Radios communautaires au Sénégal : Un secteur encore en quête de reconnaissance
mardi 13 janvier 2004
Près de huit ans après la naissance de l’aînée, Penc mi de Fissel Mbadane, les radios communautaires se cherchent encore. « Elles ne sont pas encore prises au sérieux », se désole un responsable de station. A en croire la présidente du Réseau international des femmes de l’Association mondiale des radios communautaires (Amarc) basée à Johannesburg, en Afrique du Sud, cette situation s’explique par le fait que les gens considèrent que les radios communautaires sont pour l’essentiel animées par des acteurs sans compétence. Et pourtant, fait remarquer Mme Fatou Bintou Mbaye, ces radios sont des outils de développement à la base ; il importe de leur donner la place qu’il faut à tous les niveaux, notamment étatique, communautaire et surtout au niveau des Ong qui sont des partenaires privilégiées.
Aujourd’hui, le combat de la reconnaissance devra se mener avec la mobilisation des différents acteurs du milieu. C’est tout le sens de la visite de prise de contact des responsables des radios communautaires, (initiée le week-end dernier, et qui se poursuit ce mardi à Dakar) sous la houlette de l’Association des radios et projets de radios associatives, rurales et communautaires du Sénégal (Arpac). Les responsables de l’Arpac sont accompagnés dans cette tournée par la directrice régionale de l’Amarc pour l’Afrique. Mais la présence de Mme Michelle Ndiaye Ntab s’explique surtout par les besoins de lancer le « Programme Catia » de l’Amarc mis en place pour renforcer les radios communautaires (voir encadré). Par ailleurs, les stratégies qui seront mises en œuvre pour développer les radios communautaires vont essentiellement « reposer sur le développement du partenariat ». Aujourd’hui, souligne Boubacar Khalil Ndiaye, président de l’Arpac, « il importe de s’ouvrir davantage aux partenaires qui étaient en attente d’une visibilité sur l’Arpac ». Pour des acteurs des médias communautaires qui aspirent à se faire une place dans ce « monde totalement ouvert et où les partenaires au développement veulent atteindre les communautés de base », l’important, c’est d’arriver à développer des stratégies participatives. C’est pourquoi, au-delà du partenariat entre professionnels du milieu, « l’Arpac entend s’investir dans le développement d’une synergie entre les radios pour faciliter les échanges de programmes et autres outils de travail ».
Seulement, il semble qu’aujourd’hui l’urgence se trouve aussi dans la redéfinition de « la radio communautaire, qui est par essence une radio de proximité ». Et « cette proximité, précise Babacar Diouf, directeur de Ndef leng Fm, ce n’est pas par rapport à l’aire géographique mais c’est par rapport à des préoccupations des populations cibles ».
Les quarante-huit heures passées sur le terrain à visiter des radios communautaires et qui ont permis de faire le tour de six stations (Jéeri Fm de Keur Momar Sarr, Gaynaako Fm de Namarel, Tim Timol de Matam, Niani Fm de Koumpentoum et Penc Mi Fm de Fissel Mbadane), ont surtout aidé à voir le niveau d’équipement assez modeste de ces radios. Ce qui n’a d’ailleurs pas échappé à la directrice régionale de l’Amarc qui note que « les radios communautaires sont certes très sommaires mais elles tiennent le pouls de la population ».
Mbagnick NGOM
(Source : Wal Fadjri 13 janvier 2004)