Pr. Mouhamadou Mansour Faye, Recteur de l’UVS : « L’Uvs enregistre un taux de réussite de 61% »
lundi 29 février 2016
Quelles sont les dispositions prises pour mettre vos étudiants dans les meilleures conditions d’apprentissage, si l’on sait qu’ils sont dans des abris provisoires ?
Il faut comprendre que la philosophie de l’Uvs relève d’un double défi : sociologique et technologique. Nous apprenons à nos étudiants à apprendre autrement. De ce point de vue, l’Uvs joue sa partition de l’accès à l’enseignement supérieur. Nous n’avons pas besoin d’avoir des infrastructures pour commencer les cours. L’essentiel du processus que nous faisons est un enseignement à distance. Techniquement, nous avons un dispositif centré sur l’apprenant. Concrètement, cela veut dire que tout est mis en œuvre pour permettre à l’étudiant d’être pris en charge par l’équipe enseignante, sans oublier l’apport de la mise à disposition d’outils d’autoévaluation dont le rôle dans l’accompagnement de l’étudiant n’est pas à négliger. Nous avons loué des villas, des maisons pour accueillir les étudiants.
A combien s’élève la facture mensuelle de la location des bâtiments ?
C’est variable d’un endroit à l’autre. Mais je ne peux pas vous dire la facture exacte de la location. Je peux vous dire que partout où nous sommes allés, nous avons essayé de trouver le meilleur. Le problème est que les conditions soient satisfaites. L’étudiant n’a pas besoin de venir dans son Eno pour faire une bonne partie de son travail. Il a besoin d’y venir effectivement de temps à temps.
L’Uvs s’échappe-t-elle à la contrainte du respect du calendrier académique ?
Nous allons échapper à cette contrainte avec la 3ème génération qui arrive. L’Uvs ne peut pas être extirpée de l’environnement dans lequel elle existe. Nos étudiants sont envoyés par Campus sen. Le premier lot d’inscrits a reçu leur dotation d’équipements. Nous allons commencer incessamment les cours transversaux.
Nous sommes en capacité de terminer l’année au mois d’août et les étudiants auront la possibilité de commencer leur année en octobre.
Quel est le nombre d’étudiants régulièrement inscrits à l’UVS et le taux de réussite ?
Nous avons 10.500 étudiants. La fin des inscriptions est prévue ce 29 février 2016. Pour la première génération des étudiants de l’UVS, lors des examens de la L1, nous avons eu les résultats suivant (rapportés au nombre d’étudiants qui se sont présentés aux examens) : un taux de réussite global de 61%. L’Eno de Mbour enregistre le meilleur score avec 70,8%. Les taux de réussite : Anglais : 69,3%, Sociologie : 69%, Mathématique Appliquées et Informatiique : 57%, Sciences Economiques et gestion : 72,2%, Sciences Juridiques et Politiques : 40,4%. La première génération de l’Uvs 2013 est en 2ème année qui va se terminer dans trois mois. Les étudiants de la deuxième génération vont terminer leur semestre dans quelques jours pour boucler leur année dans 3 mois, avant d’engager leur deuxième année. Nous sommes en train de normaliser les choses pour ces deux générations, afin de récupérer le temps perdu en 2017.
Quel est l’état d’avancement de la construction des ENO ?
Présentement, 14 ENO sont en construction ou en voie de l’être. 9 ENO sont construits sur le budget consolidé d’investissement (BCI) de l’Etat du Sénégal et seront livrés en 2016 (premières livraisons en mai 2016). Il s’agit des ENO de Kolda, Diourbel, Sedhiou, Louga, Fatick, Pikine, Tambacounda, Ourossogui, Mbour. A cela s’ajoute le démarrage imminent des travaux des ENO Guédiawaye, Thiès, Kaolack, Saint-Louis et Ziguinchor, sur financement de la BAD. Il est prévu enfin, la construction de 5 ENO sur le BCI en 2016. Ce qui fait un total de 19 ENO. Sans oublier le siège de l’UVS dont l’appel d’offre va être lancé.
Qu’en est-il des œuvres sociales, notamment la restauration et la prise en charge médicale ?
Notre format d’université ne nous permet pas de prendre en charge la nourriture et l’hébergement de l’étudiant. L’Uvs prend effectivement en charge ses étudiants sur le plan médical. Il n’y a pas un étudiant de l’Uvs qui a fait la demande, selon les voies vulgarisées, depuis l’hospitalisation jusqu’au frais d’analyses. Nous allons commencer à souffler avec la loi sur les Crous. Les étudiants ne sont pas démunis sur le plan médical. Nous sommes la seule université qui a un service d’assistance sociale.
Ibrahima Baldé, Abdoulaye Fall et Abdou Diao
(Source : Sud Quotidien, 29 février 2016)
Yankhoba Seydi, Coordinateur SAES de Dakar : « L’UVS est un échec total... »
Les étudiants des universités physiques ont du mal, compte tenu de la précarité, à trouver leurs marques. Les conditions ne sont pas réunies pour orienter les nouveaux bacheliers à l’Uvs. C’est un échec total. Les autorités en ont fait une réponse aux lancinantes questions d’orientation des bacheliers. Ce qui n’est pas possible. La boussole des décisions présidentielles devait être les 78 recommandations retenues au terme des concertations. Mais grande a été notre surprise de retrouver la création de l’Uvs dans les décisions présidentielles, alors qu’il n’a été jamais été question de cela lors des concertations. Nous avions recommandé une amélioration de l’usage des Tics dans nos stratégies d’enseignement. C’est Mary Teuw Niane qui l’a forcé, à la décharge du gouvernement Macky Sall. Il n’a jamais été question de prospectives. L’Uvs est la preuve de l’échec de la politique de l’Enseignement supérieur, au moment où ils mettent beaucoup de milliards dans le privé. C’est un forcing. Ils ont précipité la mise en place de l’Uvs. Nous savons toujours que ça ne marcherait pas. L’histoire nous a donnés raison.