Mozambique : le gouvernement limite les transactions d’argent mobile pour lutter contre le financement du terrorisme
jeudi 18 avril 2024
Trois institutions de monnaie électronique sont actives sur le marché mozambicain : M-Kesh, M-Pesa et e-Mola. Ces plateformes sont respectivement exploitées par les opérateurs de télécommunications Mozambique Telecom, Vodacom et Movitel.
La Banque du Mozambique a décidé d’appliquer des limites pour les transactions via les institutions de monnaie électronique (IME), rapporte l’agence de presse portugaise Lusa. La décision entrera en vigueur à partir du 1er mai. Elle vise notamment à lutter contre le financement du terrorisme et le blanchiment d’argent dans le pays.
Les clients sont classés en trois niveaux en fonction des risques qu’ils représentent. Le niveau 1 correspond aux « clients soumis à des mesures simplifiées d’identification, de vérification et de diligence raisonnable, en fonction de leur faible risque ». Le niveau 2 sera attribué aux clients « pour lesquels des mesures d’identification, de vérification et de diligence raisonnable standard ou renforcées sont adoptées ». Le niveau 3 correspond aux micro et petites entreprises. Les moyennes et grandes entreprises ne sont pas affectées.
Cette initiative intervient après que le gouvernement a constaté que le secteur de la monnaie électronique représente un niveau de menace élevé pour le financement du terrorisme au Mozambique. Le Rapport national d’évaluation du risque de financement du terrorisme publié dans le Journal officiel du 29 décembre 2023 met en lumière un flux important de fonds vers les zones de menace terroriste via les établissements de monnaie électronique, préférés aux banques pour leur facilité d’utilisation et la rapidité des transactions.
Au-delà de la lutte contre le financement du terrorisme, les limites fixées par le gouvernement mozambicain pourraient également affecter l’inclusion financière de la population qui n’est que peu bancarisée. « L’accès de la population mozambicaine aux services financiers formels est faible, avec un taux de bancarisation estimé à environ 30 %, l’adoption des services de monnaie électronique est actuellement l’un des facteurs qui favorisent l’inclusion financière », peut-on lire dans le Rapport national d’évaluation du risque de financement du terrorisme.
Isaac K. Kassouwi
(Source : Agence Ecofin, 18 avril 2024)