Réactivation du projet de surtaxe les appels entrants : Les travailleurs de la Sonatel dénoncent les tentatives de corruption de Wade et promettent le feu
vendredi 3 juin 2011
La réactivation du projet de surtaxe des appels internationaux entrant au Sénégal, par le chef de l’Etat, a poussé l’Intersyndicale des travailleurs de la Sonatel et les cadres de ladite société à déterrer la hache de guerre. Non sans dénoncer une tentative de corruption déguisée ourdie par le chef de l’Etat lui-même. Et les sommes collectées risquent d’aller directement, selon eux, dans le financement de la campagne de Me Wade en 2012.
Devant la ferme volonté présidentielle de ressusciter le projet de surtaxe sur les appels internationaux entrants, l’Intersyndicale des travailleurs de la Société nationale des télécommunications (Sonatel) et les cadres de la boîte ont déterré la hache de guerre. Ils menacent de perturber la fourniture correcte des services de télécommunications si jamais Me Wade ramène le décret sur la surtaxe des appels internationaux entrants. « Les travailleurs ne l’accepteront jamais et tiennent le gouvernement pour seul responsable de toute perturbation qui risque de survenir dans la fourniture des services de télécommunications. D’ores et déjà, nous sonnons la mobilisation afin que ce projet néfaste pour tous les Sénégalais soit définitivement abandonné », a déclaré le coordonnateur de l’Intersyndicale des travailleurs de la Sonatel, Mamadou Aïdara Diop, face à la presse, mercredi dernier.
Des « arguments qui frisent une volonté manifeste de corruption »
Le cri de guerre lancé, le conférencier s’est ensuite appesanti sur le triple langage du chef de l’Etat quant aux propositions de répartitions des recettes de la surtaxe. Propositions qui frisent, à en croire M. Diop, une tentative de corruption des travailleurs de la Sonatel, des centrales syndicales et des Sénégalais de l’extérieur. « Le chef de l’Etat, par l’intermédiaire de son directeur de Cabinet, proposait qu’une 1e partie aille dans la construction de cases des tout-petits, la seconde pour l’énergie, la 3e pour l’aménagement de terrains et construction de maisons pour les immigrés, et la dernière pour la mise en place d’un fonds pour financier une mutuelle pour les travailleurs de la Sonatel », révèle le syndicaliste. Me Wade qui recevait Mody Guiro de la Cnts, le 1er mai, lors d’une audience sur la question, sortira encore une autre clé de répartition des futures recettes, notamment avec une rubrique construction de bourses de travail pour les centrales syndicales, afin de faire adhérer les syndicalistes au projet.
Wade fait miroiter 5 milliards aux centrales syndicales
« Le président lui a réitéré sa volonté de remettre au goût du jour le projet Global Voice avec une nouvelle répartition : 1 milliard pour les travailleurs de la Sonatel pour appuyer une mutuelle d’habitat, 4 milliards pour un projet d’habitat pour les immigrés, 5 milliards pour la construction d’une bourse de travail pour les centrales, 4 milliards pour l’énergie », d’après le Coordonnateur de l’Intersyndicale de la Sonatel. Enfin, la dernière proposition de répartition, c’est Pape Diop, président du Sénat, qui l’a faite aux immigrés. Selon le syndicaliste, la nouvelle répartition donne ceci : « 15 milliards pour les immigrés, 2 milliards pour l’électrification rurale. Le reste pour la santé et le sport ».
Pour les travailleurs de la Sonatel, « ces arguments qui frisent une volonté manifeste de corruption avaient pour seul but de faire accepter aux travailleurs ce projet néfaste pour le développement du secteur des télécommunications, de la Sonatel et du pays. Ce projet va également à l’encontre des intérêts des immigrés dont nous sommes sûrs qu’ils ne tomberont pas dans un piège aussi grossier », martèle M Diop dont les camarades se demandent si l’Etat traitera avec Global Voice, ou ce sera cette fois-ci avec un privé sénégalais.
Youssouf Sané
(Source : Le Populaire, 3 juin 2011)
Mamadou Aïdara Diop, Coordonnateur de l’Intersyndicale : « Ce n’est rien d’autre qu’un projet qui vise le financement probable de la campagne électorale »
Le Coordonnateur de l’Intersyndicale des travailleurs de la Sonatel, Mamadou Aïdara Diop, estime que la surtaxe sur les appels internationaux entrants « n’est rien d’autre qu’un projet qui vise le financement probable de la campagne électorale au détriment d’un secteur qui a rapporté à l’Etat 150 milliards de francs Cfa en 2011, avec une contribution de près de 30 milliards au secteur de l’énergie ». Car, argumente Mamadou Aïdara Diop, les 12 milliards qui avaient été collectés avant la suspension du décret sur la surtaxe des appels internationaux entrants seraient, « selon le ministre Moustapha Guirassy, dans un compte d’attente ». Et ce, alors qu’ils devaient être versés dans le Trésor national. Et la suspicion de Me Diop est surtout attisée par le fait que ce soient les pontes du Pds qui sont allés discuter du projet de relance de la surtaxe avec les immigrés, en lieu et place du ministre de l’Economie et des Finances.
Par ailleurs, Mamadou Aïdara Diop et ses camarades annoncent avoir diagnostiqué profondément le secteur des télécommunications. Le tout est couché sur papier et sera rendu public puis remis à l’autorité. Et dans ce même document, ils demandent surtout à l’Etat de clarifier sa relation avec l’opérateur Tigo « à qui l’on a retiré la licence, mais qui officie actuellement » sur le plan national et émet à l’international aussi.