Programme « new deal technologique » : Les attentes du secteur privé
samedi 15 février 2025
Au moment où notre pays s’apprête à lancer le « New Deal Technologique », nouvelle stratégie nationale du numérique alignée sur l’Agenda de Transformation Sénégal 2050, le secteur privé du numérique, à travers Antoine Ngom, Président de l’Organisation des Professionnels des Tic (Optic), liste ses attentes.
Le concours du secteur privé est fondamental pour la réussite du « New Deal technologique ». Au-delà d’être un acteur clé dans la transformation numérique de notre pays, il fait partie des premiers bailleurs de ce genre de stratégie. Aujourd’hui, le privé attend beaucoup de la nouvelle Stratégie numérique du Sénégal.
Selon Antoine Ngom, président de l’Organisation des professionnels des Tic(Optic), avec le « New Deal Technologique », le premier enjeu majeur réside dans l’instauration d’un leadership « clair », d’une gouvernance et d’un pilotage « efficaces ». « Nous prônons un pilotage mixte public-privé-société civile, où le secteur privé et les institutions académiques auront une place centrale. Cette gouvernance devra être agile, avec un suivi rigoureux basé sur des indicateurs de performance précis et des bilans périodiques permettant d’ajuster la trajectoire en temps réel. L’un des piliers fondamentaux de cette nouvelle stratégie doit également reposer sur un cadre juridique et réglementaire propice, qui favorise et motive l’investissement, l’innovation, la recherche, la compétitivité et l’accès au marché des entreprises numériques locales », fait-il comprendre. Il ajoute que « les nouvelles lois/réformes doivent être votées de manière concomitante avec leurs décrets d’application pour être immédiatement opérationnelles. »
Il déclare que « la souveraineté numérique passe également par l’adoption accélérée de textes clés à réviser, voire de nouveaux textes à créer portant notamment sur la protection des données, la cybersécurité, le cloud souverain. » Il propose une régularisation « plus dynamique et proactive pour éviter les lourdeurs administratives et permettre ainsi aux entreprises locales d’évoluer dans un environnement plus compétitif ».
Investissements massifs
Dans cette nouvelle stratégie, l’IA doit occuper toute sa place. « L’intelligence artificielle représente un enjeu stratégique incontournable. Le Sénégal ne peut se contenter d’être un simple consommateur de technologies. Le secteur privé attend du New Deal Technologique qu’il définisse une véritable politique nationale de l’IA, incluant des investissements massifs dans la formation, la recherche et l’entrepreneuriat. L’accès aux données publiques est également un levier essentiel pour permettre aux startups et entreprises locales de développer des solutions IA compétitives. Cette transformation doit également concerner l’administration publique, où l’intégration de l’IA peut considérablement améliorer l’efficacité des services et optimiser la prise de décision », souligne M. Ngom. Le vice-président du Conseil national est formel : « une souveraineté numérique effective ne sera possible que si l’écosystème numérique sénégalais devient plus performant et compétitif ». D’où la nécessité de « favoriser l’émergence de champions nationaux, capables de rivaliser sur le marché international ». Et pour ce faire, il pense que l’État « doit jouer son rôle en garantissant que les projets publics relevant de la souveraineté numérique soient tous, sans exception, réalisés par des entreprises locales qui pourront, en cas de besoin, s’attacher des partenaires sous-traitants ».
Avec l’émergence du « New Deal Technologique », le secteur privé compte beaucoup sur les nouvelles autorités notamment en ce qui concerne l’accès des entreprises locales aux marchés publics portant sur le numérique. « L’accès au financement reste un défi majeur. La création d’un Fonds d’innovation numérique, est une nécessité pour assurer un financement stable et pérenne des startups et Pme technologiques. Le Sénégal a l’opportunité de faire du New Deal Technologique un véritable moteur de transformation économique. Pour cela, l’alliance stratégique entre l’État et le secteur privé doit être forte et proactive. La réussite de cette stratégie repose sur une exécution pragmatique et rapide, avec des actions concrètes et mesurables », note Antoine Ngom. Ce dernier a rappelé l’engagement du secteur privé à travers OPTIC et d’autres acteurs comme Senstartup, Ctic, Jokkolabs, Festic, la société coopérative Digital Sénégal, à « accompagner cette transformation et faire du Sénégal un leader africain du numérique et de l’intelligence artificielle ».
Ibrahima Ba
(Source : Le Soleil, 15 février 2025)