Rapatriements des bénéfices touristiques : Renverser la tendance en un seul clic
samedi 26 novembre 2005
On s’est souvent demandé comment les Technologies de l’information et de la communication (Tic) pouvaient être un facteur de développement. Le rapport 2005 de la Cnuced sur « l’économie de l’information » dont la sortie a coïncidé avec la tenue à Tunis du Sommet mondial sur la société de l’information(Smsi) (16-18 nov 2005), illustre bien l’alternative du tourisme électronique pour les pays en développement comme le Sénégal, pour faire demeurer les recettes touristiques dans le pays.
E-commerce, e-gouvernement, e-tourisme... Cela peut sembler un phénomène de mode et pourtant ce n’est qu’une évolution logique dans la sphère de la nouvelle économie. Dans ce contexte, il apparaît qu’au cours des quelques dernières années, les Technologies de l’information et de la communication (Tic) ont eu des incidences croissantes sur la promotion, la commercialisation et les ventes notamment dans le secteur du tourisme. Le rapport 2005 de la Cnuced (Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement) sur l’économie de l’information, paru au moment où se tenait du 16 au 18 novembre 2005 à Tunis la deuxième phase du Sommet mondial sur la société de l’information (Smsi) montre que souvent, les revenus issus du tourisme, au lieu de demeurer dans les pays pauvres, sont accaparés par les grandes agences de voyage, les chaînes d’hôtels, les centrales de réservation et les transporteurs établis aux Usa et en Europe qui dominent le marché international des voyages et séjours à l’étranger. Pour renverser cette tendance, il semble que l’alternative pour les pays pauvres réside dans la mise en place par ces derniers de systèmes en ligne permettant de planifier les voyages, faire des réservations et effectuer des règlements. En somme, des sites Web gérés au niveau national permettant aux clients potentiels d’effectuer toutes les démarches nécessaires à l’organisation d’un voyage (recherche d’hôtels, réservations, etc...) par voie électronique.
Cette alternative représente une opportunité de taille pour les Pma africains où, semble-t-il, jusqu’à 85% du total des bénéfices provenant de l’industrie touristique sont rapatriés vers des pays développés. Cependant, on note que si 24 pays les moins avancés ont aujourd’hui des sites Web consacrés au tourisme, il s’agit toutefois pour la plupart de simples portails d’information qui ne proposent pas de services de réservation ou de règlement en ligne.
Aussi, le rapport de la Cnuced de souligner que pour faire valoir directement auprès de la clientèle potentielle leurs différents atouts et de supplanter ainsi la concurrence, ces pays doivent-ils au préalable réorganiser les services relatifs au tourisme et créer des sites Web d’accès facile pour permettre aux hôtels, aux banques et aux agences de voyages du pays, d’offrir la totalité des services dont ont besoin les touristes pour organiser leurs voyages. Et si les régions en développement où l’accès à internet et son utilisation sont limités peuvent avoir des difficultés à mettre en place de tels réseaux, il semble que le jeu en vaut tout de même la chandelle, note le rapport de la Cnuced qui fait valoir que l’expérience de l’organisation du tourisme des Caraïbes montre qu’il y a tout à y gagner. Plus de 2 millions de visiteurs consulteraient chaque année son site Web créé en fin 2000. Les touristes ont en effet de plus en plus recours aux achats en ligne et comme en témoigneraient de récentes études américaines, 56% des internautes planifieraient leurs vacances (réservations d’hôtels et billets d’avion) en ligne.
Il reste, bien entendu, que les lacunes et obstacles internes concernant la technologie, les paiements, les télécommunications et l’utilisation des outils informatiques sont particulièrement difficiles à surmonter, c’est là, comme le note le rapport de la Cnuced, que les gouvernements et les organismes touristiques nationaux et régionaux des pays pauvres ont un rôle central à jouer dans la mise en place des infrastructures techniques et la coordination des activités, en retenant qu’une promotion efficace du tourisme via internet peut aider les pays en développement à construire leur propre image de marque, à mettre au point de nouveaux produits, à valoriser leurs ressources touristiques, élargir leur clientèle et conserver une plus grande part des bénéfices issus du tourisme. Sous ce rapport, il serait d’ailleurs judicieux pour un pays comme le Sénégal où le commerce électronique en est encore à ses balbutiements, de mettre à profit la 16ème l’Assemblée générale de l’Organisation mondiale du tourisme (Omt) qu’il s’apprête à abriter du 28 novembre 2005 au 02 décembre 2006, pour booster les jalons d’un genre nouveau de tourisme : le e-tourisme.
Malick Ndaw
(Source : Sud Quotidien, 26 novembre 2005)