Privées de téléphone et d’Internet pendant 24 heures : Les entreprises trinquent
vendredi 6 août 2010
La Sonatel a observé hier, jeudi 5 août, une journée nationale d’action pour contester le choix pris par l’Etat de confier la gestion des appels internationaux entrants au Sénégal, à Global Voice. Par conséquent, les entreprises qui sont en quête perpétuelle de compétitivité paient cher la note.
Les milliers d’abonnées de la Sonatel ont été privés hier, jeudi 5 août, des outils de communication. Les réseaux fixe, mobile et internet ont subi un dérangement. Les travailleurs de la société qui ne sont pas d’accord avec l’arrivée de Global Voice ont mis à exécution leur menace. Ils ont observé hier, jeudi 5 août, une journée nationale d’action.
Durant ces 24 heures, les travailleurs n’ont pas été sur leur position de travail. Ce qui fait qu’en cas de problème, les signalisations ne sont pas relevées. Cette action a eu une incidence aussi bien sur le réseau national, international, sur le mobile, l’internet et tous les autres services.
Des responsables syndicaux de la Sonatel affirment que depuis le début de cette affaire Global Voice, les travailleurs courent derrière une audience avec le président de la République mais en vain. Ainsi, arrivés à la phase finale, ils ont mis en exécution leur menace.
Cette perturbation a engendré un manque à gagner certain au niveau des entreprises compte tenu de la place de choix qu’occupent les technologies de l’information et de la communication.
Interpellé sur cette mauvaise passe vécue par les entreprises, Hamidou Diop du Conseil national du patronat (Cnp) déplore cette situation. Selon lui, « l’impact de cette grève est très important parce que l’entreprise est coupée de son monde extérieur ». Prenant le cas de son organisation patronale qui travaille en permanence avec l’internet pour collecter des informations et les redistribuer à ses entreprises membres, M. Diop nous a appris qu’ils n’ont presque pas travaillé pendant toute la journée. « Au Cnp, on est bloqué de notre tache quotidienne ». A son avis, « cette situation est plus grave au sein des entreprises qui ont des relations client-fournisseur à faire ». Ce qui, à son avis, « signifie que les entreprises ne pourront pas passer leurs commandes, ni faire de la facturation. Ce qui va engendrer des retards sur les délais de paiement et de livraison ».
Hamidou Diop pense que dans ce contexte de mondialisation, une entreprise ne peut pas se permettre de rester un jour sans téléphonie ni internet. « Aujourd’hui, le téléphone et l’internet sont des facteurs de compétitivité ». Maintenant, a-t-il poursuivi, « on espère que cette situation soit rétablie le plus rapidement possible et des solutions soient trouvées entre les deux parties ». Pour lui, « une grève a toujours un coût sur l’entreprise parce que d’abord la Sonatel en tant qu’entreprise va subir un préjudice, ensuite toutes les entreprises et l’économie sénégalaise dans sa globalité ».
La Cnes de tout cœur avec la Sonatel
L’appréciation a été la même pour la Confédération nationale des employeurs du Sénégal (Cnes). En conférence de bureau, hier, jeudi 5 août, la Cnes a reçu une délégation de la Sonatel qui est d’ailleurs membre de cette organisation. Selon M. Youssou Diop, adjoint du directeur exécutif de la Cnes, « cette situation est désolante et on regrette parce que ça freine les activités des entreprises ». A son avis, « l’absence d’internet va impacter négativement sur la compétitivité ». Avant d’ajouter : « nous comprenons l’attitude la Sonatel qui est membre de la Cnes ». D’ailleurs, a poursuivi M. Diop, « en notre réunion de bureau, d’aujourd’hui, nous avons reçu une délégation de la Sonatel qui est venue nous expliquer le problème de font en comble. Nous sommes de tout cœur avec cette entreprise et nous marquons toute notre solidarité ».
En attendant que ce dialogue de sourd entre Etat et Sonatel soit résolu, le consommateur va continuer de payer tranquillement les pots cassés.
Bacary Dabo
(Source : Sud Quotidien, 6 août 2010)