Quatre après son introduction dans le pays, le Sénégal se classe
deuxième en Afrique subsaharienne derrière l’Afrique du Sud, du point de vue du
nombre d’Internautes. Celui-ci serait de l’ordre de 15000 aujourd’hui,
98% serait basés à Dakar et parmi les 15000 seuls 8000 seraient abonnés
selon le Conseil Supérieur de l’Industrie au ministère du même nom. Une bonne
part d’entre eux ne peut utiliser le réseau mondial que quand ils sont au
bureau.
Mais l’extension d’Internet est freinée du fait de coûts prohibitifs.
Ainsi, "depuis deux ans, Internet a stagné au Sénégal. Le taux de croissance
des abonnés a fortement baissé à cause des coûts d’accès et du prix des
équipements informatiques", commente un chercheur sénégalais.
Pour une connexion Internet, les frais sont élevés ainsi que l’explique
un fonctionnaire du ministère de l’Industrie. "Il faut 25.000 F Cfa de
frais d’installation en plus une redevance mensuelle de 10.000 francs en hors
taxe à ajouter au temps de communication. Un professionnel qui se connecte
pendant une heure de temps par jour doit consommer quotidiennement une
somme tournant autour de 4500 F Cfa. Dans le mois, cela fait environ
50.000 F Cfa. Cette facture à payer est élevée. Elle est hors de
portée de la plupart des Sénégalais".
En 1999, 40 établissements scolaires (lycées et collèges) ont été
connectés à Internet. L’Unesco et la Banque mondiale (Bm) ont acheté les machines
alors que de son côté, la Sonatel octroyait une réduction de 50% sur le
coût des factures téléphoniques. Mais les écoles sénégalaises ont
souvent du mal à prendre en charge les frais induits par l’utilisation de
l’outil informatique et les écoles sont parfois amenées à supprimer la connexion
faute de pouvoir supporter le coût du téléphone.
Disponible au Sénégal depuis mars 1996, l’accès à Internet est fourni
par la Société nationale des télécommunications du Sénégal (Sonatel), filiale
de France Telécom. Elle dispose d’une liaison de 64 kilobits avec Mci Usa
et une autre de 1 Mgbit avec Teleglobe Canada. Des pourparlers sont en cours
avec Teleglobe (Canada) et Mci (USA) en vue d’augmenter la bande
passante.
Actuellement, celle-ci est largement insuffisante pour les fournisseurs
de service Internet qui sont, pour le moment, au nombre de 14 (dont l’ONG
Internationale Enda Tiers Monde).
Rappelons (lettre numéro 56) que nombre de lignes fixes au Sénégal
était de 175 938 en mars 2000. D’ici la fin de l’année, l’objectif de la
SONATEL est d’atteindre 200 000 pour près de 10 millions d’habitants. Les
télécentres privés sont particulièrement nombreux. Outre le service téléphonique
qui y est prépondérant, certains de ces centres de communication permettent
l’utilisation de télécopieurs, de minitels pour accéder aux bases
d’informations locales et internationales, de photocopieurs et de
micro-ordinateurs.
Il y en a même actuellement qui offrent un service téléphonique par
Internet sans passer par la Sonatel. C’est l’exemple de Net 2 phone qui permet de
correspondre avec l’étranger mais grâce à un équipement qui coûte encore
relativement cher. Il ne faut pas moins de 150.000 F Cfa pour l’acheter
pour une qualité d’écoute inférieure à celle de la Sonatel, selon les
indications fournies par les utilisateurs.
Au 30 septembre 1999, il y avait au Sénégal 9130 locaux privés qui
permettaient la gestion de 10.551 lignes, selon les chiffres fournis par
Modou Diouf, chercheur. On considère qu’ils ont créé 10000 emplois
permettant de faire vivre près de 12000 familles. Ces télécentres
restent pour l’essentiel concentrés à Dakar qui en comptait 4698.
Ainsi la densité téléphonique serait de l’ordre de 1,7%, ce chiffre est
certes très faible mais pourtant bien supérieur à celui des pays
environnants. Outre le coût élevé du matériel informatique, la faible
densité téléphonique limite fortement le développement d’Internet.
Cependant par ailleurs, " le Sénégal qui dispose d’ingénieurs informaticiens
certifiés auprès des leaders mondiaux du génie logiciel a de sérieux atouts pour
participer aux développements de logiciels pour le marché international ",
affirme Abdoulaye Ndiaye, consultant-chercheur en Ntic.
Malick Rokhy Ba
(Source : Sud Quotidien, 27 juin 2000)