OSIRIS

Observatoire sur les systèmes d’information, les réseaux et les inforoutes au Sénégal

Show navigation Hide navigation
  • OSIRIS
    • Objectifs
    • Partenaires
  • Ressources
    • Société de l’Information
    • Politique nationale
    • Législation et réglementation
    • Etudes et recherches
    • Points de vue
  • Articles de presse
  • Chiffres clés
    • Le Sénégal numérique
    • Principaux tarifs
    • Principaux indicateurs
  • Opportunités
    • Projets

Accueil > Ressources > Points de vue > 2015 > Pour un débat public sur l’Université virtuelle sénégalaise

Pour un débat public sur l’Université virtuelle sénégalaise

samedi 14 mars 2015

Point de vue

Il est heureux que le Pr Mamadou Mansour Faye, coordonnateur de l’Université virtuelle du Sénégal, ait accordé une interview au journal « Le Soleil », le samedi 7 mars 2015, pour éclairer l’opinion sur l’institution qu’il dirige, dissiper certaines inquiétudes et répondre aux critiques de l’Uvs notamment exprimées dans notre contribution au journal « Le Quotidien » daté du 27 février 2015. Malheureusement, il nous semble que ses précisions renforcent encore plus notre analyse selon laquelle l’Uvs est un dangereux miroir aux alouettes sacrifiant une partie des ressources humaines dont le Sénégal a besoin pour se développer et gaspillant sans résultat tangible une partie des ressources financières que ce pays consacre à l’enseignement supérieur.
Commençons par mettre de côté un point technique qu’invoque le coordonnateur de l’Uvs pour défendre son université. L’Uvs ne serait pas un Mooc, parce qu’elle n’est pas massivement ouverte et dispose de tuteurs. M. le coordonnateur a en apparence raison sur ces deux points. On peut cependant remarquer deux choses. La première est que quand une université normale comme San Diego met en place un Mooc, elle s’assure que les étudiants aient accès à un service de tutorat. Un tel service existe également dans les Moocs ouverts ; il est assuré soit par les pairs, soit par des assistants de recherche. Il suffit d’aller sur Coursera pour le vérifier. La seconde est que le caractère massivement ouvert n’a pas de pertinence pour juger de l’utilité pédagogique de la technologie utilisée à destination d’un public de jeunes bacheliers. Le caractère ouvert des Moocs étudiés a justement permis d’établir le type de public auquel devrait être réservé l’enseignement en ligne : des diplômés extrêmement motivés et des professionnels dotés d’une certaine maturité intellectuelle. Ce que les études montrent, c’est que la majorité des jeunes bacheliers n’ont pas encore acquis la discipline et les méthodologies de travail nécessaires pour suivre, de manière autonome, une formation à distance. Et ces études ont été effectuées sur des jeunes bacheliers sortant de systèmes scolaires bien plus performants que le nôtre.
De fait, si l’Uvs n’est techniquement pas un Mooc, on pourrait soutenir qu’elle est en réalité moins, pas plus, qu’un Mooc. L’avantage du Mooc est, en effet, d’utiliser les ressources de l’Internet à haut débit pour mettre en ligne des films, des exercices interactifs, des fichiers lourds, etc. Or, l’Uvs ne met pas en ligne toutes ces ressources multimédia, se contentant de fonctionner comme un dépôt de cours écrits que les étudiants téléchargent et étudient par eux-mêmes.
Revenons un moment sur le tutorat qui est présenté comme la grande innovation de l’Uvs. Le tutorat en ligne est, à notre connaissance, nominal ; les étudiants à qui nous avons parlé n’arrivaient pas à avoir des réponses aux questions posées en ligne. Quant au tutorat dans les Espaces numériques ouverts, il suffit de réfléchir un peu pour se rendre compte que c’est une usine à gaz. En effet, l’intérêt supposé de l’Uvs est que l’étudiant peut étudier de chez lui, quel que soit l’endroit du pays où il se trouve. Même à supposer qu’il y ait un Eno fonctionnel dans chaque région du pays, imagine-t-on vraiment que dans chacun de ces Eno il y aura à suffisance des tuteurs capables de venir en aide à tout étudiant qui le désire dans chacune des disciplines enseignées à l’Uvs ? Si l’on crée des universités physiques, c’est parce que les ressources humaines sont rares et qu’il convient de les mutualiser. Une université physique n’aurait besoin, par exemple, que d’un seul département de Sociologie et tous ceux qui étudient cette discipline dans cette université ont accès aux professeurs et tuteurs. Dans le modèle de l’Uvs, il faudrait un tuteur en Sociologie à Saint-Louis, un autre à Kolda, etc., si l’on veut faire bénéficier d’un encadrement à chaque étudiant, où qu’il se trouve dans ce pays. C’est une irréaliste multiplication des ressources que présuppose ce modèle. De plus, même dans des universités classiques, les études sur le tutorat sont très contrastées. Si l’Université de Bretagne Occidentale affirme avoir amélioré les taux de réussite en première année grâce au tutorat, une étude de 2003 sur 1763 étudiants de trois universités françaises montre que toutes choses étant égales par ailleurs, l’impact du tutorat sur la réussite en première année est somme toute négligeable. Le tutorat n’est donc pas la panacée qui permettra miraculeusement de transformer de nouveaux bacheliers en étudiants capables de travailler à distance.
Le cœur du problème avec l’Université virtuelle sénégalaise est que le projet fait bon marché de la nécessité d’apprendre à apprendre. Le coordonnateur semble penser que quelques semaines d’apprentissage en leadership, développement personnel et initiation aux nouvelles technologies suffisent pour donner aux étudiants les outils pour apprendre de manière autonome. Ce que toutes les études montrent, c’est qu’il y a un changement qualitatif, une conversion cognitive qui se fait après le Bac pendant les premières années d’université. Ce changement est difficile et nécessite la présence d’enseignants qui guident pas à pas l’étudiant dans ses apprentissages. Il nous est déjà difficile de réussir cet accompagnement dans nos universités physiques. Il est hautement improbable qu’un enseignement virtuel inadapté à un tel accompagnement puisse y arriver.
L’ignorance de la pédagogie qui informe le projet de l’Uvs transparait quand son coordonnateur affirme que la notion d’année blanche est « hors concept » à l’Uvs. Cette notion est pertinente pour deux raisons. D’abord, c’est un fait que des étudiants qui ont été orientés en 2013 n’ont toujours pas terminé leur premier semestre alors que nous sommes en 2015. Ils ont donc bien perdu une année de leur vie professionnelle. Mais, le plus grave est que ces étudiants sont à cette période critique de la vie où le cerveau se forme. Le cerveau humain, en effet, ne termine pas sa maturation avant 26 ans. Les habitudes de vie prises dans la période de maturation du cortex frontal vont perdurer. Si de jeunes bacheliers perdent leur temps dans une université virtuelle qui ne leur fait pas acquérir habitudes de travail et compétences, c’est un gaspillage des ressources humaines dont le pays a besoin pour se développer. La plus importante de ces compétences, vu le monde changeant dans lequel nous vivons, est la capacité à apprendre. Or, cette dernière s’acquiert par un suivi personnalisé lors des premières années d’université. C’est ce qui explique l’intensité de la formation dans les classes préparatoires françaises ou lors des deux premières années de la formation dans les universités anglo-saxonnes. Le fait est que l’Uvs peut avoir son utilité dans le dispositif éducatif sénégalais. Elle ne peut cependant prétendre former un public de nouveaux bacheliers. C’est le type de public pour lequel elle est le moins appropriée, parce que les étudiants ont besoin d’un encadrement direct et d’un travail intensif ; ce que l’Uvs ne permet pas.
Pour terminer, le coordonnateur de l’Uvs affirme que son université est le fruit d’une vision. Mais de qui est-ce la vision ? Certainement pas du chef de l’État qui a été élu sur la base d’un projet n’incluant pas l’Uvs. L’État du Sénégal doit-il distraire ses ressources et sacrifier une partie de sa jeunesse au nom d’une vague vision faisant fi de l’expertise en éducation qui montre que la formation à distance n’est adaptée que pour un public très spécialisé ? Il est temps que le débat sur l’utilisation de nos ressources publiques et la formation de notre jeunesse soit posé de manière publique en s’aidant de toute l’expertise disponible.

Dr Mouhamadou El Hady BA
Formateur à la Fastef Ucad
hady.ba@ucad.edu.sn

Dr Oumar DIA
Maitre-Assistant Flsh Ucad
oumar.dia@ucad.edu.sn

(Source : Le Soleil, 14 mars 2015)

Fil d'actu

  • TIC ET AGRICULTURE AU BURKINA FASO Étude sur les pratiques et les usages Burkina NTIC (9 avril 2025)
  • Sortie de promotion DPP 2025 en Afrique de l’Ouest Burkina NTIC (12 mars 2025)
  • Nos étudiant-es DPP cuvée 2024 tous-tes diplomés-es de la Graduate Intitute de Genève Burkina NTIC (12 mars 2025)
  • Retour sur images Yam Pukri en 2023 Burkina NTIC (7 mai 2024)
  • Quelles différences entre un don et un cadeau ? Burkina NTIC (22 avril 2024)

Liens intéressants

  • NIC Sénégal
  • ISOC Sénégal
  • Autorité de régulation des télécommunications et des postes (ARTP)
  • Fonds de Développement du Service Universel des Télécommunications (FDSUT)
  • Commission de protection des données personnelles (CDP)
  • Conseil national de régulation de l’audiovisuel (CNRA)
  • Sénégal numérique (SENUM SA)

Navigation par mots clés

  • 2054/2241 Régulation des télécoms
  • 173/2241 Télécentres/Cybercentres
  • 1605/2241 Economie numérique
  • 823/2241 Politique nationale
  • 2241/2241 Fintech
  • 252/2241 Noms de domaine
  • 814/2241 Produits et services
  • 691/2241 Faits divers/Contentieux
  • 376/2241 Nouveau site web
  • 2166/2241 Infrastructures
  • 808/2241 TIC pour l’éducation
  • 90/2241 Recherche
  • 121/2241 Projet
  • 1383/2241 Cybersécurité/Cybercriminalité
  • 859/2241 Sonatel/Orange
  • 776/2241 Licences de télécommunications
  • 132/2241 Sudatel/Expresso
  • 460/2241 Régulation des médias
  • 599/2241 Applications
  • 494/2241 Mouvements sociaux
  • 778/2241 Données personnelles
  • 61/2241 Big Data/Données ouvertes
  • 295/2241 Mouvement consumériste
  • 179/2241 Médias
  • 322/2241 Appels internationaux entrants
  • 694/2241 Formation
  • 45/2241 Logiciel libre
  • 849/2241 Politiques africaines
  • 419/2241 Fiscalité
  • 83/2241 Art et culture
  • 284/2241 Genre
  • 699/2241 Point de vue
  • 479/2241 Commerce électronique
  • 708/2241 Manifestation
  • 156/2241 Presse en ligne
  • 62/2241 Piratage
  • 103/2241 Téléservices
  • 419/2241 Biométrie/Identité numérique
  • 150/2241 Environnement/Santé
  • 168/2241 Législation/Réglementation
  • 167/2241 Gouvernance
  • 820/2241 Portrait/Entretien
  • 72/2241 Radio
  • 337/2241 TIC pour la santé
  • 133/2241 Propriété intellectuelle
  • 29/2241 Langues/Localisation
  • 507/2241 Médias/Réseaux sociaux
  • 917/2241 Téléphonie
  • 95/2241 Désengagement de l’Etat
  • 484/2241 Internet
  • 57/2241 Collectivités locales
  • 190/2241 Dédouanement électronique
  • 497/2241 Usages et comportements
  • 527/2241 Télévision/Radio numérique terrestre
  • 275/2241 Audiovisuel
  • 1360/2241 Transformation digitale
  • 191/2241 Affaire Global Voice
  • 75/2241 Géomatique/Géolocalisation
  • 147/2241 Service universel
  • 330/2241 Sentel/Tigo
  • 87/2241 Vie politique
  • 726/2241 Distinction/Nomination
  • 17/2241 Handicapés
  • 336/2241 Enseignement à distance
  • 319/2241 Contenus numériques
  • 293/2241 Gestion de l’ARTP
  • 89/2241 Radios communautaires
  • 800/2241 Qualité de service
  • 212/2241 Privatisation/Libéralisation
  • 66/2241 SMSI
  • 224/2241 Fracture numérique/Solidarité numérique
  • 1287/2241 Innovation/Entreprenariat
  • 656/2241 Liberté d’expression/Censure de l’Internet
  • 23/2241 Internet des objets
  • 85/2241 Free Sénégal
  • 161/2241 Intelligence artificielle
  • 97/2241 Editorial
  • 9/2241 Yas

2025 OSIRIS
Plan du site - Archives (Batik)

Suivez-vous