Quand la mode tutoie le web, entretien avec Claire Kane
vendredi 31 décembre 1999
Elle compte parmi les plus grands talents de la mode. Française et Sénégalaise, Claire Kane a inventé un style
qui n’appartient qu’à elle en révolutionnant l’utilisation du pagne en coton tissé. C’est aussi la première styliste
vivant en Afrique de l’Ouest à avoir créé son site web il y a deux ans, où l’on peut passer des commandes.
Pionnière dans bien des domaines de la mode, Claire Kane explique ce que lui apporte Internet.
Pourquoi avez-vous décidé de créer votre site web ?
Des amis qui dirigent une agence de communication et qui sont de fervents adeptes d’internet m’ont proposé
cette aventure. J’ai décidé de m’y lancer car cela représentait une initiative à la fois avant-gardiste - dans la
mesure où même les grands créateurs n’avaient pas de site aussi complet - et prometteuse sur le plan
commercial. Pour moi, Sénégalaise, c’est un fabuleux outil pour communiquer à distance sur mon travail.
Comment se présente votre site ?
On y trouve quasiment tout ce qui concerne mon travail. Son environnement : la boutique, les ateliers de tissage
et de confection, la sérigraphie. Une présentation très détaillée de mes dernières collections ; une revue de
presse ; des news ; une « présentation de la styliste », etc. En plus, le site offre la possibilité de passer des
commandes.
Effectuez-vous beaucoup de ventes via le site ?
Jusqu’à présent, elles ont été peu nombreuses. Mais tant que nous n’avons pas mis en place le paiement "on
line", il est difficile de mesurer les retombées en termes de ventes. Le site est très consulté. Il est imprimé une fois sur deux, ce qui est énorme.
Professionnellement, il m’apporte une vitrine, beaucoup de contacts, de la presse et, plus ou moins directement quelques ventes. Le paiement « on line »
va fonctionner très prochainement. Un site web est une opération à long terme. Il est encore trop tôt pour mesurer toutes ses retombées.
Quelles ont été vos difficultés pour créer un tel site ?
La principale difficulté a été la distance entre l’agence « Comalber » à Paris, chargée de la création du site, et moi-même, à Dakar. Nous avons parfois eu
du mal à communiquer sur le style, l’esthétique visuelle et les systèmes de référencements. C’est toujours « Comalber » qui gère l’animation du site en
tenant compte des nouvelles collections et des nouveaux événements.
Dans votre métier, vous servez-vous quotidiennement d’internet ?
Oui, quasiment. Surtout de l’e-mail qui est devenu l’instrument indispensable pour communiquer à distance lorsque l’on sait à quel point les
communications téléphoniques coûtent cher depuis l’Afrique. Ces dernières années, j’ai monté toutes les opérations à l’étranger grâce au Net.
Comment comptez-vous développer votre site ?
Hormis le paiement « on line », je veux communiquer sur les relations que je développe avec certains musiciens. Ma dernière collection a pour thème le
reggae. Le groupe Steel Pulse a choisi mes vêtements pour sa dernière tournée. Je travaille aujourd’hui avec des musiciens de Tuff Gong, la maison de
disques des Marley. Mon site web et internet ont facilité toutes ces connexions.
Propos recueillis par Ayoko Mensah
(Africultures n° 23 décembre 1999)