Momar Ndao président de l’Ascosen : « Le prix de l’appel sur mobile doit baisser »
samedi 29 janvier 2005
En marge de la cérémonie de présentation officielle de la Lettre de politique sectorielle des télécommunications, le président de l’Association sénégalaise des consommateurs s’est prononcé sur les enjeux dans le secteur.
Vous venez d’assister au lancement officiel de la lettre de politique sectorielle des télécommunications, quelle est votre appréciation ?
Nous apprécions certains points tels que le renforcement de l’Agence de régulation des télécommunications qui, si elle est un peu renforcée, peut être le tribunal des consommateurs. C’est l’Agence de régulation qui règle les différends que nous avons avec les opérateurs. Mais nous pensons qu’il faut qu’il y ait dans la politique sectorielle, une volonté de faciliter la mise à disposition des services à valeur ajoutée. Par exemple, si aujourd’hui quelqu’un veut mettre de l’Internet sans fil, on lui dit qu’il doit avoir une licence, donc il faut être un opérateur pour le faire. Or aujourd’hui, on ne devrait pas demander une licence pour ce service à valeur ajoutée. L’autre élément, c’est que les associations de consommateurs doivent être prises en compte dans le cadre de l’amélioration technique. Il y aura une évolution vers une numérisation des données. Donc, il faut protéger sur le plan juridique la manipulation de ces données. Là aussi, il faut une protection des consommateurs. Aussi, la lettre de politique sectorielle n’a pas donné des objectifs de date. Il faut qu’on puisse dire, voilà ce que nous donnons comme objectif, voilà le niveau auquel nous voulons arriver à un terme précis de date. Il y aura des progrès avec l’accessibilité dans les zones rurales, semble-t-il.
Mais l’accessibilité aux différents services par rapport aux prix est aussi importante. Même si le marché est ouvert à la concurrence, il faut nécessairement que les gens puissent s’entendre pour que les prix ne soient pas très élevés. Aujourd’hui, je pense que le marché du mobile doit connaître une baisse des prix, car nous sommes au même niveau des prix que lorsque le mobile était créé en 1996 au Sénégal.
Plusieurs mois après la fin annoncée du monopole de la Sonatel, on en est au stade d’appel d’offres pour un opérateur global. Qu’est-ce qui justifie, selon vous, ce retard ?
Je pense que l’Etat est train de se chercher. Il faut qu’il se trouve, parce qu’on est dans un domaine où les choses vont extrêmement vite. Si aujourd’hui, il y a des problèmes de réseau à Alizé, c’est qu’un seul réseau ne pouvait pas faire face. Il faut qu’il y ait davantage d’opérateurs. Il y a la libéralisation depuis le mois de juillet dernier et on va attendre jusqu’au milieu de 2005 pour avoir un nouvel opérateur. Je pense qu’il faut qu’on aille vite, parce que dans le milieu des télécommunications, un Etat ne peut pas se permettre d’hésiter. Il y a une autre chose que nous ne comprenons pas, c’est pourquoi on envisage que l’Etat se désengage du capital de la Sonatel alors que c’est une entreprise qui marche. Il faut que l’Etat puisse contrôler ce qui se fait dans ce secteur stratégique. Nous sommes contre le désengagement annoncé de l’Etat, de la Sonatel qui est rentable.
En tant qu’association de défense des droits des consommateurs, comment jugez-vous cette absence de législation à propos des écoutes téléphoniques ?
La Constitution du Sénégal est très claire. Le secret des correspondances est garanti par la Constitution. Cela veut dire que personne n’a le droit d’ouvrir le courrier de quelqu’un, même électronique, d’écouter sa ligne téléphonique, sauf dans les conditions prévues par la loi. Par exemple aujourd’hui, quand quelqu’un est sous menace, il peut demander que le juge permette qu’on mette en place un système d’écoute téléphonique. Ou bien dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, ou de hauts faits délictuels qui sont reprochés à des gens, le juge peut ordonner la mise en place des écoutes téléphoniques. Ce n’est que dans ce cadre-là que cela doit pouvoir se faire. C’est la raison pour laquelle nous avons demandé qu’on renforce les prérogatives de l’Art, parce que si elle est réellement indépendante, elle peut veiller au secret des correspondances et dans le cadre prévu par la loi.
Aujourd’hui, l’Art vérifie ce qui se fait au niveau des fréquences, au niveau de la qualité du service offert et il faut qu’on lui donne davantage de moyens pour qu’elle puisse investiguer et évaluer sur le plan technique la qualité du réseau et son inviolabilité.
Amadou Makhtar NDIAYE
(Source : Le Quotidien, 29 janvier 2005)