Piraterie sur internet : l’alternative, c’est la protection technique des oeuvres
mercredi 30 juin 2004
C’est parce que la contrefaçon numérique fragilise les sources de financement de l’industrie musicale - à cause de ces producteurs qui diminuent leurs investissements - que son éradication nécessite la mobilisation de toutes les énergies. Aujourd’hui, pour les experts de la diffusion de la création littéraire et artistique en ligne, il faut miser sur la protection technique des oeuvres pour donner sens aux échanges de données sur la toile d’araignée.
Le développement des nouvelles technologies de l’information et de la communication a fini par réduire le temps de circulation de données notamment avec Internet. Aujourd’hui, la question de la propriété littéraire et artistique continue d’agiter le monde des créateurs. Avec le développement du numérique, les internautes parviennent à reproduire à l’identique certaines oeuvres mises en ligne par le gravage sur compact disque (Cd) ou par la copie sur un ordinateur. Ce qui entraîne une perte de rémunération au détriment des producteurs, des auteurs et autres éditeurs. Pour Philippe Chantepie du ministère français de la Culture, « cette perte de rémunération est encore plus forte parce que la reproduction des oeuvres se développe dans le réseau Internet où on peut échanger à tout moment sans être inquiété par des contrôleurs ».
Intervenant dans le programme de la série de conférences sur la société de l’information, tenues hier au Centre culturel français de Dakar, sur « L’adaptation des droits de propriété littéraire et artistique à la mutation numérique », Philippe Chantepie souligne que « la solution qui a été proposée, au milieu des années quatre-vingt, face à la contrefaçon par Internet, est de mettre des mesures de protection technique ». Aussi, fait-il remarquer, c’est notamment le cas au Sénégal où les acteurs ont décidé d’adopter la politique de l’application holographique pour pouvoir différencier les produits licites de ceux illicites. En France, les animateurs du milieu ont pu développer « des mesures de protection technique sur les Cd, les Dvd, etc. ».
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Seulement, à en croire le conférencier, ces nouvelles dispositions rendent les actions commerciales un peu plus difficiles parce que les consommateurs n’apprécient pas ces mesures techniques. Si la technologie numérique permet de distribuer, par le biais de plates formes adaptées, de la musique en ligne les oeuvres ne peuvent pas pour autant être reproduites infiniment. « Aujourd’hui, explique Philippe Chantepie, la difficulté est de sensibiliser les consommateurs sur la nécessité de payer l’exploitation des oeuvres sur Internet ». Et avertit le conférencier, « ce n’est pas parce qu’on peut entrer dans un magasin que tout est gratuit. Et qu’on peut en ressortir avec des produits sans avoir à les payer ». Pour la directrice du Bureau sénégalais du droit d’auteur (Bsda) quelles que soient les difficultés liées à l’environnement mondial, les gens doivent apprendre à adapter l’application des lois au contexte actuel. Introduisant une communication sur « l’application des droits de propriété intellectuelle dans l’environnement musical, mesures techniques et contrefaçon », Mme Diabé Siby souligne qu’« il faut sécuriser en faisant que sorte les pays africains puissent développer l’expertise technique nécessaire pour se doter d’un instrument de veille ».
En Afrique, le malheur est que c’est dans les pays où il n’existe aucune loi pour juguler le phénomène de la contrefaçon que l’on retrouve les plus grandes « industries de crime ». Celles-ci excellent dans la piraterie et ne se gênent pas à déverser leurs produits un peu partout. De l’avis de la directrice du Bsda, il est grand temps que les Africains se dotent d’une institution qui va lutter contre la piraterie parce qu’aucun pays pris individuellement ne peut faire face à ce fléau.
Mbagnick Ngom
(Source : Wal Fadjri 30 juin 2004)