OSIRIS

Observatoire sur les systèmes d’information, les réseaux et les inforoutes au Sénégal

Show navigation Hide navigation
  • OSIRIS
    • Objectifs
    • Partenaires
  • Ressources
    • Société de l’Information
    • Politique nationale
    • Législation et réglementation
    • Etudes et recherches
    • Points de vue
  • Articles de presse
  • Chiffres clés
    • Le Sénégal numérique
    • Principaux tarifs
    • Principaux indicateurs
  • Opportunités
    • Projets

Accueil > Articles de presse > Année 2025 > Juillet 2025 > Quand la souveraineté fiscale du Sénégal bouscule les géants de l’audiovisuel

Quand la souveraineté fiscale du Sénégal bouscule les géants de l’audiovisuel

jeudi 24 juillet 2025

Fiscalité

Le nouveau gouvernement sénégalais impulse une réforme ambitieuse dans la gestion des redevances audiovisuelles, visant à rationaliser l’exploitation des fréquences par les médias internationaux. Si le député Guy Marius Sagna salue une rupture courageuse avec les pratiques du passé, certaines radios comme RFI et Radio Chine internationale expriment leurs réserves, entre flou administratif et absence de notification formelle. De son côté, Canal+ choisit de répercuter la nouvelle charge fiscale sur ses abonnés, provoquant l’indignation de SOS Consommateurs. Plongée dans un dossier brûlant où se croisent souveraineté économique, justice fiscale et tensions diplomatiques.

‘’La gouvernance change avec les patriotes’’, a lancé récemment le député Guy Marius Sagna, en félicitant le gouvernement sénégalais d’avoir engagé une réforme en profondeur du régime des redevances audiovisuelles. L’objectif affiché : mettre fin à une forme d’iniquité structurelle dans l’exploitation des fréquences nationales par des groupes de presse étrangers, souvent à des tarifs dérisoires, sans rapport avec leurs capacités économiques.

Le parlementaire a cité plusieurs cas emblématiques. Radio France internationale (RFI), forte de ses neuf fréquences réparties sur le territoire sénégalais, ne payait que 10 millions F CFA par an. Désormais, elle devra s’acquitter de 675 millions F CFA. Même logique pour Radio Chine internationale, dont la redevance passe à 150 millions F CFA, alors qu’elle ne comptabilise que deux fréquences, voire une seule, selon ses propres responsables.

Quant à Canal+, le bouquet télévisuel français payait jusqu’en 2021, 20 millions F CFA, avant de passer à 75 millions F CFA. Le gouvernement du président Bassirou Diomaye Faye et du Premier ministre Ousmane Sonko, sous la houlette du ministre de la Communication Alioune Sall, a décidé de lier désormais la redevance audiovisuelle à une part du chiffre d’affaires. Résultat : Canal+ devra verser chaque année 9 % de ses revenus réalisés au Sénégal, soit environ 4,5 milliards F CFA pour l’année 2024.

Une mesure saluée comme un acte fort de souveraineté budgétaire. Le Trésor public, qui ne percevait que moins de 100 millions F CFA par an, pourrait ainsi engranger plus de 5 milliards F CFA, rien que pour l’exercice en cours. Un bond spectaculaire qui reflète une nouvelle philosophie de gestion des ressources immatérielles.

Des zones d’ombre et des répliques nuancées

Mais cette réforme, aussi légitime soit-elle sur le plan économique, suscite des interrogations, voire des réticences chez les acteurs concernés. Du côté de RFI, on affirme que le dossier est exclusivement géré par le siège parisien de France Médias Monde. ‘’Je n’ai pas beaucoup d’informations. Je gère uniquement les langues africaines’’, confie une source interne.

Toutefois, la même source reconnaît qu’un arrêté a été pris et publié dans le ‘’Journal Officiel’’, à l’initiative du gouvernement sénégalais. ‘’Je sais que cette réforme fait l’objet de discussions et que le président lui-même a souhaité un nouveau débat. Tout cela reste encore assez flou pour le moment’’, précise-t-elle, laissant entendre qu’aucune notification formelle n’a été envoyée à ce jour à la direction générale.

Même son de cloche, voire plus tranché, du côté de Radio Chine internationale. Madame Tai, responsable administratif et financier, se montre dubitative : ‘’Ma collègue a vu passer cette information en ligne, mais je n’ai trouvé aucun article officiel ni courrier provenant des autorités compétentes.’’

Elle conteste également le chiffre de deux fréquences : ‘’Nous n’avons qu’une seule fréquence au Sénégal.’’

Une remarque qui soulève la question de la transparence dans l’évaluation des fréquences attribuées et des bases tarifaires. Qui a vérifié ? Sur quelles données se fonde le calcul ?

Selon plusieurs sources proches du dossier, l’ARTP (Autorité de régulation des télécommunications et des postes) n’a pas encore notifié formellement ces nouveaux montants aux entités concernées.

Le cas Canal+ : un transfert de charge sur les abonnés

Mais c’est sans doute dans le cas de Canal+ que la réforme prend une tournure plus conflictuelle. Dès l’annonce de l’augmentation drastique de sa redevance, le groupe audiovisuel a opéré un glissement controversé : les abonnés paieront à sa place.

Les tarifs d’abonnement ont ainsi été revus à la hausse sans concertation ni préavis. De 5 000 F CFA à 5 500 F CFA, de 10 000 F CFA à 11 000 F CFA, de 15 000 F CFA à 16 500 F CFA, de 20 000 F CFA à 22 000 F CFA et même de 52 000 F CFA à 72 500 F CFA pour les offres premium, soit près de 10 % d’augmentation sur toute la grille tarifaire.

‘’Canal+ veut ainsi faire payer à ses abonnés les redevances que l’État lui réclame. Cela est injuste et inacceptable’’, s’insurge Maitre Massokhna Kane, président de l’association SOS Consommateurs. Il dénonce un passage en force, un mépris des clients et une absence totale d’effort de modération.

‘’C’est un manque de respect et de considération. Ils auraient pu amortir la charge, proposer une grille progressive ou ouvrir un dialogue’’.

L’avocat et militant des droits des usagers entend aller plus loin. Il annonce une procédure judiciaire collective contre Canal+ et appelle les abonnés à se regrouper pour signer une pétition de contestation. Une plateforme numérique baptisée ‘’Yoolé’’ a été lancée pour recueillir les plaintes et préparer une action en justice.

La réforme en cours soulève un débat fondamental : comment garantir la souveraineté budgétaire du Sénégal sans fragiliser ses relations avec les médias internationaux ni pénaliser les consommateurs ? La question n’est pas théorique. Elle touche à des équilibres sensibles entre régulation économique, liberté de la presse, partenariats diplomatiques et droits des usagers.

Pour certains observateurs, la réforme est salutaire. Elle met fin à des privilèges longtemps tolérés, souvent au détriment de l’État. Elle inscrit le Sénégal dans une logique de justice fiscale, où chacun contribue à hauteur de ses moyens. Elle envoie aussi un signal fort aux multinationales : exploiter une fréquence au Sénégal a un prix.

Mais pour d’autres, l’absence de concertation, la brutalité de l’exécution et l’impréparation technique risquent de desservir la réforme elle-même.

La réforme des redevances audiovisuelles constitue l’un des premiers vrais tests de gouvernance pour le régime Diomaye-Sonko. Elle traduit une volonté assumée de rompre avec le laxisme budgétaire, de maximiser les ressources nationales et de rééquilibrer les rapports avec les multinationales.

Mais toute réforme structurelle, aussi légitime soit-elle, appelle rigueur, pédagogie et concertation.

Le gouvernement aura intérêt à trancher subtilement : soit il poursuit sur la voie de la fermeté, avec le risque de tensions diplomatiques et sociales, soit il engage un dialogue pour sécuriser ses recettes tout en préservant la stabilité du paysage médiatique et les droits des usagers.

Car dans un pays où les médias jouent un rôle essentiel dans la vitalité démocratique et où la télé est un bien de première nécessité, toute réforme doit rimer avec équité, transparence… et justice sociale.

Amadou Camara Guèye

(Source : Enquête, 24 juillet 2025)

Un message, un commentaire ?

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

Fil d'actu

  • TIC ET AGRICULTURE AU BURKINA FASO Étude sur les pratiques et les usages Burkina NTIC (9 avril 2025)
  • Sortie de promotion DPP 2025 en Afrique de l’Ouest Burkina NTIC (12 mars 2025)
  • Nos étudiant-es DPP cuvée 2024 tous-tes diplomés-es de la Graduate Intitute de Genève Burkina NTIC (12 mars 2025)
  • Retour sur images Yam Pukri en 2023 Burkina NTIC (7 mai 2024)
  • Quelles différences entre un don et un cadeau ? Burkina NTIC (22 avril 2024)

Liens intéressants

  • NIC Sénégal
  • ISOC Sénégal
  • Autorité de régulation des télécommunications et des postes (ARTP)
  • Fonds de Développement du Service Universel des Télécommunications (FDSUT)
  • Commission de protection des données personnelles (CDP)
  • Conseil national de régulation de l’audiovisuel (CNRA)
  • Sénégal numérique (SENUM SA)

Navigation par mots clés

  • 2125/2260 Régulation des télécoms
  • 173/2260 Télécentres/Cybercentres
  • 1556/2260 Economie numérique
  • 807/2260 Politique nationale
  • 2260/2260 Fintech
  • 254/2260 Noms de domaine
  • 831/2260 Produits et services
  • 708/2260 Faits divers/Contentieux
  • 363/2260 Nouveau site web
  • 2194/2260 Infrastructures
  • 806/2260 TIC pour l’éducation
  • 91/2260 Recherche
  • 121/2260 Projet
  • 1422/2260 Cybersécurité/Cybercriminalité
  • 867/2260 Sonatel/Orange
  • 789/2260 Licences de télécommunications
  • 133/2260 Sudatel/Expresso
  • 474/2260 Régulation des médias
  • 634/2260 Applications
  • 506/2260 Mouvements sociaux
  • 768/2260 Données personnelles
  • 60/2260 Big Data/Données ouvertes
  • 295/2260 Mouvement consumériste
  • 179/2260 Médias
  • 321/2260 Appels internationaux entrants
  • 786/2260 Formation
  • 51/2260 Logiciel libre
  • 872/2260 Politiques africaines
  • 448/2260 Fiscalité
  • 83/2260 Art et culture
  • 285/2260 Genre
  • 762/2260 Point de vue
  • 486/2260 Commerce électronique
  • 720/2260 Manifestation
  • 156/2260 Presse en ligne
  • 62/2260 Piratage
  • 102/2260 Téléservices
  • 443/2260 Biométrie/Identité numérique
  • 151/2260 Environnement/Santé
  • 159/2260 Législation/Réglementation
  • 167/2260 Gouvernance
  • 861/2260 Portrait/Entretien
  • 72/2260 Radio
  • 343/2260 TIC pour la santé
  • 133/2260 Propriété intellectuelle
  • 30/2260 Langues/Localisation
  • 505/2260 Médias/Réseaux sociaux
  • 939/2260 Téléphonie
  • 95/2260 Désengagement de l’Etat
  • 488/2260 Internet
  • 57/2260 Collectivités locales
  • 190/2260 Dédouanement électronique
  • 509/2260 Usages et comportements
  • 518/2260 Télévision/Radio numérique terrestre
  • 275/2260 Audiovisuel
  • 1426/2260 Transformation digitale
  • 191/2260 Affaire Global Voice
  • 76/2260 Géomatique/Géolocalisation
  • 150/2260 Service universel
  • 330/2260 Sentel/Tigo
  • 88/2260 Vie politique
  • 745/2260 Distinction/Nomination
  • 17/2260 Handicapés
  • 342/2260 Enseignement à distance
  • 323/2260 Contenus numériques
  • 292/2260 Gestion de l’ARTP
  • 89/2260 Radios communautaires
  • 835/2260 Qualité de service
  • 213/2260 Privatisation/Libéralisation
  • 66/2260 SMSI
  • 226/2260 Fracture numérique/Solidarité numérique
  • 1296/2260 Innovation/Entreprenariat
  • 655/2260 Liberté d’expression/Censure de l’Internet
  • 23/2260 Internet des objets
  • 86/2260 Free Sénégal
  • 188/2260 Intelligence artificielle
  • 98/2260 Editorial
  • 12/2260 Yas

2025 OSIRIS
Plan du site - Archives (Batik)

Suivez-vous