Pour mieux s’implanter au Sénégal : Microsoft va traduire ses produits en langues nationales
mercredi 18 février 2004
L’outil informatique devant être celui de monsieur tout le monde, Microsoft-Sénégal va traduire ses produits en langues nationales. Mais c’est aussi pour mieux étendre ses tentacules et s’implanter solidement. La vision de Bill Gates « un ordinateur sur chaque bureau et dans chaque foyer » tisse sa toile.
Microsoft a tenu hier, mardi 17 février, des propos plus caressants après sa sortie au vitriol le jeudi 12 février, contre les pirates et les contrefacteurs de ses logiciels et de ses produits. Mais les propos du 17 ne viennent pas contredire ceux du 12. Réunis autour de Ali Hoballah le directeur régional Microsoft Afrique de l’Ouest, de l’Est et du Centre, les responsables du leader mondial dans le domaine de l’informatique nouvellement installé au Sénégal ont tenu à vider très vite ce point de la rencontre. Juste pour déclarer que « Microsoft est disposé à aider et à accompagner ceux qui voudraient sortir de la logique de piraterie et à s’engager dans la voie de la régularisation. » Ensemble, ils étudieraient les « solutions flexibles », notamment en élaborant le cas échéant « une plate-forme qui conviendrait à tout le monde. » Mais, qu’à cela ne tienne, les mises en garde du Cabinet d’avocats de Microsoft-Sénégal contre les réfractaires (peines d’emprisonnement, sanctions civiles, dommage-intérêts...) ne bougent pas.
Les conférenciers d’hier ont embrayé sur l’essentiel sitôt la question de la piraterie évacuée. Pour annoncer que Microsoft va s’engager « en valeur monétaire et informatique » à soutenir l’Education. Ali Hoballah a ainsi laissé entendre que Microsoft allait aider le ministère concerné pour l’obtention de Pc à des coûts réduits ; aider à la formation des élèves, étudiants et professeurs. Surtout, il sera question de l’apprentissage à l’élaboration des contenus. Sur ce point, « des discussions sont déjà entreprises avec les autorités en charge de l’Education », a révélé M. Hoballah. Autre décision majeure de Microsoft : la traduction en langues nationales des produits de Microsoft. « Je souhaite interpeller le gouvernement sénégalais pour voir dans quelles mesures on pourrait travailler à cela », a déclaré Ali Hoballah. On notera que toute cette politique offensive de Microsoft s’inscrit dans le cadre de la vision initiale de Bill Gates son créateur : « Un ordinateur sur chaque bureau et dans chaque foyer. » Entre les années 70 et les années 2000, beaucoup d’ordinateurs ont arrosé la planète. Du coup « la vision initiale de Bill Gates a évolué pour s’ajuster aux réalités culturelles et économiques des pays. » En clair, l’ordinateur ne serait plus le domaine réservé de quelques spécialistes. Il serait désormais la propriété de monsieur tout le monde.
Microsoft s’est officiellement établi au Sénégal. Si son expérience s’avérait positive, certainement que les autres opérateurs informatiques se précipiteraient comme l’a fait remarquer un intervenant. L’Afrique ne serait-elle alors que le théâtre d’une bataille pour le positionnement des produis ou, au contraire, se révélerait-t-elle un laboratoire d’idées d’où sortiraient ces idées - avec des spécialistes locaux qui perceraient les arcanes ?
Félix NZALE
(Source : Sud Quotuiduen 18 février 204)