De plus en plus de rédactions utilisent le courrier électronique, l’accès aux informations via internet, les forums de discussions, la recherche d’information via des moteurs de recherche, l’accès à des bases d’informations gouvernementales et leur analyse par des outils statistiques ou autres, l’échange de données, etc. Toutefois, quoique réel et bénéfique sur certains aspects, l’avènement des nouvelles technologies de l’information et de la communication (Ntic) qui a semblé être une bouffée d’oxygène pour les quotidiens sénégalais, confrontés à l’étroitesse et à la faiblesse du marché publicitaire, tarde à booster les chiffres d’affaires commerciaux des organes de presse locaux de plus en plus présents sur la toile. Ils avaient sauté sur les opportunités qu’offre la toile pour mettre leurs produits en ligne. Le Soleil, Wal Fadjri, Sud Quotidien et le Quotidien offrent des journaux constamment mis à jour sur le web. Toutefois, cette innovation technologique, si elle satisfait les Sénégalais de la diaspora qui trouvent, à travers la presse en ligne, un moyen de s’informer sur les nouvelles du pays, si elle offre plus de visibilité au produit qui trouve ici un moyen sûr d’éclatement, elle laisse sur leur faim les services commerciaux des différents groupes de presse qui trouvent que l’impact commercial est très faible.
Ainsi, à en croire Sammy Chaupin, directeur commercial du Groupe Wal Fadjri, « le site n’a pas une influence sur les annonces même s’il y a énormément de visiteurs ». En effet, selon M. Chaupin, « la répercussion du site sur le chiffre d’affaires commercial est très faible ». La cause de cet état de fait serait à rechercher dans le caractère peu attrayant du site qui fait qu’au niveau de Walf, la direction est en train de voir comment améliorer l’attractivité du site web qui est, du reste, très visité.
On respire mieux côté commercial au niveau du Quotidien où, selon Madiambal Diagne, directeur de publication, « il y a des annonceurs qui commandent des bannières sur une longue période ». Mais, le revers de la médaille, c’est quand des annonceurs indélicats investissent le créneau. Ainsi, selon Madiambal Diagne, il est arrivé qu’il annule des contrats de publicité lorsqu’il se rend compte qu’il s’agit d’ « activités louches ».
Si le site web de Walf tarde à drainer des ressources, le support papier continue, quant à lui, d’attirer les annonceurs. Ce que Sammy Chaupin attribue aux performances de la radio et du quotidien, à la liberté de ton de ses journalistes ainsi qu’à la ligne éditoriale de la rédaction. Donc, il ne sera pas surpris que suite à certains aménagements techniques le site ait un plus grand impact commercial. Ce qui n’est, malheureusement, pas le cas pour le moment dans la mesure où l’absence de couleurs sur le portail internet de Walf, l’indifférence des annonceurs locaux par rapport aux opportunités offertes par la toile constituent autant d’obstacles qu’il faut essayer de surmonter.
L’autre problème qui se pose à l’utilisation du net comme support de l’information, c’est la concurrence que pourrait jouer le support multimédia sur le papier. Le chef du service commercial de Walf ne pense pas qu’il puisse en exister entre les deux supports. Parce que « la clientèle n’est pas la même ». En effet, le site du journal et le support papier ne ciblent pas le même public. Il fonde son analyse sur le fait que les avantages offerts par le papier sont sans commune mesure avec ceux du site dans la mesure où ce ne sont pas toutes les informations contenues dans les douze pages de Walf qui sont mises en ligne sur le site web. Madiambal Diagne, lui au contraire pense que le fait pour les potentiels lecteurs de pouvoir accéder à des informations sur le net sans rien débourser en retour constitue un manque à gagner. D’ailleurs, pour juguler le phénomène d’érosion des ventes du journal, le staff du Quotidien est en train, selon le directeur de publication du journal de la Sodida, de « voir comment trouver une formule pour essayer de rentabiliser le site ».
Ibrahima ANNE
(Source : Wal Fadjri 23 décembre 2003)