Passage de l’analogique au numérique : Les professionnels recadrent le Contan
vendredi 31 janvier 2014
Le modèle de transition du Comité national de pilotage du passage de l’analogique vers le numérique (Contan) n’agrée pas les professionnels du secteur des Ntics.
Au sortir de leur atelier, d’hier, sur « La problématique du financement des entreprises de Ntic », ils ont estimé qu’il est incompréhensible de vouloir revenir en arrière et que le monopole d’Etat dans le secteur de télécommunications fera perdre au Sénégal la position enviable.
Le Contan pas à la pointe. Les professionnels des technologies de l’information et de la communication sont montés au créneau pour dénoncer les agissements du Comité national de pilotage du passage de l’analogique vers le numérique (Contan) qui, selon eux, a « outrepassé ses prérogatives ». En effet, l’Organisation des professionnels de ce secteur (Optic) ne cautionne pas l’appel à candidature publié par ladite structure, le 20 janvier dernier, pour la mise en place d’une infrastructure convergente comprenant 3 lots, respectivement l’infrastructure Tnt, le réseau de fibre optique et infrastructure Lte 4G. Selon Antoine Ngom, président de Optic, les lots 2 et 3 ne sont pas intrinsèquement liés à la problématique de passage de l’analogique au numérique. « Aucune urgence ne peut donc être invoquée pour les inclure dans le périmètre », souligne-t-il.
Non sans faire remarquer que le nouveau code des télécommunications, qui est une loi, ne confère pas au Contan les compétences pour le pilotage de ces deux volets. Selon lui, les Lots 2 et 3 introduisent un changement majeur dans l’écosystème des télécommunications, notamment le monopole d’Etat à travers la propriété exclusive de l’Etat sur les infrastructures. Un tel bouleversement, dit-il, ne peut se faire sans concertation. « C’est un impératif de bonne gouvernance qui a été perpétué dans le secteur depuis le processus de libéralisation », dit M. Ngon. Qui énumère de grands risques économiques dans ce processus. « Le monopole d’Etat dans le secteur de télécommunications fera perdre au Sénégal la position enviable qu’elle occupe aujourd’hui dans le secteur. L’Etat ne sera pas en mesure de suivre le rythme des évolutions technologiques très rapides du secteur et ne disposera pas des moyens colossaux qu’exigent les investissements futurs et leur exploitation », prévient le président de Optic.
Antoine Ngom estime, en outre, qu’aucun opérateur télécom au Sénégal ne peut être contraint à utiliser l’infrastructure de l’Etat. Et le risque de fiasco financier est énorme. « L’économie numérique qui contribue à plus de 10 % du Pib est sérieusement menacé. L’ère du monopole dans les télécoms est révolue et la libéralisation du secteur a fait que l’économie numérique est devenue stratégique pour notre pays et constitue un pan de notre développement économique et social », avertit M. Ngom, signalant qu’il est aujourd’hui incompréhensible de vouloir revenir en arrière. « L’ère est aux partenariats intelligents pour assurer le suivi des évolutions technologiques, la rentabilité du système, le développement du secteur et la création d’emplois », poursuit-il.
L’organisation des professionnels des technologies de l’information et de la communication juge que l’intérêt de l’existence d’un ou plusieurs opérateurs est réel. Ce, dit-elle, parce que le schéma optimal pour garantir l’accès haut débit partout au Sénégal passera par cette option judicieuse de mutualisation. C’est pourquoi, Optic plaide pour un partenariat intelligent pour l’opérateur Tnt.
Seyni Diop
(Source : Wal Fadjri, 31 janvier 2014)