Numérique : le Burkina Faso cible une couverture haut débit nationale d’ici 2030
jeudi 29 mai 2025
La transformation numérique est une des priorités du gouvernement burkinabé. Pour atteindre ses objectifs, l’exécutif doit généraliser l’accès aux services télécoms, notamment à Internet.
Le gouvernement veut atteindre une couverture nationale en haut débit d’ici 2030. Si elle se concrétise, cette ambition, révélée en début de semaine, pourrait accélérer la transformation numérique engagée par l’exécutif, qui souhaite positionner le pays comme un leader africain dans l’intégration des TIC dans des secteurs clés tels que l’administration publique, l’éducation, la santé, le commerce et l’agriculture.
S’exprimant à l’ouverture du Forum sur le secteur privé initié par le groupe de la Banque mondiale, le mardi 27 mai, Aminata Zerbo/Sabane, ministre de la Transition digitale, des Postes et des Communications électroniques, a présenté une stratégie en cinq axes pour assurer la couverture numérique nationale. Il s’agit de la promotion du partage d’infrastructures pour faciliter le déploiement des réseaux, la couverture des zones blanches, le renforcement du backbone national, le développement de la fibre optique à domicile et le renforcement des investissements dans les infrastructures.
La connectivité haut débit est considérée comme l’un des piliers fondamentaux de la transformation numérique. Une étude publiée en octobre 2019 par la Broadband Commission, intitulée « Connecting Africa Through Broadband : A strategy for doubling connectivity by 2021 and reaching universal access by 2030 », souligne que l’économie numérique ne pourra se développer pleinement que si les réseaux à haut débit sont universellement disponibles, abordables, de bonne qualité et accessibles. Cette disponibilité doit aller de pair avec la mise en place de centres de données et de services cloud.
L’étude met par exemple en avant le potentiel de l’e-agriculture, appelée à jouer un rôle central dans la promotion de l’efficacité et d’une production durable. Le haut débit permettrait, entre autres, de rendre accessibles des données sur les terres et les sols via des bases publiques, et de numériser les systèmes d’irrigation pour optimiser l’usage de l’eau. Dans le domaine de la santé également, il pourrait améliorer la qualité des soins, notamment en milieu rural, en dotant les agents de santé d’outils numériques leur donnant accès à des ressources auparavant réservées aux grands centres urbains.
Il convient de rappeler que les Nations unies ont attribué un score de 0,3640 sur 1 au Burkina Faso en 2024 en ce qui concerne le développement de l’infrastructure télécoms. La même année, l’Union internationale des télécommunications (UIT) a attribué un score de 30,1 sur 100 en matière de développement des TIC, se classant ainsi à la 43e place africaine sur 47. L’organisation estime d’ailleurs que les réseaux 3G et 4G ne couvraient respectivement que 58 % et 39,4 % de la population en 2022, contre 92,6 % pour la 2G. La 5G n’a pas encore été déployée commercialement dans le pays.
Par ailleurs, la couverture en haut débit ne garantit pas l’adoption et l’utilisation réelles des services par les populations. Plusieurs obstacles peuvent être identifiés, notamment le coût élevé des smartphones compatibles et des offres Internet, le manque d’information sur les services et leurs usages, ainsi que l’insuffisance des compétences numériques.
Isaac K. Kassouwi
(Source : Agence Ecofin, 29 mai 2025)