Perturbations sur le réseau de SONATEL : Le syndicat menace d’aller en grève
vendredi 6 août 2010
La journée nationale d’action décrétée par les syndicalistes de la Sonatel a été durement ressentie hier par les usagers de la téléphonie et de l’Internet en particulier. En ordre de bataille contre le contrôle des appels entrants par Global Voice, ils n’écartent pas d’aller en grève s’il le faut pour sauvegarder le patrimoine qu’ils estiment menacer.
Coupures intempestives, numéros injoignables, encombrements, les désagréments étaient tels que d’aucuns ont pensé à une tentative de sabotage par les travailleurs. Une explication rejetée par le secrétaire général du syndicat Aïdara Diop qui explique qu’à l’issue de l’assemblée générale et du sit-in d’hier, le syndicat a lancé un avertissement aux autorités à travers une journée de « présence négative ». Ce qui veut dire qu’en cas de dysfonctionnement sur le réseau, il n’y a personne pour intervenir. Après avoir tiré la sonnette d’alarme suite à l’entrée en vigueur du décret portant contrôle des appels internationaux entrants par Global voice, ils informent que plusieurs opérateurs ont refusé de payer les nouveaux tarifs fixés par Sonatel. « Il s’agit des opérateurs du Togo, du Nigéria, du Cameroun du Burkina faso et du Bénin. Ce qui oblige Sonatel à interrompre le trafic en provenance de ces pays. », dit-il. En précisant que si en cinq jours on en est arrivé là, « la situation risque d’être catastrophique ».
40 milliards en dividendes et 85 en impôts et taxes
Le sonatélien indique par ailleurs que parallèlement à une chute de 10 % du trafic, l’application de ces tarifs dans les pays européens a renchéri le coût des communications à destination du Sénégal puisque, dit-il, 97 % des appels sont effectués à partir des cartes prépayées qui, au même prix, n’offrent plus le même temps d’appel. Il prend donc le contrepied des déclarations de l’Artp selon lesquelles le système mis en place allait permettre de lutter contre la fraude. Puisque selon M. Diop, la situation actuelle va pousser les opérateurs de ces pays à chercher d’autres voies moins chères pour faire entrer les appels, y compris la fraude à partir de complicités sur le territoire national. Tout comme un de ses collègues anonymes qui appelle l’Etat au dialogue, Aïdara Diop estime que ce qui n’a pas été jugé bon en Guinée, en Côte d’Ivoire et au Gabon ne peut pas l’être pour le Sénégal. Il attire l’attention sur les deux lettres des opérateurs guinéens dénonçant le système et exigeant le reversement des sommes déjà versées. M. Diop s’étonne qu’on puisse croire à une offre aussi dithyrambique qui consiste pour l’opérateur à investir 15 milliards qui seront amortis dès la première année. D’autant que les trois plateformes (d’identification des appels, de récupération des données et de facturation) ne peuvent, selon lui, pas coûter plus de 1 milliard 500 millions et devaient engendrer des gains évalués à 60 milliards par an. Il appelle donc l’Etat à se ressaisir, en tenant compte de ce que représente la Sonatel, l’opérateur historique dont le Sénégal détient 27 % du capital. Et qui lui a versé 125 milliards dont 40 milliards en dividendes et 85 milliards en impôts et taxes « . On ne jette pas une capitalisation de 370 milliards aux moins du premier venu », dit-il. Les syndicalistes qui ont entamé une initiative au niveau des Américains pour qu’une enquête soit diligentée sur Global Voice estiment que les termes du contrat doivent être révélés. Surtout quand on sait que l’Etat est dignement représenté au Conseil d’administration par le directeur du budget, le conseiller personnel du Président de la république et le ministère des Forces armées. Avant d’avertir qu’ils sont prêts à déclencher une grève illimitée s’il le faut pour défendre ce patrimoine, au nom des générations présentes et futures.
Fara Sambe
(Source : Le Soleil, 6 août 2010)
Réciprocité et augmentation des tarifs au Sénégal
La Sonatel dit craindre que des opérateurs africains notamment procèdent à l’augmentation du prix du tarif des appels partant du Sénégal vers les pays concernés, avec l’arrivée de Global voice qui a induit un renchérissement du coût des appels extérieurs en direction de Dakar.
Selon les services de la Sonatel, plusieurs opérateurs ont dit niet. Ils citent l’Office des postes et télécommunications (Opt) du Bénin, l’Office national des télécommunications (Burkina Faso), Camtel (Cameroon Telecommunications), Nitel (Nigerian telecommunications limited), Maroc Telecom et Togo Telecom.