Réduction de la fracture numérique : la Côte d’Ivoire en passe de gagner son pari ?
lundi 27 janvier 2025
Depuis quelques années, l’Etat de Côte d’Ivoire et ses partenaires se concentrent sur le maillage du territoire national en pylônes radioélectriques. Une infrastructure clé pour assurer un accès internet solide dans les zones rurales, et réduire la fracture numérique dans le pays.
Le vendredi 24 janvier, dans le département de Dabakala, au Nord-Est de la Côte d’Ivoire, le vice-président Tiémoko Meyliet Koné (photo) a procédé à l’inauguration du site radioélectrique du village de Kotolo. La cérémonie s’est tenue en présence du ministre de la Transition numérique et de la Digitalisation, Kalil Konaté, de la ministre de la Culture et de la Francophonie, Françoise Remark, et du ministre de la Promotion de la Jeunesse, de l’Insertion professionnelle et du Service civique, Mamadou Touré.
La construction du site radioélectrique de cette localité s’inscrit dans la mise en œuvre de la phase 2 du Programme national de connectivité rurale (PNCR). Dans ce cadre, l’Etat collabore étroitement avec des entreprises de télécommunications, en vue de réduire la fracture numérique sur l’ensemble du territoire.
Infrastructure de connectivité
Dans la phase 1 du PNCR, 160 pylônes radioélectriques ont été érigés dans 175 localités, pour un coût d’environ 10 milliards de francs CFA. Ces sites ont été mis en service officiellement par le ministre Kalil Konaté le 2 août 2024 à Djebakaha, village du département de Korhogo situé au Nord de la Côte d’Ivoire.
La phase 2, d’un investissement de 18 milliards de francs CFA, permettra de raccorder 240 localités supplémentaires, en 2025, dans les régions du Hambol, de la Bagoué, du Haut-Sassandra, du Poro, du Tchologo, du Kabadougou, du Bélier, du Gbêkê, du Tonkpi et de l’Agneby Tiassa.
Ensuite, un budget additionnel de 10 milliards de FCFA sera débloqué, dans la phase 3 dudit Programme. Il permettra d’élargir l’accès aux technologies de l’information et de la communication (TIC) à 160 autres localités dans plusieurs régions telles que le Bélier, le Poro, le Tchologo et la Bagoué.
Ce dynamisme autour des pylônes radioélectriques permettra de connecter 575 localités pour un budget global de 38 milliards de francs CFA financé par la Banque mondiale. A travers ce programme, l’institution financière apporte son appui au gouvernement ivoirien dans ses efforts visant à permettre aux populations non desservies en services numériques de pouvoir y accéder. Ce pari sera-t-il gagné ?
Boom de la téléphonie et de l’internet
En Côte d’Ivoire, à l’instar des pays en développement, la téléphonie mobile est le moyen le moins cher et le plus pratique d’accéder à Internet pour les populations, en particulier les consommateurs ruraux. Selon des chiffres de l’Autorité de régulation des télécommunications/TIC (ARTCI), la pénétration de la téléphonie mobile augmente à une allure constante depuis une dizaine d’années, passant de 97,5% en 2014 à 181,1% en 2024.
La cartographie de la couverture réseau de juin 2024 affiche 94,86% de localités couvertes par les technologies de la téléphonie mobile (2G, 3G et 4G). À ce jour, la Côte d’Ivoire dispose de 30 240 km de fibre optique, avec 8 080 localités couvertes sur un total de 8 518.
Encore des obstacles à faire tomber
Malgré ces progrès significatifs, des obstacles continuent d’empêcher des populations d’accéder ou de bénéficier pleinement de l’internet. On compte parmi eux, les difficultés de l’infrastructure, limitant l’accès à internet pour 26% des ménages en 2023.
En outre, si les grandes entreprises bénéficient des avancées numériques, les communautés rurales et les entrepreneurs locaux peinent encore à tirer pleinement parti de ces outils, notamment en raison des difficultés de la digitalisation des services mais surtout des freins propres aux consommateurs tels que le manque de compétences numériques.
Dans ce contexte, où le mobile est le catalyseur de la connectivité, le futur de l’économie numérique ivoirienne dépendra, à n’en point douter, de la capacité du gouvernement à poursuivre les initiatives contribuant à faire tomber les obstacles en matière d’accès aux services de communications électroniques.
Figurent parmi ces initiatives, la loi n°2024-352 du 6 juin 2024 relative aux communications électroniques, qui favorise la mutualisation des réseaux radioélectriques de communications électroniques dans le cadre d’un service d’itinérance nationale, ainsi que le Programme national de connectivité rurale.
Anselme Akéko
(Source : CIO Mag, 27 janvier 2025)