D’après des sources proches de l’ARPTC (Autorité de régulation des postes et des télécommunications), le ministre des PT-NTIC veut créer une nouvelle taxe qui affectera l’utilisation des téléphones.
Dans son projet ’’d’arrêté interministériel portant fixation des taux des droits, taxes et redevances à percevoir à l’initiative du ministère des postes, télécommunications et nouvelles technologies de l’information et de la communication’’, Augustin Kibassa Maliba
compte taxer 1$ et 8$ par an l’utilisation du téléphone.
Les smartphones paieront plus que les téléphones aux fonctions basiques qui utilisent la 2G, précise vendredi à 7SUR7.CD notre source, qui a requis l’anonymat pour des raisons évidentes.
Pour un smartphone, il envisage 8$ de taxe contre 1$ pour un téléphone simple, révèle-t-il.
Selon lui, ce sont les entreprises de télécom qui seront mises à contribution pour prélever cette nouvelle taxe. En cas de non-paiement, elles seront obligées de boucher l’IMEI (numéro que portent les téléphones pour les identifier, NDLR).
Sur les 40 millions de téléphone en circulation en RDC, cette taxe peut rapporter jusqu’à 150 millions $ par an, projette-t-il.
C’est un fardeau supplémentaire que ne sauront payer les entreprises de télécommunications, car déjà lourdement taxées, désapprouve-t-il.
D’après lui, cette démarche du ministre de tutelle va à l’encontre de l’inclusion numérique, politique prônée par le président de la République Félix Tshisekedi.
Il soutient qu’il faut plutôt détaxer les téléphones au lieu de les surtaxer pour qu’ils soient accessibles à un plus grand nombre de congolais et ainsi réduire la fracture numérique.
Il a pris exemple sur le téléphone Sanza de Orange vendu 20$. Avec la nouvelle taxe, il coûtera 28$ soit une augmentation du prix de 35%. Sachant que même au prix de 20$ ,il y a déjà une superposition des taxes, payées notamment à la Dgda (douane), à l’OCC (organisme public de contrôle), à Bivac, et au Feri. Outre cette nouvelle taxe, le ministre a augmenté le taux de plusieurs autres taxes, prévient-il.
Contacté par 7SUR7.CD, le directeur de cabinet du ministre des PT-NTIC assume la légitimité de cette nouvelle taxe.
Selon lui, son coût est supportable car 1$ divisé par 12 mois voire par 365 jours est supportable par les usagers de téléphones.
’’Sur le marché il y a des téléphones de 20 à 30 $. Payer 1$ de plus, ce qui revient à 21 où 31$ le téléphone, ne constitue aucun problème car c’est une question de sécurité nationale et donc ne doit pas donné lieu à des protestations.’’, déclare-t-il.
D’après Umba, le but de cette taxe c’est garantir la sécurité des congolais, notamment ceux qui vivent dans l’Est en RDC où le phénomène kidnapping endeuille les familles sans qu’on arrive à geolocaliser les kidnappeurs.
’’ C’est une taxe qu’on a pas prise au hasard. Il y a de la technologie là-bas. Ça signifie que quand on te vole un téléphone, téléphone qui a un IMEI, quelqu’un d’autre ne peut l’utiliser sans qu’il ne se signale au réseau. Nous cherchons des solutions pour éviter des kidnapping à Béni. Nous voulons savoir qui appelle qui, qui achète les armes à l’est. C’est une question de sécurité. C’est fini les téléphones non geolocalisables. ’’, assène-t-il.
Cette taxe, dit-il, va permettre de geolocaliser tout téléphone, volé ou pas.
Sur la taxation des téléphones déjà en usage, le dircab du ministre Kibassa affirme qu’ils seront aussi taxés et que les modalités de perception sont à l’étude.
La taxe ainsi collectée permettra notamment de faire la maintenance du matériel de géolocalisation, conclut-il.
Alphonse Muderhwa
(Source : 7 sur 7, 28 février 2020)