Près d’un mois après l’expiration du délai fixé par la Banque centrale pour l’obtention de l’agrément de prestataires de services de paiement, plusieurs demandes sont en cours d’examen. Les autorisations sont accordées pays par pays.
Depuis la fin de la période transitoire fixée au 1er mai 2025, les prestataires de services de paiement dans l’Union monétaire ouest-africaine (UMOA) doivent disposer d’un agrément pour exercer. Cette exigence fait suite à l’application de la nouvelle réglementation issue de l’Instruction n°001-01-2024 de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), entrée en vigueur le 23 janvier 2024. A la date du 27 mai 2025, 11 établissements recensés par nos soins sont agréés.
Au Sénégal, quatre fintech sont autorisées, sur plus de 100 recensées dans le pays. DUNYA Digital Payment SA et Bictorys SA ont reçu chacune leurs agréments en tant qu’établissements de paiement (EDP). Mikaty Sénégal SA et Flutterwave Sénégal SA sont autorisées en qualité de prestataires de service de paiement.
Au cours d’une conférence de presse, François Sène, directeur national de la BCEAO pour le Sénégal, a précisé que plusieurs dossiers ont été déposés très tardivement ou étaient incomplets, ce qui retarde le processus de validation et d’octroi d’agrément. Il a indiqué que de nombreuses demandes restent en cours d’évaluation. De leur côté, certains acteurs de l’écosystème numérique pointent les lenteurs de la procédure. Ils s’inquiètent des impacts économiques de cette transition réglementaire.
En Côte d’Ivoire, Syca SA, Firstcom Global Payments SA, et Julaya Côte d’Ivoire SA, la fintech spécialisée dans les services de paiement B2B, sont chacune autorisées comme établissement de paiement. TOUCHPOINT Financial Services SA a également reçu son agrément.
INTOUCH Mali a reçu un agrément en qualité d’EDP, de même que INTOUCH Burkina. Leur consœur i-FUTUR SA du Niger, a quant à elle annoncé le 19 mai, avoir reçu son autorisation pour exercer comme EDP.
Ces cas illustrent un point important : dans l’espace UMOA, l’agrément est accordé par pays. Une fintech qui souhaite intervenir dans plusieurs Etats doit soumettre une demande dans chacun d’eux. Cette situation alimente le débat sur la nécessité d’un agrément régional unique, souvent évoqué mais encore inexistant.
Notons que le capital minimum exigé à une fintech varie de 10 à 100 millions FCFA (entre 17 400 et 174 000 dollars). Il est aussi requis que son siège social soit situé dans la zone, avec des dispositifs de sécurité informatique robustes.
Cette nouvelle instruction vise à mieux structurer le secteur, à protéger les utilisateurs et à garantir la conformité des opérateurs. Pour les entreprises, cette réglementation marque un tournant. Reste à savoir si la procédure pourra être simplifiée pour encourager le développement des services financiers numériques dans la région.
Chamberline Moko
(Source : Agence Ecofin, 27 mai 2025)