La Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’ouest (Bceao) en collaboration avec la Banque mondiale a engagé depuis hier, mercredi, pour deux jours une réflexion de partage d’expériences en matière de promotion et de régulation des Fin Tech. C’est par l’entremise d’une conférence internationale sur les entreprises de technologie financière, portant thème : « Fin Tech : Défis, opportunités et perspectives pour les pays en développement ».
A l’ouverture des travaux, Elisabeth Huybens, Directrice régionale pour l’Afrique du centre et de l’ouest à la Banque mondiale dira : « L’Afrique est un leader en matière d’innovation basée sur la monnaie électronique, qui transforme les économies sur l’ensemble du continent et provoque un changement radical dans l’accès aux services financiers ». Elle illustrera son propos par des chiffres. « Le taux de pénétration des comptes de monnaies électroniques a enregistré une augmentation remarquable entre 2014 et 2017.
Ainsi la part des adultes en Afrique subsaharienne ayant un compte de monnaie électronique a presque doublé pour atteindre 21%, et près de 10% du Pib se font via la monnaie électronique, contre seulement 7% du Pib en Asie et moins de 2% dans les autres régions ». Ce qui lui fait dire : « Outre le fait de promouvoir l’inclusion sociale, l’accès aux services financiers numériques peut faire progresser des objectifs de développement plus vastes, tels que l’accès à l’eau et l’électricité ; le renforcement du capital humain ; l’amélioration de l’efficacité de la prestation des services gouvernementaux, tout comme l’accès à l’assurance indicielle et à la distribution de produits d’assurance récolte aux agriculteurs afin d’atténuer certains risques agricoles… ».
Réduire les écarts d’inclusion entre hommes et femmes
Mieux, renseigne-t-elle : « L’étude Findex 2017 montre que la technologie numérique contribue également à réduire les écarts d’inclusion financière entre les hommes et les femmes ». Toutefois, elle n’a pas manqué d’indiquer que le défi est de promouvoir les bienfaits de l’innovation tout en gérant les risques qui y sont associés.
Tiémoko Meyliet Koné, gouverneur de la Bceao mesurant toute la dimension sociale et économique de l’industrie financière dira : « La rencontre vient à point nommé car, elle permet la mesure de la transformation historique que vit le secteur financier depuis quelques années avec l’avènement des Fin tech ». Certes, souligne-t-il, « la technologie et la finance sont toujours allées de pair, mais l’ampleur de l’impact disruptif des FinTech sur le système financier a surpris les 5 régulateurs et les acteurs de la finance classique dans le monde ». D’où pour lui : « Les FinTech menacent d’obsolescence de nombreux métiers. Elles modifient profondément les pratiques des acteurs et ouvrent la porte à de nouveaux modes de fourniture et de consommation des services financiers ». Selon elle, « ces nouveautés sont alignées sur les aspirations des populations, qui aspirent à des services financiers plus simples, plus efficaces, plus adaptés, plus accessibles et moins coûteux ».
Jean-Pierre Malou
(Source : Sud Quotidien, 31 octobre 2019)
En Bref… En Bref…
Mobile Money : Une hausse moyenne annuelle de 38% notée
En Afrique, les transferts d’argent via la téléphonie marchent bien. En effet, « au niveau de l’Union monétaire ouest africaine (Umoa), l’activité d’émission de monnaie électronique a connu une croissance soutenue. Le nombre de comptes de monnaie électronique est ressorti à 62,9 millions à fin 2018 contre 25 millions en 2015, soit une hausse moyenne annuelle de 38%. En valeur, le montant total des transactions via la téléphonie mobile a été estimé à 23.534 milliards de francs CFA contre 7.415 milliards en 2015 », a fait savoir hier, mercredi, le gouverneur de la Bceao, lors de son discours d’ouverture de la conférence internationale sur les entreprises de technologie financière (Fin Tech). Ce, en présence des membres du gouvernement de la Bceao, les gouverneurs des banques centrales des Etats de l’Afrique centrale, de la Mauritanie, de la Gambie, du Ghana et de la Sierra Leone.
Selon Tiémoko Meyliet Koné, « les actions de la Bceao, qui a adhéré à l’Alliance pour l’inclusion financière (Afi) en 2011, ont permis de faire passer le taux d’utilisation des services financiers dans l’Union, donc le taux d’inclusion financière, de 26% en 2010 à 57,1% en 2018, avec une contribution de services financiers numériques dépassant le tiers. L’objectif est d’atteindre, sur un horizon de 5 ans, un taux d’inclusion financière de 75% ».
Seules 38 institutions émettent la monnaie électronique dans l’UEMOA
Au titre des émissions des monnaies électroniques, le gouverneur Koné a dit ceci : « Les initiatives de type FinTech observées à ce jour dans l’UEMOA concernent principalement les segments des services de paiement et de financement. Le nombre d’institutions autorisées à émettre de la monnaie électronique a fortement augmenté pour s’élever de 20 à 38 ».
L’UEMOA obtient une banque digitale
Toujours, selon le gouverneur Koné : « Il convient également de signaler l’agrément en 2019 de la première banque digitale de l’Union, 100% mobile, qui met à la disposition de ces clients des services de paiement, d’épargne ainsi que de crédits à la consommation et immobilier ». Par ailleurs, il a invité ses collaborateurs « à la bonne gestion du changement porté par les FinTech qui requiert de s’assurer que les nouveaux risques liés à la protection des données et à la distorsion de la concurrence soient maîtrisés ».