Rachat de licence de TIGO : L’ultimatum de Macky expire sans effet
lundi 19 février 2018
Le président Macky Sall a beau exhorté les protagonistes du rachat de l’opérateur de télécommunication Tigo, rien n’y fait.
Le délai de deux mois qu’il avait donné en décembre a expiré sans qu’aucune solution d’entente ne pointe à l’horizon. Milllicom est en passe de finaliser son deal avec le consortium de Xavier Niel et de Yérim Sow au moment où Kabirou Mbodje de Wari ne compte plus que sur la justice pour épouser la belle.
Le petit arrangement avec le réseau n’a pu être possible. Le message du chef de l’Etat a été sans doute parasité par les intérêts divergents des différentes parties. L’orgueil des hommes d’affaires aussi. En effet, le délai de deux mois donné par Macky Sall aux parties concernées par le rachat de la licence de télécommunication de la filiale sénégalaise de Millicom international cellular (Tigo-Sénégal), lors du Conseil présidentiel de ce lundi sur la politique économique et sociale, est dépassé sans qu’aucune solution ne soit trouvé à ce problème.
« Le gouvernement va convoquer ses partenaires de Tigo et ceux qui veulent reprendre Tigo, que ce soit Wari ou bien le consortium de M. Xavier Niel et des autres », avait déclaré le président Sall. Qui avait assuré que l’Etat donnera le temps qu’il faut, « au maximum un mois et demi ou deux mois pour trouver un accord entre eux », pour un arrangement dans cette affaire entre privés.
Kabirou Mbodj, Président directeur général de la plateforme de services financiers Wari, qui s’était adjugé l’affaire pour 80 milliards de francs Cfa avant que Millicom ne casse le deal pour défaut de paiement à date, continue de se réclamer acquéreur de cette affaire du siècle pour un privé sénégalais.
Mais d’un autre côté, fort de la non conclusion de la vente définitive, Millicom a signé un nouvel accord de vente avec le consortium composé du Groupe Teyliom Telecom, de NJJ, et du Groupe Axian. « Ce nouvel accord présente des garanties plus sûres pour les Sénégalais avec l’arrivée d’un consortium qui a une parfaite maîtrise de l’environnement télécoms et qui a fait ses preuves dans d’autres pays en termes d’innovations et démocratisation des télécoms », indiquait Tigo dans un communiqué après l’annonce d’une plainte de Wari qui s’est sans doute senti humilier.
Si les parties n’ont rien fait pour un dénouement de cette crise depuis l’annonce de cet ultimatum de Macky Sall, l’épilogue de cette comédie en trois actes est presque certain : le consortium amené par l’opérateur français Free de Xavier Niel est presque sûr de décrocher la timbale. En effet, des sources de WalfQuotidien proches des tractations renseignent que « l’affaire est presque pliée » pour le gendre de Bernard Arnault Pdg de LVMH, leader mondial de l’industrie du luxe en termes de chiffre d’affaires.
Selon ces sources, M. Niel, personnalité française incontournable du monde des affaires, a profité du dernier passage de Macron à Dakar dans le cadre d’une conférence sur l’éducation pour « achever le deal avant de presser l’Orange ». Cela après avoir convaincu le Premier ministre, Mahammad Boun abdallah Dionne a visité ses installations à Paris lors d’un bref séjour en France où il était censé se reposer après les dernières législatives.
Ainsi, s’il a jusqu’ici affiché une neutralité dans cette affaire, le gouvernement risque de profiter de la rétractation de Millicom et son intransigeance à ne plus vendre au propriétaire du Groupe Wari pour s’en laver les mains. Et bonjour les pleurnicheries du secteur privé national après cet énième coup de son propre Etat qui met souvent beaucoup de hargne à défendre les entreprises françaises qui viennent chasser en meute au Sénégal.
Seyni Diop
(Source : Wal Fadjri, 19 février 2018)