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Accueil > Articles de presse > Archives 1999-2024 > Année 2019 > Mai 2019 > Ousseynou Thiam, Expert en Cybersécurité : « Le Sénégal doit collaborer avec (…)

Ousseynou Thiam, Expert en Cybersécurité : « Le Sénégal doit collaborer avec les géants des réseaux sociaux »

samedi 25 mai 2019

Portrait/Entretien

Ousseynou THIAM, Expert en Cybersécurité et Directeur Associé chez SAYTU SA, entreprise sénégalaise spécialisée en Cybersécurité avertit : « Si rien n’est fait, les réseaux sociaux risquent de fragiliser les prochaines élections de notre pays. Dans cet entretien, il revient sur les récentes révélations de Facebook concernant d’éventuelles campagnes de désinformation lors de la présidentielle de 2019. Pour lui, le Sénégal doit collaborer avec les géants des réseaux sociaux.

Une information fait état de 265 faux comptes bloqués pendant l’élection présidentielle de février dernier. C’est quand même grave ?

Facebook a annoncé jeudi dernier avoir détecté et supprimé 265 « faux-comptes » engagés dans ce que le géant américain appelle « un comportement inauthentique coordonnée ». Terme souvent utilisé par Facebook pour parler d’interférence dans les processus électoraux. En effet, ce 16 mai, Facebook a fait une révélation de taille. L’entreprise américaine affirme avoir supprimé des comptes Facebook et Instagram diffusant des fausses informations et essayant de manipuler des élections présidentielles. Pour la première fois, une entreprise israélienne est citée dans un scandale aussi grave. Il s’agit d’Archimedes Group.

Ce groupe basé à Tel Aviv a, selon Facebook, dépensé des moyens financiers gigantesques, estimés à 812 mille dollars (près de 500 millions de FCFA) pour cibler des pays africains dont : le Sénégal mais aussi le Nigeria, le Niger, l’Angola, le Togo et la Tunisie. Facebook ajoute que des pays d’Amérique Latine ont aussi été dans le collimateur d’Archimedes Group dont le Venezuela.

Archimedes Group n’a donc pas hésité à mettre la main à la poche, en dépensant plusieurs centaines de milliers de dollars en publicité sur Facebook payés en Shekel, mais aussi en devises étrangères telles que le Real Brésilien ou encore le dollar américain, pour mener sa sinistre campagne de désinformation.

Alors, qui est Archimedes Group ?

Pour l’instant, nous avons peu d’informations sur cette entreprise. Sur son site où très peu d’informations sont fournies, il se définit comme « un groupe d’experts qui interviennent dans des domaines aussi divers que le consulting, le lobbying, la diplomatie, les relations publiques internationales, l’information et les réseaux sociaux ». Son slogan est le suivant : « Winning Elections Worldwide » (Gagner des élections partout à travers le monde). Les données concernant ces 265 « faux-comptes » sont impressionnantes. Au total donc, 65 comptes Facebook, 161 Pages Facebook, 23 Groupes Facebook, 12 événements et 4 comptes Instagram ont été fermés par le célèbre réseau social.

Les réseaux sociaux sont-ils une menace réelle pour nos démocraties ?

Avec l’avènement des réseaux sociaux, l’envers de la médaille est apparu via les fakenews, la désinformation, le message viral, les manipulations de l’opinion, la propagande terroriste, etc. Aujourd’hui, avec les réseaux sociaux, l’avis d’un journaliste professionnel ou d’un professeur d’université a autant de valeur que le commun des mortels. Tous les comptes ont le même poids ou plutôt un poids dont le seul critère est le nombre d’amis ou d’abonnés. Pire, les profils des utilisateurs peuvent être complètement inventés dans le cadre de la dictature de l’anonymat et de la liberté d’expression la plus totale. Avant les réseaux sociaux, nous partagions seulement des informations sur des sites web principalement statiques ou évolutifs comme Wikipédia. Ce qui est nouveau avec les réseaux sociaux c’est le partage des émotions. Avec Facebook ou twitter, nous partageons des émotions avec la terre entière et les émotions peuvent être manipulées encore plus facilement que les informations. Si nous pouvons rectifier une désinformation, il est impossible de changer après coup des émotions ressenties, elles laissent des traces qui peuvent finir dans des urnes.

Rappelons que ce n’est pas la première fois que des problèmes d’ingérence dans les processus électoraux passant à travers Facebook sont évoqués. Dernier évènement en date, celui de l’Affaire Cambridge Analytica qui avait également secoué la planète. Eneffet, c’était le 17 mars 2018 que tout a basculé. Il y a plus d’un an, deux médias, le New York Times et le London’s Observer (le magazine du journal britannique The Guardian), révélaient l’exploitation frauduleuse de données d’utilisateurs Facebook par une société britannique, au profit de la campagne de Donald Trump et de celle pour le Brexit, en Grande-Bretagne. Au total, ce sont 87 millions de personnes dont les informations personnelles ont été siphonnées sans leur consentement et Cambridge Analytica les avait utilisées pour créer un logiciel capable de prédire et d’influencer le vote des électeurs.

Ces cas montrent l’impact qu’ont les réseaux sociaux dans la manipulation des masses. Et si rien n’est fait pour les contrôler, ils constituent une menace réelle pour la stabilité de nos Etats. Au vu des ces situations, ce ne serait pas anecdotique si un soulèvement populaire d’ampleur nationale orchestré à partir des réseaux sociaux voyait le jour dans notre pays. Soulèvement qui naitrait par ailleurs, de fausses informations relayées sur les réseaux sociaux par des comptes fictifs.

Le Sénégal peut-il être à l’abri de la désinformation électorale » ?

Le Sénégal dispose d’un arsenal juridique pour faire face à un certain nombre de menaces qui viendraient du Cyberespace. Par exemple, la loi 2008-12 du 25 janvier 2008 relative à la protection des données a été mise en œuvre. Elle encadre l’utilisation des données personnelles dans notre pays et punit toute utilisation de données personnelles n’ayant pas au préalable été consentie par son propriétaire. Outre cette loi, la loi 2008-11 portant sur la Cybercriminalité a été mise en place pour punir les crimes perpétrés dans le cyberespace. Par exemple, saviez-vous que cette loi réprime « L’insulte commise par le biais d’un système informatique envers une personne en raison de son appartenance à un groupe qui se caractérise par la race, la couleur, l’ascendance ou l’origine nationale ou ethnique, ou la religion dans la mesure où cette appartenance sert de prétexte à l’un ou l’autre de ces éléments, ou un groupe de personnes… »

Est-ce que ces lois règlent le problème ?

Elles apportent une confiance supplémentaire aux utilisateurs sénégalais d’internet, mais elles sont loin de régler le phénomène des Fake-news ou de la désinformation électorale. Les difficultés pour notre pays sont souvent liées à la non-extraterritorialité de nos lois. Parce que les auteurs de ces désinformations, surtout en période électorale, sont souvent établis hors de nos frontières. Et aujourd’hui, notre dispositif de coopération judiciaire en matière de cybercriminalité n’est pas encore mature.

L’autre difficulté est souvent d’ordre technique. Nos organes en charge des investigations cybercriminelles ne disposent pas toujours des moyens techniques et humains pour identifier les auteurs de tels actes. L’affaire « seneporno » en est la parfaite illustration.

A mon avis, pour lutter contre la désinformation, les réseaux sociaux devront jouer un rôle majeur. Sans eux, aucun dispositif de lutte contre la désinformation ne pourrait marcher. Et les réseaux sociaux en particulier Facebookont compris qu’ils devaient lutter contre la désinformation, parce qu’il en va de la crédibilité de leur plateforme.

Depuis peu, Facebook a donc amélioré ses outils de détection de faux-comptes. En France par exemple, ces améliorations ont permis de supprimer 30 000 faux-comptes. Facebook espère ainsi réduire la désinformation et la propagation de spams grâce à ces nouvelles techniques. Les comptes mensongers dotés de la plus large audience sont particulièrement dans le viseur. En plus de ces techniques, Facebook a déjà lancé son outil de fact-checking sur le marché. Le principe derrière l’outil est de permettre aux utilisateurs de signaler les informations dont ils doutent de la véracité. Les liens signalés sont ensuite rassemblés dans un portail afin que des médias partenaires puissent les analyser. Si au moins deux d’entre ces médias partenaires estiment que l’information signalée est contestable et fournissent un lien qui en atteste, alors le contenu sera marqué comme étant problématique avec un pictogramme. Les utilisateurs seront ensuite invités à se rendre sur un site partenaire pour plus d’informations et seront alertés que le contenu est peu fiable s’ils décident de partager le lien contesté.
Pour lutter contre désinformation en période électorale, le Sénégal devra étroitement collaborer avec les géants des réseaux sociaux pour non seulement comprendre les mécanismes d’ingérence à travers ces plateformes et surtout trouver les voies et moyens pour faire face à ces nouvelles formes de menaces contre notre démocratie. Notre cadre juridique devra être également renforcé. Enfin, notre dispositif de coopération judiciaire devra aussi être mis à niveau.

Oumar Fédior

(Source : Le Soleil, 25 mai 2019)

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