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Accueil > Articles de presse > Archives 1999-2024 > Année 2004 > Août > Mme Fatimatou Zahra Diop, Directeur des systèmes de paiement de la BCEAO : « (…)

Mme Fatimatou Zahra Diop, Directeur des systèmes de paiement de la BCEAO : « L’utilisation massive d’espèces ne favorise pas le développement d’une économie"

lundi 23 août 2004

Fintech

Dans cet entretien, elle revient sur les raisons qui ont amené la Bceao à moderniser son système de paiement. Selon elle, ce projet de modernisation vise à accroître l’efficacité et la sécurité des systèmes et moyens de paiement, à minimiser l’utilisation des paiements en espèces, en mettant à la disposition des agents économiques de l’Union des instruments modernes de transaction. Ce sont également des systèmes qui visent à réduire le coût de gestion, les délais ainsi que les risques de ces paiements et à accroître l’interbancarité et le taux de bancarisation au sein de l’Union.

Quelles sont les raisons qui ont poussé la Bceao à vouloir moderniser son système de paiement ?

Les raisons de vouloir moderniser le système de paiement sont liées à la nécessité de sécuriser les transactions, de rendre les transactions beaucoup plus rapides. Il s’agit de faire en sorte que les opérations de paiement se fassent avec toute la sécurité requise et donc avec la célérité optimale pour leur permettre de contribuer au développement des échanges aussi bien à l’intérieur de chaque pays qu’entre les différents pays membres de l’Union.

Les systèmes de paiement, c’est une infrastructure du secteur financier. Dans le cadre du Nepad, par exemple, on parle des routes, mais on devrait aussi parler des systèmes de paiement. Car c’est une infrastructure du secteur financier qui facilite les transactions.

L’autre élément important, c’est de développer aussi les marchés financiers, aussi bien au niveau de la Bourse qu’au niveau des transactions sur titre qui peuvent être réglées maintenant en temps réel.

La réduction des délais dans le traitement, la célérité dans les transactions, la sécurité des opérations, c’est essentiellement les raisons qui nous ont poussé à déclencher le processus de modernisation des systèmes de paiement initié en 1999.

Il s’agira également de créer un cadre juridique organisationnel et technique qui permette l’assainissement des transactions courantes et commerciales.

Donc c’est sa responsabilité de réglementer dans les domaines bancaires et financiers et d’assurer cette modernisation qui, pour nous, vient prolonger d’autres actions. Nous avons eu à faire un certain nombre de programmes de modernisation. Il y a eu la libéralisation des instruments de politique monétaires, le développement de la Bourse régionale, la création de l’Uemoa qui ont tous été à l’initiative de la Bceao. Il y a également le Plan comptable bancaire, qui a été harmonisé et, enfin, le Système Syscoa qui est devenu un plan comptable pour les entreprises au niveau de l’Uemoa.

Pourquoi la Bceao cherche-t-elle à diversifier les instruments de paiement ?

Oui, je le disais, parce que l’usage des espèces pose un certain nombre de difficultés.

D’abord, il y a la première, c’est que l’entretien même de la circulation fiduciaire pour la Bceao est extrêmement coûteux. La Banque centrale dépense chaque année des milliards pour permettre d’avoir des billets, parce que dans nos pays aussi, culturellement, on a un usage des billets qui est totalement différent de ce qu’on doit en faire. Les gens les mettent dans leurs poches et ne les mettent pas dans leurs porte-monnaie. Le billet de banques est beaucoup maltraité dans nos pays. Au niveau de la Banque centrale, notre compte d’exploitation supporte d’importantes charges liées à l’entretien des billets et des pièces. On voit même des gens qui font fondre les pièces des fois. Il y a aussi la préoccupation qui vise à restreindre les utilisations des opérations frauduleuses et le vecteur le plus courant, c’est l’utilisation des espèces, parce que ça ne laisse pas de traces. Il nous faut donc, de plus en plus, si on veut formaliser nos économies, réduire cette utilisation et, d’ailleurs, il y a de plus en plus de pays où, lorsque vous vous présentez avec des sommes importantes en espèces, vous êtes considéré comme un individu suspect. Parce qu’on se demande pourquoi cet homme n’utilise pas un chèque, un virement ou une carte et se permet de se balader avec autant d’argent par dévers lui. Il y a des problèmes de sécurité liés à l’usage des espèces. Et, de plus en plus d’ailleurs, dans nos pays, nous connaissons ces problèmes de sécurité, de sécurité physique. Il y a des attaques à main armée, de plus en plus. Mais je veux dire même lorsque, par exemple, le marché de Bamako ou le marché de Ouagadougou ou un marché de la place de Dakar a brûlé, les commerçants ont perdu les espèces qu’ils avaient par dévers eux. Un individu qui a des espèces aussi dans sa case, dans son canari, lorsque son local prend feu, mais il perd ses affaires. Il perd toutes ses économies. Ce sont autant d’éléments qui font que nous considérons que l’utilisation massive d’espèces n’est pas un élément qui facilite la modernisation d’une économie.

A votre avis, les systèmes de paiement modernes sont-ils en mesure de contribuer à la croissance de nos économies dans un contexte où bon nombre de pays de l’Uemoa n’ont pas suffisamment d’infrastructures adéquates ?

Ces systèmes de paiement peuvent contribuer à la croissance de nos économies en facilitant les relations économiques et commerciales entre les agents économiques.

Maintenant, l’objet, c’est de dire, partant de ces insuffisances et de cette défiance sociale, voilà les réponses qu’on apporte en termes de sécurité. Les gens utilisent peut-être les espèces parce qu’elles sont souvent plus pratiques pour eux. Mais, lorsque nous disons qu’il faut diversifier les instruments de transactions financières, c’est pour mettre à leur disposition des outils qui soient au moins aussi pratiques que les espèces. Voilà l’idée, mais avoir des systèmes de paiement dans lesquels les transactions peuvent se dérouler avec la rapidité, je vous disais moins d’une minute, lorsqu’il s’agit de gros montants et lorsqu’il s’agit de leur compensation.

Si c’est un chèque et même si les transactions se font entre deux pays, le maximum de délai d’encaissement qu’on peut avoir peut aller jusqu’à cinq jours. Alors, si vous êtes opérateur économique ou agent économique tout simplement, l’argent que vous auriez dû attendre pendant quinze jours pour le recevoir, vous le recevez le même jour. Et vous pouvez faire tourner cet argent plus rapidement pour faire d’autres transactions.

Si nous avons, maintenant, à travers ces nouveaux systèmes de paiement, les mêmes possibilités avec des coûts nettement moindres, vous comprendrez aisément que c’est pour avoir une réponse à des besoins consistant à faciliter les transactions économiques, à renforcer la pénétration et le rôle du secteur financier et, ce faisant, à participer à la modernisation de nos économies et créer les conditions permettant même d’attirer les investisseurs.

Parce que lorsqu’un investisseur sait que l’argent qu’il a investi dans un pays, pour le faire bouger d’un point à l’autre du pays ou entre ce pays et un autre, il y a moins de délai, il aura peut-être plus d’incitation à s’y installer que dans un autre où il risque d’avoir beaucoup de difficultés et de perdre beaucoup de temps.

Est-ce qu’à votre avis, les banques sont vraiment conscientes de la nécessité de moderniser les systèmes de paiement ?

Je crois que les banques sont conscientes parce que nous avons eu à l’esprit et nous avons vraiment eu à cœur, dans le cadre de la mise en œuvre de ce projet, d’intégrer les banques depuis la conception jusqu’à la réalisation. Donc, nous n’avons rien fait en vase clos. C’est pour cela que je vous rappelais, au départ, que dans chaque pays, il y a des comités consultatifs de paiements qui ont été institués et que nous avons subdivisés selon le volet concerné. Il y a les volets pour la compensation, le Rtgs, la monétique et un volet juridique. Donc il y a eu des groupes de travail qui ont participé activement au choix stratégique auquel nous avons abouti. En fait, ce n’est pas une réforme, qui a été menée de bout en bout par la Banque centrale toute seule, elle l’a été en concertation et avec la collaboration étroite des acteurs les plus directement concernés et, notamment les banques et établissements financiers.

Tout à l’heure, vous affirmiez que l’utilisation des espèces a un coût énorme pour la Bceao. Celle des systèmes de paiement moderne n’a-t-elle pas un coût beaucoup plus élevé ?

L’usage des espèces, contrairement à ce que pensent les gens, a un coût. Il a un coût bien sûr pour la structure d’émission qui paie les coûts de fabrication et les coûts d’entretien, mais il a également un coût pour les usagers. Il ne faut pas croire que, parce qu’on a des espèces, qu’il n’y a pas un coût. Il y a un coût de conservation, il y a également un coût lorsqu’on est obligé de se transporter pour déplacer l’argent. Il y a un coût au niveau de la sécurité bien sûr.

Maintenant, les nouveaux instruments ont certainement un coût. Mais ce que nous disons, c’est justement que ce coût est fortement lié au nombre de personnes qui utilisent ces instruments. Plus vous avez des gens qui utilisent ces instruments, moins ils seront chers à l’utilisation. Aujourd’hui, par exemple, si on prend le cas de la carte, pour le chèque, c’est quasiment gratuit. D’ailleurs, si on prend le cas de la carte, on a peut-être des coûts qui sont élevés, parce que c’est encore une utilisation très élitiste de la carte. Il n’y a que quelques personnes qui ont accès à la carte. Et si on arrive par exemple à une situation où il y a autant de cartes que de détenteurs de comptes, bien sûr les infrastructures étant quasiment les mêmes de même que les coûts d’investissement, le coût de revient pour les transactions sera moins élevé si le nombre est plus élevé. Donc, c’est pour cela que nous pensons aussi que la promotion et la sensibilisation sont un élément nodal de la réussite de ce projet. Plus il y aura des gens qui vont utiliser des instruments de paiement, qui sont également des instruments, des règles, des infrastructures, plus il sera moins coûteux ; et plus on a d’instruments, plus le système fonctionnera avec efficacité et efficience, c’est-à-dire un rapport-prix-qualité moindre.

Et comment l’institution va-t-elle s’y prendre pour développer l’interbancarité ?

De fait, cette interbancarité se fait aujourd’hui à travers les deux systèmes dont le système Rtgs ou « système de transfert automatisé et de règlement de l’Uemoa » (Star-Uemoa) qui est déjà opérationnel depuis 25 juin de cette année. Puisque les banques communiquent à travers le système Rtgs, elles s’échangent des valeurs.

L’autre système, appelé « système interbancaire de compensation automatisé dans l’Uemoa » (Sica-Uemoa. C’est un outil d’échange et de règlement, de manière automatique, des opérations de paiements de petits montants (inférieurs à 50 millions F Cfa), entre établissements participants au niveau national et sous-régional.

Cette interbancarité va être renforcée à travers l’automatisation de la compensation qui va démarrer en octobre 2004. C’est d’ailleurs à cette date qu’est prévu le démarrage opérationnel du système Sica-Uemoa.

Elle va encore être plus renforcée avec le Centre de traitement monétique qui sera opérationnel en 2005 avec le lancement de la carte bancaire. Et cela fait partie des chantiers qui sont en train d’être finalisés.

S’agissant du système monétique interbancaire de l’Uemoa, dénommé système « Monétique », il vise à mettre en place une carte bancaire commune à l’ensemble des banques de la zone, portant un logo propre et accepté par tous les agents économiques affiliés sur le territoire de l’Union. Il vise également à promouvoir l’interbancarité au niveau de cet espace de telle sorte que cette carte puisse jouer son véritable rôle d’instrument de paiement dans toute la sous-région.

Et sur le plan juridique, qu’est-ce qui a été fait pour la sécurisation des transactions ?

Sur le plan juridique, au niveau des systèmes de paiement, les paiements électroniques ont été sécurisés de manière à admettre la preuve électronique et de manière à faire en sorte que les transactions soient réalisées en respectant des normes précises.

Il y a un certain nombre des principes fondamentaux qui sont respectés, dont celui de la sécurité juridique. Ici, les règles doivent être claires, précises, acceptées et appliquées dans toutes les juridictions. Les participants aux systèmes doivent connaître les risques qu’ils encourent et se préparer à les prévenir. Il y a également, au plan opérationnel, l’obligation d’assurer la continuité des opérations, et c’est ce qui a fait que, pour tous ces systèmes, il y a quasiment redondance. Il y a redondance au niveau des réseaux de télécommunication utilisés et au niveau des équipements qui sont utilisés. Donc, s’il y a un équipement qui ne fonctionne pas, on peut toujours recourir à un autre. Et il y a aussi des règles qui sont aussi claires en matière de gestion des crises, au cas où il y aurait, par exemple, tremblement de terre ou autre chose.

Donc, même dans ces cas-là, on prévoit ce qu’on va faire et comment on va le faire. Pour la preuve électronique, elle est admise, et le droit au compte, c’est aussi une innovation qui permet d’amener plus de personnes en compte. Ainsi, si vous avez 50 000 F Cfa de revenu mensuel régulier, vous avez la possibilité d’avoir un compte. L’obligation, pour les commerçants d’avoir un compte est le paiement par monnaie scripturale au-delà de 100 000 F Cfa. Quant aux administrations, c’est surtout vis-à-vis de leurs relations avec les tiers.

Propos recueillis par MAMADOU SY

(Source : Le Soleil 23 aout 2004)

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