Projet de vente des actions de la SONATEL : Manoeuvres nébuleuses autour d’une affaire de gros sous
lundi 5 mai 2008
Après la cession de la troisième licence de téléphonie dans des conditions qualifiées de nébuleuses à près de 200 milliards Cfa, l’Etat du Sénégal est décidé à encaisser un autre gros chèque. Et cette fois, ce sont les actions détenues par l’Etat au sein de la Société nationale des télécommunications (Sonatel) que l’Etat compte céder. Les opérations sont déjà engagées puisque de sources dignes de foi, la Banque Rothschild a été saisie pour évaluer le prix auquel l’action pourrait être cédée. Mais toutes les garanties de transparence sont-elles respectées ?
L’Etat a déjà été facturé à environ un milliard deux cent millions de francs sur cette opération d’évaluation financière du coût de l’action. Une étape qui devrait permettre d’établir le coût de l’action pourtant cotée en bourse. Une note bien salée qui sera suivie d’une autre opération tout aussi juteuse pour la banque d’affaire. En effet dans la seconde phase du contrat, la Rothschild banque devrait encaisser un autre chèque. Ainsi, après l’affectation des coûts des actions, la vente devrait être conduite par la même banque. Pour des commissions qui tourneraient cette fois entre 1,5 et 2%.
La Rothschild banque arrache ainsi le jackpot après le dernier montage sur la vente de la troisième licence de téléphonie à Sudatel. Un choix qui avait fait couler beaucoup d’encre supposé avoir été fait par la Banque Rothschild. Thierno Ousmane Sy que nous n’avons pas pu joindre sur cette affaire précise, expliquait en plein débat sur l’attribution de la troisième licence de téléphonie à Sudatel que c’est « la Rothschild qui avait « fait l’évaluation » et « a écrit noir sur blanc dans son rapport » que la société de téléphonie soudanaise avait meilleur profil que ses concurrents (Celtel, Belgacom, Comium Africa etc). Et d’ajouter : « la banque qui nous a conseillé (la Rothschild) fait partie des dix banques d’affaires au monde ». S’expliquant toujours sur les précautions prises en amont par l’Etat du Sénégal, Thierno Ousmane Sy ajoutait que cette banque ne peut s’investir dans des opérations nébuleuses.
On reprend donc les mêmes et on recommence. En tout cas, plusieurs observateurs du secteur des télécommunications s’étonnent du choix porté à la banque d’affaire européenne alors que l’opération peut être pilotée localement. Et de s’interroger sur les raisons cachées d’une telle préférence. Qu’est qui explique cette banque d’affaires émerge toujours du lot comme si elle est la seule institution financière à pouvoir piloter ce type de transactions ? Un choix qui est assimilé par nos interlocuteurs à de la « haute trahison » et à un « vrai hold-up » qui pourrait révéler des secrets dans les mois à venir. La vent des actions de l’Etat est considérée par tous les analystes comme inopportune et sans intérêt pour le pays. Le Sénégal perdrait dans cette opération beaucoup d’argent. Pire, le pays n’aura plus aucun moyen pour influer sur la politique économique de la SONATEL. Bref, vendre les actions de l’Etat équivaut à du brigandage financier car, comme d’autres sources le soulignent les actions seront achetées par un grand ponte du régime pour blanchir sa fortune.
Les opérations sont désormais engagées dans un sens qui ne permettra pas aux Sénégalais d’avoir les bonnes informations sur la vente de ce bien public. Et surtout il sera difficile d’identifier celui qui pourrait se cacher derrière les rideaux pour tirer toutes les ficelles et engranger tous les bénéfices de la vente des actions détenues par l’Etat du Sénégal.
France Télécoms, partenaire technique est actionnaire majoritaire (42%) de la Sonatel aux côtés de l’Etat du Sénégal (28%). Les autres parts sont contrôlées par les Institutions et Grands Publics (20%), Salariés et anciens salariés (10%).
(Source : Nettali, 5 mai 2008)