confier aux Nations unies. Quant à la réduction de la « fracture numérique » entre pays du Nord et du Sud, guère de progrès ont été enregistrés.
Tel sont les principaux enseignements à tirer des travaux de la réunion du comité préparatoire du Sommet mondial de la société de l’information (SMSI) qui se sont achevés dans la nuit de samedi à dimanche à Hammamet en Tunisie.
Quelque 900 délégués représentant 123 Etats, les organisations onusiennes spécialisées, la société civile et le secteur privé étaient en conclave dans cette station balnéaire tunisienne pour préparer la deuxième phase du SMSI prévu à Tunis en novembre 2005.
Tout comme le financement de la réduction de la « fracture numérique » entre le Nord et le Sud, la problématique de la régulation d’Internet n’avait pas pu être tranchée lors de la première phase du SMSI tenue à Genève en décembre dernier.
Les participants s’étaient alors contentés d’une « déclaration de principes » reportant le débat de fond à l’étape tunisienne en vue de l’adoption de mesures concrètes sur ces deux point focaux. Mais il n’y a pas eu de progrès à Hammamet : la réunion appelée à baliser la voie, reportée trois fois, n’a finalement débouché, après « d’âpres négociations », que sur la décision de continuer à tenir d’autres réunions préparatoires à l’échéance de novembre 2005...
En attendant, un rapport sera fait au secrétaire général de l’ONU Kofi Annan sur le bilan des discussions d’Hammamet en vue de « prendre des décisions en tenant compte de tous les avis », a précisé le Letton Janis Karklins, président du comité préparatoire du SMSI.
Selon un délégué qui a requis l’anonymat, les Américains, avec les Européens à leurs côtés, tiennent à garder la main sur Internet parce que c’est aujourd’hui le canal le plus utilisé dans les activités terroristes.
Sur le chapitre de la « fracture numérique », les pays du Nord sont également réticents sur la question du financement. Considérant que les aides directes fournies jusqu’ici aux Etats n’ont, dans la plupart des cas, pas été utilisées à bon escient, ils exigent que des mécanismes précis et efficaces soient mis en place pour financer les nouvelles technologies dans les pays du Sud, a-t-il ajouté.
« Il nous faudra faire preuve de sagesse et de patience », a résumé M. Karklins en donnant rendez-vous aux délégués le 17 février à Genève pour la deuxième réunion préparatoire.
AP
(Source : Sud Quotidien 28 juin 2004)