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Accueil > Articles de presse > Année 2025 > Novembre 2025 > Mignane Diouf CEO d’Afrikamart : “l’Agribusiness africain a un potentiel (…)

Mignane Diouf CEO d’Afrikamart : “l’Agribusiness africain a un potentiel colossal, mais des fragilités menacent sa croissance »

lundi 24 novembre 2025

Portrait/Entretien

Alors que l’agribusiness est régulièrement présenté comme un moteur de transformation économique pour le continent, sa progression reste entravée par des failles persistantes dans la structuration des filières et la gouvernance des échanges. Dans cet entretien, Mignane DIOUF, fondateur d’Afrikamart, partage son regard sur les défis systémiques qui freinent le développement du secteur au Sénégal et en Afrique plus généralement, et appelle à une approche plus rigoureuse et durable pour libérer tout le potentiel de l’agriculture africaine.

Afrikamart est souvent cité comme l’une des jeunes entreprises les plus dynamiques du secteur agricole en Afrique de l’Ouest. Pouvez-vous nous rappeler brièvement votre mission ?

Afrikamart est née d’un constat simple : l’agribusiness africain a un potentiel considérable, mais ses acteurs évoluent souvent de manière isolée, avec peu de coordination et des échanges encore largement informels. Nous avons donc conçu un ensemble d’outils et de méthodes qui facilitent la collaboration entre producteurs, commerçants, banques et industriels, pour mieux organiser les flux du champ jusqu’à la transformation. Ces outils améliorent la collecte d’informations, la traçabilité et la fluidité des paiements. En rendant les échanges plus fiables et prévisibles, nous aidons chaque acteur à planifier, investir et se développer dans la durée.

« Notre mission : structurer les chaînes de valeur pour créer de la valeur partagée »

Notre conviction, c’est qu’un agribusiness mieux structuré peut devenir un levier de souveraineté et de croissance durable pour tout le continent. Des pays comme le Brésil, le Vietnam ou la Thaïlande ont montré qu’il était possible de transformer profondément une économie en s’appuyant sur l’agriculture et l’industrialisation de ses filières.

L’Afrique a aujourd’hui l’opportunité d’écrire sa propre version de ce succès, à condition d’investir dans la rigueur, la transparence et la coordination des acteurs. « Le manque de modernisation n’est qu’une conséquence de fragilités plus profondes »

Comment évaluez-vous aujourd’hui le potentiel de l’agribusiness africain, et plus particulièrement celui du Sénégal ?

Le potentiel est là, incontestable. Le Sénégal possède une base agricole solide et une population jeune, entreprenante et ouverte à l’innovation. Mais ce potentiel ne se concrétise pas pleinement parce que nous faisons face à des fragilités structurelles. On parle souvent du manque de modernisation du secteur, mais selon moi ce n’est qu’une conséquence. Les vrais freins se situent ailleurs : la qualité et la disponibilité des intrants restent insuffisantes, les infrastructures logistiques et de stockage manquent de capacité, et le cadre contractuel est rarement appliqué avec rigueur. À cela s’ajoutent les retards de paiement, une régulation encore limitée des transactions et un accès au financement souvent trop complexe.

Sur certaines filières majeures, notamment l’arachide, le maïs ou la noix de cajou, ces faiblesses pèsent lourdement. Ce sont des marchés mondialisés, où le producteur sénégalais se retrouve en concurrence avec des ivoiriens, ghanéens, argentins, chinois ou soudanais. Sans structuration forte et sans un marché intérieur plus solide, cette concurrence devient difficilement soutenable. Nous en subissons les impacts directs sur les prix et sur la capacité à planifier à long terme.

« Nous avons découvert que l’une de ces opérations relevait d’une escroquerie »

Vous évoquez les retards et défauts de paiement. Est-ce un phénomène que vous avez personnellement rencontré ?

Oui, comme beaucoup d’acteurs du secteur. Plusieurs opérations ont été affectées ces dernières années par des retards ou des défauts de paiement de la part de certains partenaires, certains de longue date. Dans un cas récent, un opérateur réputé a reçu d’importants volumes destinés à l’exportation de la part d’Afrikamart, dans le cadre d’un contrat assorti de garanties, sans jamais honorer les paiements convenus. Suite à nos investigations, il s’avère que cette opération relevait en réalité d’une escroquerie.

Question : Pouvez-vous en dire davantage sur cette affaire ?

Pas vraiment pour le moment. Une procédure est en cours devant le tribunal de commerce, et un dossier pénal a été ouvert pour abus de confiance et escroquerie. La dénonciation publique reste cependant un recours que nous nous réservons car il est inacceptable que de tels acteurs puissent agir en toute impunité et fragiliser toute une filière. Et c’est cela le problème : lorsque les abus se multiplient sans réaction rapide ni sanction dissuasive, ce sont les acteurs sérieux qui en paient le prix. Et ce phénomène n’est pas propre à l’agriculture, il traduit un déséquilibre plus large dans la gouvernance économique. « Ces défaillances érodent la confiance et bloquent toute planification »

Justement, quelles sont selon vous les conséquences de ces défaillances sur le secteur dans son ensemble ?

Elles ne se limitent pas à des pertes financières ponctuelles. Ce type de comportement détruit un capital immatériel essentiel : la confiance. Lorsqu’un opérateur ne respecte pas ses engagements, il fragilise tout un écosystème. Les entreprises hésitent à s’engager, les producteurs se méfient, et les banques, déjà très prudentes vis-à-vis du secteur agricole, deviennent encore plus réticentes à financer les campagnes ou à soutenir de nouveaux acteurs. Toute la chaîne de valeur s’enlise dans la méfiance. Sans confiance, on ne peut pas planifier. Et sans planification, il est impossible de garantir des résultats, de mesurer les performances, ni d’améliorer durablement la productivité. Depuis plusieurs années, le secteur agricole évolue dans un contexte où l’on constate plus qu’on ne construit. Cette absence de visibilité et de prévisibilité empêche la mise en œuvre de stratégies de croissance à long terme.

« Relancer la productivité, c’est restaurer la base économique de tout le secteur »

Quelles seraient, selon vous, les priorités à court terme pour assainir et renforcer le secteur ?

La première priorité, c’est d’instaurer un cadre de confiance et de rigueur dans les échanges. Tant que les contrats ne seront pas respectés, que les paiements resteront incertains et que les abus ne seront pas sanctionnés, aucun modèle de financement durable ne pourra émerger. La crédibilité économique doit redevenir la norme. Ensuite vient la question de la productivité, qui est le véritable socle de la compétitivité. Nous devons cesser de considérer le rendement agricole comme une donnée subie : c’est un levier qu’il faut piloter. Sur l’arachide, par exemple, produire à peine une tonne par hectare contre trois en Amérique du Sud n’est pas une fatalité. Cela traduit un déficit d’accès à des semences performantes, à des engrais de qualité, à des services d’appui technique et à un accompagnement cohérent des producteurs.

Rehausser la productivité, c’est aussi permettre aux producteurs d’augmenter leurs revenus, aux entreprises d’améliorer leurs marges et à l’ensemble du secteur de gagner en compétitivité sur les marchés internationaux. Mais cela exige une approche coordonnée : politique publique claire, mécanismes de financement adaptés et intégration réelle de la donnée et de la technologie dans la gestion des filières.

« Nous appelons à des mesures fortes pour assainir et relancer le secteur »

Quel rôle les autorités publiques peuvent-elles jouer pour accompagner cette transformation ?

Un rôle central. Le secteur a besoin d’un cadre de régulation solide, d’arbitrages rapides et d’une justice économique réactive. Les acteurs sérieux doivent se sentir protégés, pas pénalisés. La dynamique actuelle portée par les nouvelles orientations du gouvernement sénégalais donne de l’espoir.

En tant qu’acteurs économiques du secteur agricole, nous attendons désormais des mesures concrètes pour renforcer la structuration des filières, sécuriser les transactions et rétablir un climat propice aux affaires.

C’est une attente légitime et une condition pour que l’investissement privé puisse jouer pleinement son rôle. Mais je reste profondément optimiste. Le continent dispose d’atouts exceptionnels : des terres fertiles, des talents, une jeunesse déterminée et une nouvelle génération d’entrepreneurs agricoles qui n’attendent qu’un cadre stable pour exprimer leur potentiel. Si nous parvenons à combiner rigueur, transparence et coopération, nous pouvons transformer nos fragilités en leviers de croissance durable.

(Source : Social Net Link, 24 novembre 2025) ;

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