Nouvelle forme de communication des partis poltiques : Le net en vogue
jeudi 21 décembre 2006
C’est la ruée vers l’internet pour les formations politiques sénégalaises qui adoptent ainsi, après les bulletins d’information interne, un nouveau type de sensibilisation de l’électorat.
Le phénomène n’avait pas manqué d’attirer l’attention, après le comité central du Parti socialiste qui s’est tenu le 31 octobre dernier. Alors que les partis politiques commençaient timidement à recourir à la toile pour saisir la presse, les socialistes innovent en envoyant des extraits audio des débats du comité central à leurs correspondants. Ainsi, il suffit d’un click, pour que le journaliste qui reçoit un email, de la part de l’Assistant spécial du Premier secrétaire du Ps, Ibrahima Mangane, réécoute les interventions des responsables et militants socialistes. Le même lien donne accès au site principal du Club socialisme et République où l’on peut lire, alors que le président Wade s’apprêtait à recevoir le Premier secrétaire du Ps, Ousmane Tanor Dieng : « Si le PS n’est pas fermé au dialogue ; si le PS a une posture républicaine démontrée depuis le début de l’alternance ; Wade ne doit se faire aucune illusion dans ses tentatives d’endormir l’opposition socialiste. En effet, cette rencontre probable avec le Président Wade ne saurait aboutir à une participation du PS à un quelconque gouvernement d’union nationale ni ne saurait cautionner le tripatouillage du fichier électoral dont les preuves ont été rapportées ou servir de prétexte au report des élections ». Entre autres informations véhiculées dans le site des socialistes, figurent l’historique, la vie du parti, ses relations ainsi que le traitement de l’actualité. Mais les socialistes n’ont pas, au sein de la classe politique, le monopole de l’utilisation de l’internet, ni ne sont les premiers à y avoir fait recours. L’internet est devenu aujourd’hui, autant que les medias classiques (audio visuelle et presse écrite), un moyen d’information du public. La floraison des sites d’informations en ligne tels que « Rewmi », « Netali », « Xalima »... atteste de la place désormais faite au net dans l’espace médiatique sénégalais. Surtout que ses utilisateurs peuvent, au moins, être certains de la portée internationale de leur discours.
Ainsi donc, les partis et leurs leaders respectifs se sont adaptés au net qui offre plus d’espace pour faire passer un message. Talla Sylla de l’Apj/Jëf-Jël s’était construit une adresse électronique quand il s’est agi de la signature d’une pétition pour la tenue et la transparence des élections au Sénégal. Le Parti de l’indépendance et du travail (Pit) n’est pas en reste. « Pit-senegal.org » offre, dans son sommaire, des rubriques présentant la biographie du secrétaire général du Pit, Amath Dansokho, la vie du parti, l’actualité et ses représentations. Une part est également attribuée au pôle de gauche, aux jeunes, sous le vocable de Ujdan (Union des jeunes démocrates Alboury Ndiaye) ainsi qu’à l’adhésion en ligne.
Ldmpt.sn fait, dès l’apparition de sa page d’accueil, la part belle à son Secrétaire général, le Pr Abdoulaye Bathily, présenté comme un « leader charismatique et une valeur sûre ». Quant au parti, ses quelques mots lui sont dédiés. « La Ld/Mpt est une organisation d’envergure dans le champ politique sénégalais. Elle doit sa forte présence sur l’échiquier politique à ses militantes et militants, mais aussi, à sa direction conduite par un homme, figure emblématique du landernau politique sénégalais, le professeur Abdoulaye Bathily, secrétaire général du parti ».
Les « progressistes » reviennent, eux, sur les temps forts de la Déclaration du 16 juin 1999 de Moustapha Niasse, intitulée « Nous avons choisi l’espoir ». On peut lire, dès la première page de afp-senegal.org, ce paragraphe tiré du discours du secrétaire général de l’Afp. « A quelques mois d’une échéance électorale (Présidentielle de 2000, Ndlr) qui sera cruciale pour l’avenir de notre pays, les Sénégalais sont plongés dans le doute. Jamais dans l’histoire de ce pays, les interrogations n’ont été aussi nombreuses ».
Landing Savané, le secrétaire général du Pads, a innové en figurant parmi les premiers leaders de parti à se constituer leur propre site. Déjà que sa formation s’est distinguée, bien avant l’alternance, par l’animation d’un site qui permettait d’avoir en temps plein des informations relatives à la vie de And/Jëf. Pas surprenant pour une formation dont l’un des responsables, en l’occurrence Amadou Top, expert en informatique, est l’un des animateurs du projet de Solidarité numérique du président de la République.
Mais Robert Sagna représente bien, au sein de la classe politique, un pionnier en matière de blogs. On peut lui attribuer la palme du premier responsable politique sénégalais à avoir initié un blog. Une preuve de courage et de modernisme puisque autant l’internet est un outil moderne de communication autant il offre la possibilité aux internautes de participer aux débats. Une confrontation que les responsables politiques ne sont pas toujours prêts à accepter de peur d’étaler leurs limites devant l’opinion. Depuis sa déclaration de candidature à la Présidentielle, le blog est devenu un espace de propagande pour le maire de Ziguinchor qui entend tirer le maximum de profit de cette audace politique.
Au sein de la majorité, les sites pullulent et sont pour l’essentiel initiés par des mouvements de soutien au président Abdoulaye Wade. Ils ont pour noms « Gorgui.com », « defishorizon 2007 » et tant d’autres qui ont fait de la vulgarisation des réalisations du président Wade leur programme et de sa réélection, leur raison d’être. En même temps, l’ancien ministre de l’Environnement et ancien porte-parole du Pds, Modou Diagne Fada, utilise son site pour dire ses vérités aux responsables libéraux qui voudraient l’enterrer avant l’heure.
Idrissa Seck qui a déjà prouvé ses penchants pour les techniques de l’information et de la communication est également entré dans la danse en créant, dès sa déclaration de candidature, son propre site. Celui-ci rend compte de manière régulière des activités du leader de « Rewmi » qui dispose également d’un bulletin d’information
Face à la montée de l’internet, les bulletins d’information interne des partis politiques sont relégués au second plan. Ce qui pourrait s’expliquer par le coût excessif du papier et de l’impression des journaux qui restent également hors de portée d’une bonne frange de la population. L’entretien d’un site ou d’un blog est beaucoup moins onéreux et ce sont aussi des supports qui présentent l’avantage d’être accessibles aux Sénégalais de l’extérieur devenus un enjeu électoral.
Babacar Dione
(Source : Nouvel Horizon, 21 décembre 2006)