C’est un sujet d’espionnage qui met à l’épreuve les systèmes de protection de données et de la vie privée. Face aux inquiétudes soulevées par l’utilisation du logiciel espion israélien Pegasus par de nombreux services nationaux et étrangers contre des journalistes, avocats, leaders d’opinion et autorités publiques, la Commission nationale de contrôle de la protection des données à caractère personnel (CNDP) a annoncé mercredi 4 août qu’elle se saisit de l’affaire. Et pour cause ? Le Maroc est cité par Forbidden Stories et un consortium de 17 médias, en coopération avec Amnesty International, parmi la dizaine d’Etats où ce système d’espionnage par écoutes téléphoniques a été utilisé.
Sous la houlette du président Omar Seghrouchni, la CNDP a donc décidé de s’emparer du sujet afin de procéder à l’examen des différentes allégations avancées par lesdits supports de presse, et évaluer la teneur et le caractère fondé des arguments qui les sous-tendent. A ce titre, elle mesurera également « l’impact de ses allégations sur la relation de confiance des citoyens et résidents au Maroc dans l’écosystème digital national et international ».
Cette saisine fait partie de la mission de la CNDP relative à la protection des personnes physiques à l’égard des traitements des données à caractère personnel.
Se protéger du secteur de la surveillance
Pour rappel, plus de 50.000 numéros de téléphone ont été ciblés par Pegasus, cette arme technologique mise au point par la société NSO Group. Et depuis la révélation sur ce système d’espionnage mondial, c’est le branle-bas dans les chancelleries.
« Ces allégations donnent le vertige et devraient tous lourdement nous inquiéter », s’indignent des avocats au barreau de Paris. « Elles appellent, disent-il, à l’instauration urgente de garde-fous pour nous protéger de l’ensemble du secteur de la surveillance ».
Anselme Akéko
(Source : CIO Mag, 5 août 2021)