Moustapha Guirassy à propos de la presse en ligne : « Promouvoir une conscience collective pour éviter les dérives »
mercredi 30 mars 2011
Un filet de sécurité en forme de conscience collective s’impose pour éviter les dérives des commentaires. Telle est la conviction exprimée, mardi, par le ministre de la communication, des télécommunications et des Tic. Moustapha Guirassy a reçu l’Association des professionnels de la presse en ligne (Appel).
Le ministre de la communication des télécommunications et des Tic a estimé, mardi, que la presse traditionnelle doit s’inspirer de celle qui est en ligne, tout en demandant aux représentants de ce sous secteur une conscience collective pour éviter les dérives dans les commentaires.
Moustapha Guirassy a rencontré dans son cabinet le bureau exécutif de l’association des professionnels de la presse en ligne (Appel). Il a invité les représentants de ce sous secteur de la presse à créer un surplus sur le net au-delà de l’information. Ainsi, pour Moustapha Guirassy, il se pose la question de la survie de la presse, d’où le rôle de l’Etat qui accompagne les médias avec un Code de la presse assez consensuel. Et d’après lui, la politique du chéquier n’est pas viable pour accompagner les médias dans un environnement durable.
« Il faut aller plus loin, suggère le ministre de la communication. Les gouvernants doivent comprendre les mutations de la presse. On continue à redistribuer l’aide à la presse avec le même schéma en attendant la nouvelle loi. Il s’agit d’être juste et aller de l’avant, en s’appuyant sur des critères pertinents. » Une manière de répondre à l’une des préoccupations exprimée par le président de l’Appel. Même si le ministre ne consent pas à accorder à l’association les 30 à 40% demandés par Ibrahima Lissa Faye. Celui-ci, tout en invitant la tutelle à visiter leurs structures, a insisté sur le fait qu’ils ont des entreprises comme toutes les autres et à ce titre, les charges salariales, de location ou d’achat de serveurs leur incombent. Une argumentation appuyée par le secrétaire général de l’Appel. « Nous sommes aussi présents sur le terrain de la collecte et partant sur la chaîne de production de l’information. On fait plus avec l’instantanéité », remarque Abdourahmane Sy.
Du point de vue de Moustapha Guirassy, l’aide c’est bien, le fonds d’appui aussi mais l’important est de penser également à d’autres stratégies financières de développement afin de créer de la valeur pour être moins tenté par la quête du sensationnel.
Réguler le contenu des commentaires
Sur ce registre, il a appelé à continuer à respecter le journalisme et le journaliste. « Au-delà du Code, le consensus est plus fort que la loi », dit-il. Il s’agit, selon lui, de mettre en avant l’éthique et la déontologie face au danger que représentent les commentaires. « Une conscience collective s’impose pour éviter les dérives, déclare le ministre. Il faut réguler le contenu des commentaires qui ne relèvent pas du journalisme. »
A ce sujet, le secrétaire général de l’Appel a tenu à rassurer. « Une Charte est en élaboration à côté du nouveau Code de la presse, informe Abdourahmane Sy. Le but est de réguler le sous secteur tout en restant dans le journalisme. » Au cours des échanges, le ministre de la communication est revenu sur la question de la dépénalisation en mettant en avant la responsabilité du journaliste de la presse en ligne. « L’image du pays est entre vos mains, a lancé M. Guirassy. L’essentiel est de parler des préoccupations de la société, de l’Etat car le traitement de l’information a une incidence sur les investissements directs étrangers. Vous avez une très grande responsabilité par rapport à l’impact que cela pourrait avoir sur notre pays. » La tutelle a aussi rassuré l’Appel sur la place qu’elle va occuper dans la nouvelle Maison de la presse. Le ministre, a, dans la même lancée évacué les prétendus mépris et négligence dont I. Lissa Faye a fait l’écho et dont la presse en ligne serait l’objet. « Ce sous secteur occupe une place importante, au regard de ses 500 000 visiteurs quotidiens. Du côté du gouvernement, on en est conscient », affirme M. Guirassy. Ce dernier, tout en étant disposé à travailler avec l’Appel, a invité les représentants de ce secteur de la presse à différencier et à catégoriser les entreprises de presse en ligne. Sur un autre point, même si le président de l’Appel a tenu à se démarquer des autres associations qui évoluent dans les médias, le ministre de la communication a suggéré aux éditeurs de la presse en ligne de trouver des plages de convergence avec des structures comme le Cedps ou le Synpics.
El Hadji Massiga Faye
(Source : Le Soleil, 30 mars 2011)