Propriété intellectuelle et transfert de technologies : Des experts africains planchent sur les questions juridiques
mercredi 31 mars 2004
L’insuffisance d’informations et de moyens de gestion appropriée de la propriété intellectuelle et de l’innovation technologique, face aux réalités des pays en développement, a motivé l’organisation, depuis hier à l’UCAD II de Dakar, d’un séminaire international de sensibilisation et de formation sur la gestion des droits de la propriété intellectuelle et le transfert de technologie (le cas de la biotechnologie).
Il a été ouvert par Landing Savané ministre d’Etat, ministre de l’Industrie et de l’Artisanat et vise à mettre en place un cadre institutionnel et communicationnel pour une gestion rationnelle des inventions et innovations technologique, profitable au secteur économique et capable de donner un coup de fouet à la recherche scientifique.
Des experts de haut niveau, des décideurs politiques, ainsi que des acteurs du développement, notamment des opérateurs et chercheurs économiques venus du Bénin, du Mali, du Burkina Faso, du Gabon et du Sénégal y prennent part. Ce sera jusqu’au 2 Avril 2004. Landing Savané s’est félicité de l’organisation de ce séminaire par l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD), en collaboration avec l’Université de Michigan State et la Commission Economique pour l’Afrique.
Son département, a-t-il indiqué, est particulièrement sensible aux efforts de sa structure pour le développement des produits de la recherche, en créant un environnement favorable à la créativité et à l’innovation dont la propriété intellectuelle constitue, à ses yeux, une variable stratégique essentielle. Il a souligné au passage la pleine conscience du gouvernement sur le rôle et l’importance des enjeux mondiaux des questions relatives à la propriété intellectuelle, en faisant allusion aux “ nombreux ” accords et conventions sur la propriété intellectuelle, signés et ratifiés par le Sénégal.
C’est ainsi qu’il a dit la nécessité, pour les pouvoirs publics, les universités et instituts de recherche, ainsi que le secteur privé, “ dans une complicité mutuelle avantageuse ”, de s’engager à la promotion de la propriété intellectuelle. Parce que, a-t-il déclaré, l’avenir de nos pays est grandement tributaire de notre relation avec la science et la technologie. “ Cela est d’autant plus vrai que nous sommes dans un monde où les actifs immatériels deviennent de plus en plus des leviers essentiels de développement ”.
Dès lors, pour le ministre, le rôle de l’université devient aujourd’hui plus que jamais central, dans la construction de la société du savoir pour le développement économique et social de nos pays. Il a toutefois précisé que l’action de l’Université doit être complétée et soutenue par celles des pouvoirs publics et promoteurs économiques, grâce à un partenariat “ gagnant ”. M. Savané a révélé que le gouvernement, conscient de cette exigence, s’est engagé dans la mise en place d’un cadre législatif et réglementaire approprié et incitatif à l’innovation et au transfert de technologie.
Il a expliqué que la création de l’Agence sénégalaise pour l’Innovation technologique entre dans ce cadre. Il a évoqué également la mise en place d’une politique de formation de scientifiques et d’ingénieurs de haut niveau dans tous les domaines, de ressources financières capables de motiver la recherche et le transfert de technologie (Fonds national de la Recherche agricole et agronomique, par exemple).
Landing Savané a, par ailleurs, évoqué la mise en place d’une infrastructure opérationnelle, apte à promouvoir et à diffuser la technologie, avec une diffusion de l’utilisation des Nouvelles technologies de l’Information et de la Communication. Il n’a pas oublié l’installation d’un dispositif de promotion de la propriété industrielle. Il s’est en outre déclaré convaincu que des travaux de ce séminaire de trois jours sortiront des résultats pertinents qui vont contribuer au renforcement de la culture de la propriété intellectuelle dans nos pays et de son utilisation pour le progrès économique et social de nos populations.
C’est ainsi qu’il a salué le partenariat entre l’Université de Michigan, l’UCAD et la Commission économique pour l’Afrique dans le domaine de la propriété intellectuelle. Il a souhaité que cela ouvre des perspectives heureuses pour le renforcement des capacités de l’UCAD, en général, et en matière de propriété intellectuelle, en particulier, “ afin qu’elle se positionne comme centre d’excellence dans ce domaine en Afrique et dans le monde ”.
Quant au Dr Gassama Dia Yaye Kène, maître de Conférences biotechnologies, et le Recteur de l’UCAD (Pr. Sall), de même que M. Abdoulaye Niang, chef de l’équipe de l’agriculture et de la sécurité alimentaire à la Commission Economique pour l’Afrique des Nations Unies, ont tous souhaité qu’à l’issue de ce séminaire sous-régional, les droits de la propriété intellectuelle soient mieux défendus. Ils ont insisté sur le renforcement des relations entre les différents participants. Le directeur du centre culturel Américain a pour sa part assuré du soutien de l’Ambassadeur des Etats-Unis d’Amérique dans ce sens.
M. SADIO
(Source : Le Soleil 31 mars 2004)