Réduction du fossé numérique Nord-Sud : La bataille peut être gagnée
samedi 14 juin 2003
Les opportunités pour réduire le fossé numérique entre les pays du Nord et du Sud ne manquent pas à travers les Centres multimédia communautaire (CMC) et le NEPAD, si l’on en croit l’Unesco, l’Amarc Afrique et le ministre Abdou Fall.
L’utilisation des nouvelles technologies de l’information et de la communication dans le domaine de la radio est « encore timide en Afrique ». C’est du moins le constat de la directrice régionale de l’Association mondiale des radiodiffuseurs communautaires (AMARC) pour l’Afrique, Michelle Ntab.
Elle commentait, jeudi, lors du démarrage du symposium panafricain sur les « Opportunités numériques pour l’Afrique-Centres multimédia communautaires » au Bureau régional de l’Unesco, les résultats d’une étude réalisée sur le sujet, entre début 2001 et fin 2002. À en croire Mme Ntab, l’enquête montre que 25 % des 50 stations interrogées en Afrique déclarent posséder un ordinateur.
Ces tendances, bien qu’encourageant comparées il y a dix ans, n’en sont pas moins préoccupantes, pour l’Unesco et l’Amarc, au regard du fossé numérique qui s’élargit entre l’Afrique et le reste du monde. En réalité, on dénombre aujourd’hui plus de centre serveurs d’Internet à New York City que sur tout le continent africain.
Et, on a estimé en 2001 que 1 sur 40 personnes en Afrique avait une ligne téléphonique fixe, un sur 130 avait un Pc (Ordinateur) et un sur 160 utilisait l’Internet. « Réduire la fracture numérique est donc une exigence démocratique », a admis le président de l’Amarc Afrique Yaya Sangaré.
C’est un défi à relever et les programmes des Centres multimédia communautaires (CMC) constituent aux dires de Carrie Marias, représente du directeur du Bureau régional de l’Unesco à Dakar, une « réponse pratique » au niveau de la communauté.
Conçu comme une forme d’association de la radio de proximité et du télécentre communautaire, les CMC offrent des opportunités et des facilités d’accès à l’information, par des ressources numériques (Internet, E-mail, fax, etc.). En outre, ils permettent l’échange d’information et la participation des populations au développement. Pour le ministre de la Culture et de la Communication Abdou Fall président de la séance d’ouverture, le thème choisi « converge avec nos politiques (et) ne peut laisser indifférents les pays du sud, marginalisé dans la société de l’information, et dont le souci constant est de construire des infrastructures d’information et de communication accessible à tous ». Dans ce sens, il a évoqué le Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) dont le plan d’actions, a-t-il déclaré, est « basé sur les stratégies régionales et les besoins exprimés par les différentes régions (et) constitue une opportunité pour les pays africains en vue de la transformation de la fracture numérique en opportunité numérique ».
Selon le président de l’Amarc Afrique, le concept bien qu’avantageux est très peu expérimenté de par le monde. Notamment en Afrique où les projets CMC démarrent en Tanzanie, Mozambique, Ouganda, Bénin, Burkina Faso, Mali et bientôt au Sénégal.
C’est justement pour échanger et partager des expériences, comparer des modèles et des contextes, que l’Unesco en collaboration avec l’Amarc Afrique, une Ong visant à développer la radio communautaire sur le continent, ont organisé ce colloque.
L’objectif assigné est, selon les organisateurs, de mettre sur pied des stratégies de développement à grand échelle des CMC en Afrique. Les résultats de ces réflexions seront un point de discussion avec les bailleurs de fonds, lors de la table ronde prévue lundi et mardi prochains sur le même thème du colloque.
M. L. BADJI
(Source : Le Soleil 14 juin 2003)