Libération ou ouverture des données au public, c’est selon. En tous les cas, cette pratique liée à l’Open data, fait petit à petit son bonhomme de chemin dans le monde. Une pratique innovante qui permettrait de rétablir la confiance entre administrateur et administrés surtout dans un contexte marqué par la crise. Mais de s’agit-il au juste ?
Les spécialistes définissent le principe de l’Open data comme étant une pratique qui consiste à rendre accessible de façon libre et gratuite à tous citoyens toute la masse d’informations dont dispose l’État, les mairies, les préfectures, les collectivités territoriales, voire même les entreprises privées. Une source d’information riche qui constitue ainsi un patrimoine immatériel valorisé pour l’ensemble de la collectivité. Ce qui reviendrait alors à publier des données, naguère réservées à l’usage interne des organisations notamment sur les budgets des organismes de l’Etat ou l’attribution des marchés publics. Une transparence totale en vue de lutter contre toute forme de corruption ou autre dérive pouvant mener à une quelconque dictature. L’open data ouvre ainsi une ère capitale dans la perspective d’une gouvernance 2.0 et de l’administration électronique bâties notamment sur l’usage des outils collaboratifs du web pour créer l’interactivité et renforcer le lien avec les citoyens. « En adoptant un dispositif fort et contraignant en matière de diffusion proactive systématique d’un certain nombre de documents comme la publication systématique des rapports d’audits, l’attribution des marchés publics mais aussi la publication d’informations relatives aux nominations et à la rémunération des fonctionnaires, l’exercice parait complexe mais permettrait de rétablir la confiance », explique un spécialiste, très impliqué dans la mise en place de l’open data en France.
La plateforme kenyane, une référence mondiale
En Afrique, cette démarche d’open data pourrait être salutaire dans le processus démocratique et de transparence gouvernementale. On voit d’ailleurs quelques initiatives encourageantes mais qui demandent à être renforcées dans plusieurs pays. Il existe aujourd’hui au Kenya et au Maroc de véritables portails dédiés à l’open data.
Même si le Maroc est précurseur dans ce domaine, avec le lancement de son portail en mai dernier, la plateforme kenyane parait aujourd’hui comme la plus aboutie selon les spécialistes.
Développée en partenariat avec Socrata, un intégrateur basé à Seattle, aux Etats-Unis, et en partenariat avec la Banque mondiale avec l’implication de plusieurs jeunes geeks et activistes locaux, le portail kenyan est considéré comme une initiative unique dans son genre.
D’ailleurs, au moment de son lancement, Socrata avait déclaré dans un communiqué daté du 8 juillet, que « la plateforme kenyane était le projet open data le plus élaboré au monde ».
A ce jour, ce portail regroupe plus de 160 bases de données statistiques classées par thèmes (population, éducation, énergie, santé, pauvreté) et par comptes, accessibles à la population dans une totale interactivité. L’Etat kenyan entend s’appuyer sur cette ouverture pour relancer toute son économie avec notamment le secteur des TIC qui, aujourd’hui, génère près de 10% de son économie nationale, notamment dans les rubriques fiscales, impôts et emplois directs et indirects. Il s’agit là d’un gisement de croissance et d’emploi à exploiter.
Au-delà de la nécessite de favoriser l’ouverture et la transparence, l’open data participe aussi à la production de contenus, à la fois pertinents et utiles « made in Africa ».
Mohamadou Diallo
(Source : Réseau Télécom Network N°51, 11 mars 2012)