Projet Smart Sénégal (83 milliards) : La gestion déconnectée de Cheikh Bakhoum
lundi 2 mars 2020
D’un financement de 83 milliards pour une durée de deux ans, le projet Smart Sénégal est en passe de devenir un vrai ‘’Smart Scandale’’ au vu de la gestion peu orthodoxe du directeur général de l’Adie. Cheikh Bakhoum a passé outre la directive du président de la République de mettre en place un comité de pilotage. Il gère en solo depuis 1 an et deux mois.
Le projet Smart Sénégal du nom de cette trouvaille du Président Macky Sall pour connecter le pays tout entier à l’internet, fait parler de lui. Le programme en question entre dans le cadre de l’initiative régionale Smart Africa ; il est confié à l’Agence de l’informatique de l’Etat (Adie).
Selon nos informations, le Directeur général de l’Adie, Cheikh Bakhoum gère en ‘’solo’’, alors que le président de la République avait demandé à ce que ce projet de 83 milliards de FCFA financé par la Chine (prêt concessionnel), soit géré par un comité de pilotage.
Le comité, composé de représentants des différents ministères et entités impliqués, devait suivre Smart Sénégal pour “plus de transparence et d’efficacité”, nous souffle-t-on. Hélas le Dg de l’Adie, révèlent nos sources, pilote le projet avec l’appui d’un cabinet d’intérim en lieu et place d’un comité de pilotage dûment constitué.
Ce projet de deux ans, qui a débuté en janvier 2019 “marche” ainsi, depuis un an, sans comité de pilotage. Ce qui a suscité bien des interrogations quant à la transparence de la gestion. Le principal partenaire technique de ce projet est le géant chinois Huawei.
Bakhoum confirme le ‘’Smart scandale’’
Interpellé par Seneweb sur cette gestion solitaire, Cheikh Bakhoum panique d’emblée. « Qui vous a donné cette information ? Ça c’est une information concernant l’Etat. Pourquoi vous donnez une information comme ça ? Qui vous a donné cette information ? », insiste-t-il.
Le Dg de l’Adie finit par lâcher la réponse : « pour le moment, dit-il, il n’y a pas de comité de pilotage. On gère sectoriellement (sic) chaque projet. Sur chaque composante (5 au total) nous travaillons avec les points focaux. (…) Tous ceux qui sont recrutés dans le cadre du projet, ils sont gérés par un cabinet d’intérim », avoue-t-il.
Pour se dédouaner, Bakhoum fait porter la responsabilité à l’Etat. « Ce comité de pilotage, c’est le gouvernement qui doit le mettre en place. L’Adie est le bras technique. Il y a des possibilités qui sont en train d’être discutées » assure-t-il. Pour un projet de deux ans qui a déjà duré un an et deux mois avec 70% d’exécution, Il y a lieu de s’interroger sur la pertinence de mettre en place un comité de pilotage à ce stade.
Et d’après nos informations, l’Adie n’est même pas le bras technique, mais le maitre d’ouvrage délégué (Mod). On nous signale aussi que 7 représentants des ministères concernés et de l’Artp avaient été nommés par décision présidentielle pour faire partie du comité de pilotage que Bakhoum n’a jamais mis sur place.
D’après notre source, ces derniers refusent aujourd’hui de servir de caution morale à une gestion à laquelle ils ne sont pas comptables.
Le projet en résumé
Pour rappel, le programme Smart Sénégal vise à « déployer des infrastructures réseaux et de télécommunications et de mettre en place des plateformes technologiques afin de contribuer de manière significative à l’amélioration des conditions de vie des populations à travers une plus grande sécurité des villes et un accès à l’éducation, la santé et l’information publique dans toutes les communes du Sénégal ».
Il est composé de cinq volets majeurs. Le premier, Safe city, dont l’objectif est de renforcer la sécurité publique par l’utilisation d’outils et procédés technologiques. D’ailleurs, des caméras de surveillance sont en train d’être installées un peu partout sur le territoire.
Il y a aussi le volet smart Education qui vise « à moderniser les infrastructures réseaux, de traitement et de stockage pour améliorer l’enseignement et l’apprentissage dans les universités, les écoles élémentaires, les collèges et lycées du Sénégal. Ce processus se traduira par la connectivité et l’équipement de salles en dispositifs multimédias contribuant à l’amélioration de l’apprentissage ».
Le volet smart Territoires, « consiste à fournir des services centrés sur l’usager (citoyen, administrations et entreprises) par la construction et l’aménagement de locaux dédiés appelés ‘’La Maison du Citoyen’’ dans tous les départements du pays, soit un total de 45 maisons ».
S’agissant des volets Câbles sous-marin et Smart Wifi, ils ont pour objectifs de lutter contre l’enclavement numérique des territoires, d’augmenter la capacité internet du Sénégal et de varier l’offre d’accès Internet pour les fournisseurs d’accès internet (FAI).
(Source : Seneweb, 2 mars 2020)