RDC : vers la création d’une Académie nationale dédiée à l’intelligence artificielle
lundi 13 octobre 2025
Avec un score de 13,55 sur 100 à « l’IA Talent Readiness Index for Africa 2025 » de Qhala et Qubit Hub, la RDC reste à la traîne en matière de compétences en intelligence artificielle. Mais le pays multiplie les initiatives pour renforcer ses capacités et préparer sa révolution numérique.
Le gouvernement de la République démocratique du Congo a annoncé le jeudi 9 octobre la construction prochaine d’une académie de l’intelligence artificielle. L’initiative, portée par le ministre de l’Économie numérique, Augustin Kibassa Maliba (photo), s’inscrit dans le cadre du Plan national du numérique 2026–2030 (PNN2) et de la première Stratégie nationale dédiée à l’IA, tous deux en cours d’élaboration.
Selon Augustin Kibassa Maliba, cette académie constituera un pilier de la souveraineté numérique congolaise, en formant des profils rares et en favorisant une approche « afro-centrée » de l’IA. « L’idéal n’est pas de subir cette révolution, mais de la mener, pour et par les Congolais eux-mêmes, assurant ainsi notre autonomie stratégique et une prospérité partagée. Le centre permettra non seulement de former des experts, mais aussi de produire une IA respectueuse de notre réalité linguistique, sociale, culturelle et économique. »
L’Académie congolaise de l’intelligence artificielle aura pour mission de former les jeunes talents, de stimuler la recherche appliquée et de soutenir la création d’un écosystème technologique national. Elle contribuera à la maîtrise des technologies émergentes et au développement de solutions adaptées aux besoins locaux, notamment dans les domaines de la santé, de l’agriculture, de l’éducation et de la gouvernance publique.
Cette annonce intervient dans un contexte continental marqué par un essor rapide des initiatives liées à l’intelligence artificielle. Selon un rapport publié par Mastercard, le marché africain de l’IA devrait passer de 4,51 milliards de dollars en 2025 à 16,5 milliards de dollars d’ici 2030, porté par la multiplication des start-up et des programmes publics de formation. Des pays comme le Nigeria, l’Afrique du Sud ou la Côte d’Ivoire ont déjà adopté leurs propres stratégies nationales. La RDC entend désormais rattraper son retard en s’appuyant sur son potentiel démographique et universitaire, ainsi que sur une jeunesse particulièrement connectée et innovante.
La mise en œuvre de cette académie devrait permettre la création de milliers d’emplois spécialisés, le renforcement de la recherche locale et une meilleure protection des données nationales. À terme, elle pourrait aider la RDC à gagner en indépendance technologique, tout en veillant à ce que les bénéfices de l’intelligence artificielle profitent à tous, dans un cadre éthique et transparent.
Samira Njoya
(Source : Agence Ecofin, 13 octobre 2025)