Numérique : le Tchad intensifie sa coopération régionale et internationale
mardi 2 décembre 2025
Sous l’égide de l’Union africaine, les pays du continent visent d’ici 2030 une société et une économie numériques intégrées et inclusives, capables d’améliorer la qualité de vie des citoyens. Pour y parvenir, ils misent sur une coopération renforcée.
Le Tchad explore un partenariat avec l’Azerbaïdjan dans le domaine du numérique. Les discussions ont été engagées en marge de la Conférence mondiale sur le développement des télécommunications, organisée dans le pays du Caucase, du lundi 17 au vendredi 28 novembre. Ce rapprochement s’inscrit dans la volonté des autorités tchadiennes de renforcer la coopération internationale pour soutenir leurs ambitions de transformation numérique.
Les échanges entre les deux parties ont porté sur trois priorités : le développement d’un datacenter national moderne, la modernisation des infrastructures numériques et la mise en œuvre de services d’e-gouvernement au bénéfice des citoyens et des administrations.
Adoum Djimet Saboun, directeur général de l’Agence de développement des TIC (ADETIC), a souligné que cette coopération permettra au Tchad de bénéficier de l’expertise reconnue de l’Azerbaïdjan, notamment pour la mise en œuvre de projets concrets, le renforcement des compétences et l’accélération de la transformation digitale.
Une dynamique de coopération en pleine accélération
Le mercredi 26 novembre, Boukar Michel, ministre tchadien des Télécommunications, a reçu en audience William Flens, chargé des affaires des États-Unis au Tchad. Les deux parties ont réaffirmé leur volonté de renforcer la coopération et d’encourager une plus grande implication des entreprises américaines dans les projets numériques et technologiques.
Le Tchad a également participé, du 25 au 26 novembre, à la réunion d’élaboration des textes fondateurs de la Conférence des entités publiques en charge du développement du numérique d’Afrique centrale (CADNAC). Selon l’ADETIC, « cette future plateforme aura pour vocation de favoriser la coopération inter-États, de mutualiser les expertises, de renforcer les politiques publiques numériques et de contribuer à la souveraineté digitale régionale ».
Du 17 au 18 novembre, le pays avait déjà pris part au Sommet régional sur la transformation numérique à Cotonou, axé sur le renforcement de la coopération entre les pays d’Afrique centrale et d’Afrique de l’Ouest. Le ministre Boukar Michel y a plaidé pour une meilleure interconnexion des deux régions à travers des infrastructures majeures en fibre optique, des centres de données et des corridors numériques, afin d’améliorer l’accès des populations aux services numériques. Il a également mis en avant le potentiel de l’intelligence artificielle, notamment via les plateformes agritech, pour stimuler l’emploi et l’innovation parmi les jeunes.
Depuis le début de l’année, le Tchad a multiplié les rapprochements avec plusieurs partenaires : l’Union internationale des télécommunications (UIT), la Guinée-Bissau, les Émirats arabes unis, la Grèce, le Cameroun, le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), le Kenya, les pays de la CEMAC sur la question du free roaming, l’Inde, le Canada, entre autres.
Le numérique comme catalyseur de développement socio-économique
Cette intensification des coopérations intervient alors que le gouvernement mise sur le numérique pour soutenir le développement socio-économique. L’exécutif a récemment présenté un plan national baptisé « Tchad Connexion 2030 », qui prévoit 1,5 milliard de dollars d’investissements dans le numérique. Ce programme vise à hisser le pays parmi les principales économies d’Afrique d’ici six ans et à étendre significativement la couverture afin de connecter la majorité des Tchadiens. Il prévoit également la numérisation et l’interconnexion de l’ensemble des services publics et parapublics, pour offrir aux citoyens un accès complet aux services d’e-gouvernement.
Pour l’heure, le Tchad occupe la 189ᵉ place sur 193 à l’Indice de développement de l’e-gouvernement (EGDI) 2024 des Nations unies, avec un score de 0,1785 sur 1, inférieur aux moyennes africaine (0,4247) et mondiale (0,6382). Le pays se situe également dans l’avant-dernier palier (Tier 4) de l’Indice global de cybersécurité 2024 de l’UIT, avec un score de 48,67/100. S’il affiche des performances relativement solides en matière de cadre législatif et de coopération, il doit renforcer ses mesures techniques et organisationnelles ainsi que ses capacités nationales.
La plupart de ces efforts de coopération restent à un stade embryonnaire. Il faudra donc attendre l’avancement des discussions ou la signature d’accords pour voir se concrétiser les axes de collaboration évoqués. À titre d’exemple, le Tchad et l’Azerbaïdjan ont convenu de formaliser prochainement un mémorandum d’entente afin d’établir un cadre officiel de partenariat, de partage d’expertise et de co-développement de projets innovants. Toutefois, aucun calendrier n’a encore été rendu public.
Isaac K. Kassouwi
(Source : Agence Ecofin, 2 décembre 2025)
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