Radios rurales : Un rayon de diffusion qui ne va pas loin
mardi 27 janvier 2004
« Le problème fondamental des radios rurales, c’est qu’elles sont nées et sevrées en même temps ». La remarque est de Ndongo Sarr, directeur de Jéeri Fm, qui émet sur la 97.00 à Keur Momar Sarr (58 km de Louga). Créée pour favoriser une communication de proximité entre les communautés, la radio rurale est aujourd’hui pratiquement livrée à elle-même. Aujourd’hui, les problèmes dont souffrent les radios communautaires rurales sont similaires et ont pour noms : faiblesse des zones de couverture, retard dans l’appropriation des nouvelles technologies de l’information et de la communication, insuffisance des heures de diffusion. Pour Jéeri Fm, qui participe à faire vivre les populations du Njambur, la zone de couverture se limite actuellement dans un rayon de 15 à 20 km alors qu’au début la radio s’étendait sur une cinquantaine de km. « Cette situation, liée à une panne d’émetteur, indique Ndongo Sarr, fait qu’aujourd’hui la radio ne polarise plus que la moitié des quinze communautés rurales de la zone ». Abondant dans le même sens, le directeur de la radio Tim Timol de Matam, Malé Fall, insiste sur la nécessité de renforcer les moyens des radios communautaires d’autant que « ces radios favorisent une nouvelle dynamique participative au service des ruraux ».
Face à la directrice de Amarc/Afrique, Malé Fall, a énuméré ses besoins, constitués notamment d’une table de mixage, du matériel de reportage, d’un émetteur d’un km pour couvrir un rayon d’action de 150 km. « L’objectif, note M. Fall, c’est d’atteindre le Ferlo, précisément le département de Ranérou ». Aussi, Tim Timol, (arc-en-ciel en pulaar), évolue dans des conditions climatiques peu enviables. Installée dans une zone où les vents de sable polluent l’environnement, la radio a surtout besoin de techniciens compétents pour la maintenance du matériel d’équipement. Pour Khady Diop, directrice de Niani Fm à Koumpentoum (100 km de Tamba) l’urgence se trouve aujourd’hui dans le renouvellement du matériel de fonctionnement de la radio. Forte d’un personnel jeune, Niani Fm, qui fait exception et introduit la question genre dans la gestion des radios (voir encadré) couvre également le terroir du Bambouck. La radio bénéficie de concours d’agents polyvalents et parfois multilingues. La grille des programmes de Niani Fm est enrichie, en plus du théâtre radiophonique, par les tournées des agents au niveau des marchés hebdomadaires de la zone.
A Fissel Mbadane, où émet l’aînée des radios communautaires sénégalaises, Penc-mi sur la 90.6, les coupures intempestives de la Senelec participent à réduire le temps de diffusion de la radio. Les populations ont créé un club des auditeurs pour participer à la vie de la radio.
Ndef Leng Fm qui émet sur la 93.4 à Dakar, précisément aux Hlm 2, est l’une des rares radios communautaires qui développe des émissions interactives par le biais d’un serveur vocal même si reconnaît, son directeur Babacar Diouf, « le matériel de la radio est rudimentaire ».
Mbagnick NGOM
(µSource : Wal Fadjri 27 janvier 2004)