Recommandations du Colloque Régional Africain « La télématique au service du développement » (3-7 avril 1995)
dimanche 7 avril 1996
Colloque Régional Africain
La télématique au service du développement
3-7 avril 1995
RECOMMANDATIONS
1) Elaboration d’une politique d’orientation pour la télématique au service du développement.
L’UIT, l’UNESCO, la CEA et le CRDI, en consultation avec l’OUA, coordonnent la mise en route d’un effort de pression, continu et de haut niveau pour la télématique au service du développement. L’objectif visé devrait être la promotion des décisions politiques nécessaires et l’établissement des priorités
claires pour le développement des services télématiques au plan national et international.
– Le communiqué du Colloque devra être adressé au Secrétaire général des Nations Unies, aux dirigeants des agences des Nations Unies concernées, à l’OUA, aux organisations et banques bilatérales ainsi qu’aux chefs d’Etat de tous les pays africains. En particulier, il devra être mis à l’ordre du jour de la prochaine rencontre des chefs d’Etat de l’OUA en juin 1995 et de la rencontre du G-15 en novembre 1995.
– Un comité de haut niveau devra être mis sur pied en vue d’élaborer un programme de coordination pour sensibiliser les décideurs politiques concernés et les agences d’aide au développement sur le rôle de plus en plus décisif de la télématique comme support du développement.
– Sur la base des travaux précédents, il a été proposé que les Secrétaires généraux des Nations Unies et de l’OUA décident d’une réunion regroupant les chefs d’Etat africains et les organisations internationales concernées afin d’établir les priorités et les stratégies et de mobiliser les ressources.
2) Collaboration et coordination
L’UIT, l’UNESCO, la CEA et le CRDI devront :
– Promouvoir la mise en place d’associations nationales réunissant des représentants des principaux groupes d’utilisateurs et des fournisseurs de services dans le but d’un échange rapide et continu d’information sur les besoins, les activités et les projets. Ces associations devront s’assurer que les intérêts nationaux sont pris en considération dans les initiatives et les actions menées sur les réseaux au niveau régional et international. Elles devront fournir des données actualisées sur les services télématiques nationaux et leur utilisation et également faciliter l’harmonisation des infrastructures telles que les dispositifs de formation et les canaux de télécommunications.
– Promouvoir la mise en place dune Association Africaine pour la Télématique au service du Développement (AATD) en vue de faciliter, entre les initiatives de mise à disposition de services télématiques, un dialogue continu sur les activités et projets. Les membres de l’Association seront représentatifs de tous les acteurs concernés - gouvernements, opérateurs de télécommunication, fournisseurs de services et utilisateurs.
– Instituer un système de diffusion de l’information électronique propre à l’Afrique comme support des échanges d’information ; créer et maintenir une base de données sur les services et les experts télématiques au niveau national, et promouvoir l’étude des expériences spécifiques en menant l’accent sur l’évaluation de leurs impacts. Ces produits d’information devront être diffusés aussi largement que possible à travers les systèmes d’accès électronique africains et internationaux ainsi que par le biais des supports médiatiques existants.
– Là où cela s’avère nécessaire, les agences de financement et les organisations internationales d’aide au développement devront étudier le cofinancement des projets et s’informer mutuellement des programmes, de la planification des projets et des priorités. L’initiative Bellanet pour l’Encouragement de la collaboration au sein de la communauté d’aide au développement devra faire de la télématique au service du développement une de ses premières priorités. Le Groupe consultatif de Bellanet sur les besoins de l’information (AGIN) devra créer un mécanisme permettant de fournir aux organismes d’aide au développement des informations sur les besoins liés aux capacité de développement en Afrique. Dans tous les projets qu’elles soutiennent, les agences devront inclure une composante télématique, qui s’appuie sur les ressources et les services locaux.
3) Questions réglementaires
L’UIT et l’Union Panafricaine des Télécommunications (UPAT), en collaboration avec les groupes économiques sous-régionaux, l’UNESCO et la CEA et dans les cas appropriés, le CRDI devront :
– Mettre en place un programme afin d’aider les Etats membres à définir un cadre réglementaire qui encourage le développement des services télématiques. Ce cadre devra, entre autres éléments, comprendre :
– L’assouplissement des procédures réglementaires pour l’importation, la vente et l’homologation des équipements télématiques
– La simplification et l’accélération de l’octroi des licences pour la radiodiffusion et l’attribution des fréquences pour la connexion avec les services télématiques,
– La réforme des tarifs en vue d’encourager l’utilisation des services télématiques,
- La possibilité de concurrence dans la fourniture des services télématiques publics,
- L’aide à la recherche et au développement pour les nouveaux services et équipements, toit particulièrement aux activités entreprises par les utilisateurs et les fournisseurs de services conjointement avec les opérateurs de télécommunication,
- La promotion des consultations et des partenariats entre les fournisseurs de services télématiques, les autorités de réglementation et les utilisateurs, en incluant la reconnaissance des associations d’utilisateurs commerciaux et privés.
– Instituer un groupe de travail pour attirer l’attention sur les contraintes réglementaires actuelles qui entravent l’exploitation des technologies de
radiodiffusion hertzienne dans le développement des services télématiques à but humanitaire, social, éducatif et scientifique, en particulier dans les zones rurales.
4) Formation
L’Institut des Nations Unies pour la Formation et la Recherche (UNITAR), la CEA, l’UNESCO et l’UIT, en coopération avec les autres organisations
gouvernementales et non-gouvernementales concernées, devront lancer une stratégie commune en Afrique pour des programmes de formation dans le
domaine de la télématique.
Étant donné la nature technique fortement spécifique de la situation de la communication en Afrique, l’apport externe de toute ressource humaine dans la
formation devra être déterminé par les bénéficiaires. La stratégie de formation devra :
– Instituer un comité directeur pour coordonner le développement, le financement et la mise en oeuvre d’une stratégie d’utilisation des mécanismes mentionnés ci-dessus, suivre et évaluer les progrès de cette initiative.
– Instituer un serveur de conférences électroniques avec médiateur pour les organisations nationales, régionales et internationales impliquées dans cet effort afin de discuter et de définir cette initiative.
– Instituer un serveur de conférences électroniques pour ouvrir un forum aux initiatives locales lancées dans ce domaine.
5) Interconnexion, participation et développement des infrastructures.
– La connexion complète à Internet devra être achevée dans tous les pays africains aussi rapidement que possible en tenant compte des initiatives de réseaux nationaux existantes.
– Les organisations internationales concernées, y compris la FAO, l’UIT, la CNUCED, l’ONUDI, l’UNESCO et le CRDI, ainsi que les ONG, devront coordonner leur soutien à des projets pilotes visant à instituer des télécentres communautaires afin de créer des ressources télématiques partagées au service du développement. Les institutions communautaires déjà existantes, telles que les écoles et les bibliothèques publiques, pourraient héberger ces services.
– La Fédération Internationale des Associations de Bibliothécaires et des Bibliothèques (FIAB) et l’UNESCO, en étroite collaboration avec la CEA, devront initier un programme pour relier entre elles les principales bibliothèques d’Afrique et en ouvrir l’accès aux utilisateurs, développer des services électroniques communs bibliographiques et de délivrance de documents.
– Compte tenu du rôle des femmes comme agents primordiaux de la production économique en Afrique, l’UNESCO et la CEA devront désigner un consultant/coordinateur sur la place des femmes vis-à-vis des technologies de l’information dont le rôle principal sera d’assurer l’équité entre les hommes et les femmes à un niveau de décision.
– Compte tenu de l’existence d’un langage technique commun malgré une forte disparité entre les principaux groupes linguistiques hérités de la colonisation (francophone, anglophone et lusophone), des efforts particuliers devront être déployés pour relier les projets par-delà ces différences.
6) Innovation technique
L’UIT, l’UNESCO, la CEA et le CRDI devront identifier, promouvoir et parrainer la recherche et le développement en vue d’adapter les technologies
télématiques à l’environnement africain. En particulier, ces projets devront mettre l’accent sur :
– Des interfaces en mode différé pour des services d’information en ligne,
– Des interfaces pour les illettrés, comme les écrans tactiles, les services visuels et vocaux,
– Des protocoles de transfert améliorés et alternatifs, le dédoublement de données et des services de mémoirecache en vue de réduire le trafic sur les réseaux entre serveurs et entre serveurs et utilisateurs.
– Un service d’annuaire uniformisé des utilisateurs africains et des sources d’information.
7) Perspectives pour la large bande et le multimédia
L’UIT, l’UNESCO, la CEA et le CRDI devront :
– Entreprendre des études sur l’utilisation des nouveaux développements technologiques et sur les moyens de télécommunication et de radiodiffusion existants pour la fourniture de nouveaux services télématiques en Afrique. Celles ci devront prendre en considération l’impact sur les règlements nationaux et internationaux et les autres questions politiques.
– En collaboration avec l’Union des Radiodiffusions et Télévisions Nationales d’Afrique (URTNA), sensibiliser les décideurs nationaux, les organisations africaines de télécommunication, les radiodiffuseurs, ainsi que les organismes de financement, sur le rôle que ces nouveaux services pourraient jouer dans le développement économique et social, et sur la nécessité de trouver des solutions aux problèmes de financement interne et externe.