RDC : la croissance d’Internet au menu d’un webinaire entre les acteurs du numérique
vendredi 4 février 2022
C’est sur le thème : « enjeux et opportunités pour la croissance d’Internet en République Démocratique du Congo, cas des FAI » que Internet Society Chapitre RD Congo – ISOC RDC a organisé, ce mercredi 2 février, sa première série d’événements autour du développement de l’infrastructure Internet et des communautés techniques.
Au cours de ce webinaire, les panelistes ont orienté leurs réflexions sur les opportunités pouvant développer l’accès et la connectivité à Internet en République Démocratique du Congo. En cette occasion, ils sont revenus sur l’état des lieux du marché de fourniture des services d’internet fixe en RDC, la valeur ajoutée de la loi no 20/017 du 25 novembre 2020 relative aux télécommunications et aux TIC en RDC, les efforts fournis par le gouvernement congolais pour faire face à la fracture numérique et l’opportunité du développement de l’ économie numérique en RDC dans le contexte de la protection de données et télécoms.
S’agissant de l’état des lieux du marché de fourniture d’internet fixe en RDC, les panelistes ont précisé que ce secteur fait face au manque de capitaux, à la fracture numérique et aux conséquences économiques de la crise sanitaire en cours. Pour autant, le gouvernement congolais ne baisse pas les bras face aux défis. D’après Paterne Kadiat, conseiller infrastructure numérique auprès du ministre des Postes télécommunications et nouvelles technologies de l’information et de la communication, « les autorités congolaises poursuivent des réflexions pour le déploiement d’infrastructures capable de mettre fin à la fracture numérique entre les zones urbaines et les zones rurales, la promotion des partenariats public-privé et la mise en place d’Internet à haut débit sur l’ensemble du territoire national », a-t-il déclaré. Abondant dans le même sens, Tony Munongo, conseiller en postes télécommunications et nouvelles technologies de l’information et de la communication à la Primature a noté que les réflexions du gouvernement congolais s’inscrivent dans « le cadre du plan national du numérique horizon 2025. »
De son côté, Romain Ciza, directeur de l’observatoire de la concurrence et statistiques à l’Agence de régulation des postes, télécommunications (ARPTC) a insisté sur les caractéristiques du marché d’Internet fixe en RDC. Selon lui, ce secteur est dominé par « un faible niveau d’abonnement pour les offres de masse, l’absence de statistiques, la présence limitée d’Internet fixe dans une dizaine de villes du pays, un faible niveau de contrôle de régulateur, un faible niveau de création d’emploi et une collaboration difficile avec le régulateur et un marché avec plusieurs segments (offres de masse, offres professionnelles). » Sa communication a été soutenue par le Professeur Kodjo Ndukuma, expert en droit numérique qui a noté que « l’Internet fixe fait face à la concurrence du marché de l’internet mobile en RDC ». Chiffres à l’appui, le Professeur Kodjo a fait remarquer en outre que le taux de pénétration d’internet mobile reste faible en dépit de l’évolution des TIC dans le pays.
Développement de l’infrastructure Internet en RDC
En quoi la nouvelle législation permet-elle le développement des acteurs pour la concurrence ? Me Prosper Ntetika, expert juridique au sein du ministère du numérique a fait savoir que la loi n°20/017 du 25 novembre 2020 relative aux télécommunications et aux TIC « constitue une évolution sur le cadre réglementaire au pays », ajoutant qu’elle est un cadre qui permet aux fournisseurs d’accès à internet (FAI) d’évoluer afin de « résoudre la fracture numérique. »
Sur la question relative à l’opportunité du développement de l’économie numérique en RDC dans le contexte de la protection de données et télécoms, Deborah Bowers de Ceverna a rappelé que l’économie numérique englobe « de nouveaux modèles économiques qu’utilisent la technologie pour fournir des biens et services tels que l’administration électronique, le commerce électronique,… » Parlant des lois, elle a précisé que l’arsenal juridique congolais contient des lois relatives à la protection de données qui sont fondées sur la protection des droits de l’homme, le droit à la liberté à la religion, la sécurité de la communication et le droit à la vie privée.
Face aux défis et opportunitésdu développement du secteur numérique congolais, les panelistes ont formulé une dizaine de recommandations pour accroitre l’accès à l’internet au en RDC. Parmi elles, il y a l’établissement des indicateurs de marché de l’internet fixe par l’Autorité de régulation de la poste et des télécommunications du Congo (ARPTC), la transparence et la lisibilité sur les procédures, les délais et les coûts de licence pour opérer en RDC en tant que fournisseur d’accès à Internet (FAI), la conscientisation des fournisseurs d’accès à Internet (FAI) pour fournir les statistiques adéquats pour le suivi des indicateurs de marché et l’établissement de nouveaux titres d’exemption pour développer l’infrastructure Internet.
Ce webinaire autour du développement de l’infrastructure Internet et des communautés techniques s’inscrit dans le cadre des priorités de Internet Society Chapitre RD Congo – ISOC RDC.
Enock Bulonza
(Source : CIO Mag, 4 février 2022)